Lot n° 17

[BOUCHERIE]. Mémoire concernant le commerce de la viande de boucherie, par un magistrat du Parlement de Dauphiné. Grenoble, Faure, s.d (1770). In-12, demi-veau fauve, dos lisse très orné de fleurons et palettes dorées, pièce de maroquin rouge...

Estimation : 500 / 600
Adjudication : 600 €
Description
(reliure de l’époque). 125 p.
Unique édition d’un livre inconnu mais de grande importance dans le domaine de l’économie politique. Dans presque toutes les villes où les bouchers formèrent une communauté, la ville de Grenoble le 20 mars 1769 obligea 14 bouchers solidairement à fournir la ville en viande de boucherie. Bien entendu cette fourniture à été mauvaise et les prix non respectés, souvent auprès des pauvres, mais cette denrée est surtout nourriture de riches. C’est une erreur de faire régler le montant du prix par des magistrats, puisque les cours sont essentiellement variables. Il faut au contraire une liberté du commerce et une réciprocité des échanges. Les campagnes sont vouées à la misère et à l’inaction ; au lieu de rechercher l’amélioration de la culture nous avons par le défaut de débouché provoqué la disette et la haine du peuple par une police arbitraire, par le despotisme le plus oppresseur et le plus désastreux. « Les bouchers savent se tirer d’affaire sur la qualité, et vous les avez mis à portée de le faire, puisque par le privilège de leurs lois, ils sont à l’abri de la concurrence… vous avez taxé au-dessous du vrai prix ; il est de toute nécessité que vous soyez mal servi ». Le boucher exposé aux amendes s’indemnise en fournissant mal, ou en vendant au-dessus de la taxe ; pire il achète le moins cher possible et c’est le cultivateur qui est ruiné. « L’âme du commerce est la liberté, mais les denrées les plus importantes sont des matières privilégiées…» Dans le siècle dernier les taux de la viande à Grenoble influent sur toute la vallée du Grésivaudan. De même la taxation du pain ; le corps des boulangers est composé d’environ 60 maîtres qui sont jaloux de s’attirer des pratiques. La liberté assurerait des fournitures bien supérieures . « Il y a quelques années qu’on ne trouvait pas un charcutier à Grenoble… un seul homme satisfaisait toutes les demandes… aujourd’hui on en compte treize qui travaillent beaucoup…» Toutes les combines sur le suif (le suif d’olive venant de Lyon), les chandelles, les têtes de bétail. Ce grande texte d’économie politique veut faire, à cause de ses erreurs, de Grenoble un exemple. C’est dans l’esprit de Quesnay, « la situation des campagnes renferme tous les intérêts… c’est du sort des paysans que dépend la fortune publique… » Très bel exemplaire. Cachet violet sur la première garde blanche de la bibliothèque princière de la famille de Starhkemberg, au château d’Eferding ; étiquette collée sur le cachet avec les grosses initiales « O.B » (Österreich Bibliothek, laquelle fut conduite ensuite en vente publique).
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