Lot n° 249

WAGNER RICHARD (1813-1883) L.A.S. «Richard Wagner», [Paris], «Légation de Prusse» 21 juillet 1861, [à Franz ABT]; 3 pages in-8 à l'encre bleue, sous boîte-étui de maroquin noir; en allemand. Belle lettre après l'échec parisien de...

Estimation : 6000 - 8000
Adjudication : Invendu
Description

Tannhäuser, alors que la ruine le menace, et peu avant son retour en Allemagne.

[Le compositeur Franz ABT (1819-1885) était kapellmeister à Brunswick et directeur du théâtre.

La reprise de Tannhauser à Paris, les 13, 18 et 24 mars 1861, avait été un terrible échec.] Il remercie Abt de sa lettre, qu'il n'attendait pas avant la fi n du mois. Le peu d'espoir de voir satisfaire ses réclamations quant au droit de donner Tannhauser sur la scène d'Abt le fait enrager. Longtemps, Stuttgart et Braunschweig étaient les seuls théâtres allemands qui ne pouvaient se décider en faveur de cet opéra, et Wagner avait juré de se venger de leur attitude visiblement inamicale. Puis, lorsqu'il y a trois ans Stuttgart a daigné prendre parti pour lui, on a (très habilement) choisi un vieil et sûr ami comme intermédiaire, et la chose se fit. La direction à Braunschweig a eu besoin de trois années entières pour réfléchir au cas difficile d'approuver son Tannhauser. Il connaît les difficultés là-bas, et l'aversion personnelle du Duc pour lui ne joue pas en sa faveur. Donc s'il crée des difficultés maintenant, cela ne déçoit pas son adversaire, mais plutôt son ami, qui a donné des preuves de bienveillance et d'affection.

Tout cela revient à dire qu'afin de ne pas gâcher le succès de ses efforts, Wagner devra abandonner son exigence de 50 louis d'or et se contenter de moins ! On n'est pas censé valoir grand-chose, et malgré tous ses succès, on doit être traité selon l'ancien taux des honoraires jusqu'à la fi n des temps !! Il exhorte son ami à faire ce qu'il peut: qu'il insiste sur les 50 louis d'or tant qu'il peut ; en dernière extrémité Wagner baisserait jusqu'à trente, mais pas davantage. Si on ne lui accorde pas cela, en entier, alors qu'on épargne aux prés de Braunschweig le fléau de son opéra diabolique («meiner böser Oper»), et que l'Italie unifiée donne à son ami, ainsi qu'à VERDI et GARIBALDI, sa bénédiction ! Pour répondre ou pour envoyer de l'argent, il sera à Weimar, du 1er au 6 août, chez Franz LISZT (Altenbach), puis à Vienne, chez le Dr Eduard Liszt... Que son ami Abt accepte ses remerciements sincères pour ses efforts, qu'il ne sous-estime point. Wagner compte envahir les territoires de la Confédération germanique dans quelques jours («Ich gedenke in dieser Tager in die deutschen Bundesländer erzufallen»)...

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