Lot n° 247

WAGNER RICHARD (1813-1883) L.A.S. «M.W.» (minute pour sa femme Minna Wagner), [Zürich 4 novembre 1854], à l'Intendant général von HÜLSEN, du Théâtre de la Cour de Prusse]; 2 pages oblong in-8 remplies d'une écriture serrée, sous une...

Estimation : 3000 - 4000
Adjudication : 8 450 €
Description

chemise de maroquin vert ; en allemand. Requête rédigée au nom de sa femme, en vue d'obtenir de rentrer d'exil à l'occasion d'une production de Tannhäuser à Berlin.

[En exil depuis sa participation au mouvement révolutionnaire de mai 1849, Wagner ne sera amnistié qu'en 1861 ; il n'assista pas au Tannhauser donné à Berlin le 7 janvier 1856. Minna Wagner, en Allemagne en septembre et octobre 1854, s'entretint avec von Hülsen le 9 octobre, à Berlin, puis se rendit à Weimar pour parler avec Liszt, et à Dresde, pour présenter au Roi de Saxe une supplique pour obtenir la grâce de son mari.]

Elle prend la liberté de tenir au courant l'Intendant de l'affaire dont elle lui a parlé récemment en personne. Depuis sa visite à Weimar et son retour à Zürich, elle est convaincue qu'il ne s'agit plus que de trouver le moyen de reprendre la condition de la participation officielle de M. LISZT dans la représentation de Tannhauser à Berlin, sans embarrasser ni blesser ce fidèle ami de son mari. Le mieux serait de faire en sorte que son mari lui-même vienne à Berlin, parce qu'alors la condition antérieure deviendrait superflue. Aussi décida-t-elle de se rendre directement de Weimar à Dresde pour obtenir des plus hautes autorités, que son mari soit autorisé à rentrer en Allemagne. Comme elle avait le soutien d'une lettre du Grand-Duc de Weimar au Roi de Saxe, elle réussit à faire bien recevoir sa requête; on lui dit cependant que des actes politiques tels qu'une grâce ne pouvaient s'accomplir en moins d'un trimestre.

Si l'Intendant général souhaite vraiment monter Tannhauser cet hiver, il serait peut-être mieux à même de le rendre possible, s'il avait la bonté d'envoyer une requête aux autorités compétentes à Dresde, pour savoir si elles s'opposeraient à la venue de Wagner à Berlin pour quelques semaines, dès maintenant, en vue de la représentation de son oeuvre. En se fondant sur l'état d'esprit qu'elle trouva à Dresde, elle a confiance qu'une telle requête, si honorable pour son mari, pourrait accélérer l'amnistie de Wagner, ce qui ferait disparaître tout obstacle à la représentation de son opéra à Berlin. En outre, Wagner n'insisterait pas sur un engagement officiel à Berlin, pas plus qu'il ne songerait à diriger lui-même l'opéra. Il s'agit seulement d'obtenir l'autorisation d'être à Berlin à l'époque des répétitions, et de servir l'esprit de la production en nouant des contacts personnels avec les interprètes. Comme elle estime que ce serait la seule manière de sortir de l'impasse de la condition concernant Liszt, et comme en même temps elle désire ardemment que Tannhauser soit représenté sur la scène exceptionnelle qu'on a confiée au directeur, elle s'enhardit, encouragée par sa grande bonté, à l'assurer qu'en accordant son vœu, il rendrait très heureuse l'épouse inquiète du destin de son mari...

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