Lot n° 53

[Jean-Étienne Liotard fils]. L.A.S. de Jean-François Gampert, Marseille 11 août-8 octobre 1775, à « Monsieur Liotard chez Messieurs Nadal et Robin » à Genève ; 5 pages in-4, adresse.

Estimation : 300 / 400
Adjudication : 320 €
Description
Amusante lettre de Marseille par un ami, jeune négociant, avec des détails piquants sur les femmes.{CR} 11 août. Le monde à Marseille est très différent de celui de Genève : les femmes ne pensent qu’à la mode, il fréquente une jeune fille « froide comme le marbre » qui à Genève serait « un prodige de frivolité », et à la Comédie, les figurantes sont vénales, les comédiennes « sages ou difficiles à séduire mais tout le reste est infâme ». Il est presque amoureux d’une chanteuse, mais il voit aussi d’honnêtes femmes de Genève, Nîmes, etc. ; « les jeunes hommes de ce païs sont tous des benets que la debauche a énervé qui n’aiment point faire la cour à des dem. honnetes mais qui preferent satisfaire leurs criminels desirs en voyant des filles »… Il voit le port depuis sa chambre, peuplé d’« Arabes turcs algeriens juifs negres hollands angl. », etc. « Il y a maintenant des troubles. Aboudabab gouverneur d’Egypte est entré en Sirie a pris Japhe (ancienne Joppe) a passé tous les habitans au fil de l’épée. Acre ville voisine effrayée de ce traitement a ouvert ses ports nous esperons que nos affaires n’auront pas souffert. Je m’en vais faire l’habile négotiant »… Il espère lui envoyer quelques graines de fruits, peut-être une « basteque qui ressemble extrt à la courge », des papillons pour sa collection, une cigale « grosse comme un gros cerf volant » et d’autres curiosités qu’il aura par la maison de Syrie… Et de terminer par les affaires de galanterie : il a écrit à Gotton « mille extravagances » ; le climat local « porte les deux sexes à se joindre […]. Les marins augmentent extremt la debauche et les femmes qui font ce metier, j’ai grandi maigri noirci. J’ai tout le visage abimé de boutons produit par la chaleur et non par la debauche »… 8 octobre. Il séjourne à la campagne où il chasse tous les matins sur des montagnes voisines ; aujourd’hui dimanche 12 personnes sont venues dîner dont de jolies demoiselles et une « beauté divine […] de ces figures à faire entreprendre le tour du monde à son service par un homme qui a un cœur mais mon cher je m’egare […]. Je n’en suis pas du tout amoureux mais j’ai du plaisir à voir une jolie et tendre fillette »…
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