Lot n° 125

Pauline Viardot. 6 L.A.S. « Pauline » (une « P ») et 1 L.A., [1859-1879] et s.d., à son mari Louis Viardot ; 29 pages in-8.

Estimation : 2.000 / 2.500
Adjudication : 5 500 €
Description
Belle correspondance à son mari, véritable journal des représentations et tournées de la cantatrice en Allemagne, en Angleterre, en Irlande et en France. Elle y relate ses répétitions et concerts, ses succès et l’accueil du public. Ses voyages sont également l’occasion d’assister à des concerts et spectacles qu’elle commente. Une grande partie des courriers est consacrée à des pensées tendres pour ses enfants, restés avec son époux. {CR} Dublin Dimanche 8 [6 mars ? 1859]. « Ah ! Enfin ! Nous voici arrivés à la première grande station de notre voyage »… Son 1er concert a eu lieu à Leamington « dans un jardin, en plein vent, comme dans les cafés chantants des Champs-Élysées. Le public était debout sur le gazon humide – il faisait froid et le vent soufflait »… Le concert de Birmingham au Mendelssohn Hall a bien marché, « sauf le ténor Luise qui ne vaut pas le diable », de même que le lendemain à la Société Philharmonique de Liverpool ; rappels… « Demain le Trovatore, après demain Macbeth, et mercredi Norma ». Sa fille Louise l’a fort bien accompagnée dans Erlkönig : « C’est une espèce de petit début, dont elle s’est fort bien tirée »… – Hôtel de Darmstadt [Baden août 1859, pour le festival Berlioz où elle crée 2 scènes des Troyens]. Elle est allée répéter à Karlsruhe : « Décidément la musique de Berlioz est superbe. Les accompagnements des morceaux des Troyens sont intéressants sans être surchargés. Ils font un grand effet sur tous ceux qui les ont entendus jusqu’à présent »… Elle était couchée à 11 h., « mais la musique de la Symphonie de Roméo et Juliette m’a trotté par la tête une partie de la nuit ». Elle va répéter au piano avec Berlioz et Lefort… – Cologne [1859 ?]. Voyage en train où elle a rencontré M. de Grammont qui « m’a rappelé notre voyage à Cambrai avec Mme Sand il y a quelques années. […] c’est lui qui est venu à la maison rue Favart pour m’engager »… – [Londres juillet 1860]. « Orphée a vaincu les Anglais comme de vrais bons diables qu’ils sont »… Les plus belles dames et les plus nobles étaient présents, les duchesses de Sutherland, de Wellington, Lady Molesworth… 250 personnes au moins : « Succès complet et vraiment véritable […] Bref, je suis sûre que j’ai bien fait de venir, même si cela ne devait rien me rapporter. […] Tout Londres a voulu se faire inviter, mais il y a eu peu d’élus »… Elle a entendu Le Prophète à Covent Garden par T6801lick et Mme Czillag : « Mise en scène superbe, chœurs et orchestre très puissants » mais interprètes blasés et exténués : « C’est comme un coup de fusil bien dirigé mais qui ne porterait pas au but, faute de poudre – l’effet est presque nul »… – [Dijon vers 1861]. Répétitions d’Orphée et du Prophète : « Mrs les Anglais ont l’air de commencer à vouloir se décider à faire mine de faire connaissance avec la Bourgogne […]. Nous verrons si cette belle curiosité continue. C’est drôle tout de même. Comme je ne sais trop qu’en penser, je ne veux pas me réjouir trop tôt »… Warsash 14 avril [1871]. Louis a été jaloux de recevoir une lettre moins poétique que celle qu’elle a envoyée à Tourgueniev : « D’abord c’était justice, comme vous dites, que Tourguenef, seul et souffrant, eût une épître plus détaillée que toi – que toutes ces petites bêtises amusent beaucoup moins, et qui par cela même, content moins naturellement de ma plume. Quant à la poésie… Voyons, ne te moque pas de ta vieille amie […]. La vraie poésie c’est de vivre affectueusement avec les gens qu’on aime »… Jugement sur le jeune ténor Gréville fils. « Je suis charmée que Saint-Saëns soit à Londres – voilà mon accompagnateur, avec lui je chanterai tout ce qu’on voudra et avec plaisir »… Évocation de son séjour à la campagne avec Claudie… Weimar 28 avril [1879, elle y interprète des œuvres de sa fille Louise]. Elle est arrivée en train, par Francfort. Elle a été frappée de la taille et la beauté des hommes en uniforme quelconque : « Les grands blonds aux larges épaules, à la poitrine bombée, avec leur front de cheveux bien peignés, leurs barbes serrées, leur air hautain et propre, ont bien le physique de conquérants. Quant aux autres hommes, c’est tout des petits rabougris à l’expression mesquine et misérable, ou bien des juifs affairés. Il me semble que dans ce moment les différentes castes en Allemagne se séparent de plus en plus. […] C’est une belle et terrible race que celle qui nous a battus et qui en battra bien d’autres ! »… Répétitions de Lindoro… Liszt est venu dès le matin pendant les répétitions au théâtre…
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