Lot n° 127

Pauline VIARDOT. 36 L.A.S. ou L.A., 1873-1909 et s.d., à sa fille Claudie et à son gendre Georges Chamerot ; environ 105 pages formats divers (une incomplète), certaines sur papier à son chiffre, 3 enveloppes ; quelques lettres en espagnol.

Estimation : 3.000 / 4.000
Adjudication : 4 000 €
Description
Charmante correspondance familiale, adressée à son « petit Didichon » ou sa « Didie », notamment lors de ses séjours en Suisse à la montagne : elle y raconte alors les bienfaits du calme et la paix intérieure qu’elle y trouve, ses promenades, ses lectures, commente les pièces de théâtre et concerts auxquels elle assiste presque quotidiennement… Claudie Viardot (1852-1914) a épousé en 1874 l’éditeur et imprimeur Georges Chamerot (1845-1922).{CR} Bougival 16 août 1873. Lettre écrite avant le mariage du couple [mars 1874], en réponse à la demande de Georges : « Nous nous sommes promis, mon mari et moi, non seulement de ne point imposer notre choix à nos enfants, mais même de ne l’influencer qu’en le dirigeant, et en nous réservant, comme il est juste, le droit de le ratifier. C’est donc de Claudie elle-même qu’il s’agit d’abord de vous faire connaître et apprécier. Vous la connaissez à peine, elle vous connaît moins encore, avec un cœur tout à fait libre, et n’ayant vu le monde que fort peu, elle n’a pu faire aucune comparaison, accorder aucune préférence. Je crois donc que toute déclaration formelle pourrait tourner contre votre espoir »… Elle lui conseille de poursuivre des relations amicales et de laisser évoluer les sentiments…{CR} Sceaux 8 août [1897 ?]. Elle aimerait être à Baden avec eux, revoir l’emplacement de leur ancienne maison ; la Musikhalle existe-t-elle toujours ? Elle a entendu dire que le théâtre était devenu « une espèce de boui-boui. La villa de Tourgli [Tourgueniev] doit être encore là »…{CR} Séjour en Suisse, à Vallorbe puis Montreux, août-septembre 1897. 21 août. Elle évoque « la verte prairie qui s’étend devant l’hôtel », et une soirée animée par E. Caston, musicien-improvisateur, qui « jouait l’alto au Th. Lyrique quand j’ai chanté Orphée ! il avait 16 ans alors »… Elle fait des recommandations à Claudie, blessée au bras ; elle raconte un bal à l’hôtel, ses promenades et les excursions de ses compagnons ; elle évoque de nombreux amis, et ses petits-enfants… Le 9 septembre, elle est arrivée à Montreux, à l’Hôtel des Bains, charmant et confortable, mais « où l’on mange joliment mal »… Elle évoque le beau lac, le Casino, où elle va fréquemment au spectacle : il y a « toujours quelque ouverture plus ou moins intéressante. Ah par exemple, quand on nous joue celle de Norma ou de Sémiramis, je suis désolée de voir l’effet nul et presque grotesque qu’elles produisent ! Toute cette musique n’est, pour ainsi dire que dans la forme, toujours identiquement semblable (je parle de la musique d’opéra). Il s’y trouve certainement des idées charmantes très souvent, mais jamais développées ; aujourd’hui c’est tout le contraire, beaucoup de développement […] et le moins d’idées possible ! L’intérêt se porte sur le travail résultant de l’étude et de l’effort, et non plus sur l’idée qui devrait en être le point de départ – la forme, si chère aux compositeurs italiens est devenue insupportable comme une vieille rabâcheuse »… Un article dans Le Ménestrel lui prête des propos « comme quoi, entre autres, je préférerais Norma au Prophète ! […] Il a l’air de dire que je n’apprécie pas le 3ème acte de Sapho ! Précisément ce qu’à mon sens, Gounod a fait de plus beau ! »…{CR} Séjour en Suisse à Fridau, août 1900. 15 août. Elle évoque le succès du Sardanapale de Duvernoy au Trocadéro ; elle craint que Georges ne puisse être nommé officier : « Il ne s’en est pas assez occupé, et puis son malheureux accident l’a retenu trop longtemps loin de l’Exposition »… Elle fait travailler à Félix « la chansonnette Il barchettino » (citation musicale)… Après Quo vadis, elle lit Consuelo de George Sand : « C’est comme du Mozart ! »…{CR} Sceaux jeudi. Elle remercie Georges pour l’argent qu’il lui a envoyé. La seule dépense extraordinaire qu’elle ait faite, « c’est celle de faire imprimer à mes frais (puisque les éditeurs n’en voulaient pas) plusieurs mélodies et morceaux de piano – je n’ai pas lieu de le regretter car il y a des morceaux qui se vendent bien »… Lundi. Elle prie Georges d’envoyer de l’argent à sa fille Louise à Berlin car « son concert a lieu le 9 et elle aura de gros frais et, je le crains peu de recettes »… Vendredi, visite de son notaire Meunié, « notaire de comédie, joué par un bon acteur. […] A bas les notaires ! à bas les affaires ! vive la république ! »… Etc.
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