Lot n° 130

Louis VIARDOT (1800-1883). 1 L.S. et 4 L.A.S., 1850-1879, à son épouse Pauline Viardot ; 18 pages in-8 (la première incomplète de la fin).

Estimation : 1.000 / 1.500
Adjudication : 1 000 €
Description
Belle et intéressante correspondance à sa femme, notamment sur la genèse de Sapho de Gounod.{CR} Courtavenel 2 août 1850 [Pauline est à Londres]. Il lui donne ses impressions suite à sa première écoute de Sapho, que Gounod vient de composer à sa demande sur un livret d’Émile Augier, et dont il fait un long commentaire : la « charmante » romance de Glycère, des chœurs excellents, le début du second acte « gai, drôle, franc »… « Puis Le duo de Sapho et Glycère, scène qui peut et doit être de grand pathétique. Ici une observation : ce duo, presque dans son entier, est seulement de la déclamation, un récitatif rythmé et accompagné, où l’on doit entendre les mots, et chaque mot d’un dialogue serré, nerveux »… Viardot y a souligné « deux défauts : manque de proportion entre la 1ère et la seconde partie du duo, amoindrissement de la partie de Sapho », et Gounod a remanié la scène et « fait dire la cabalette d’abord par Sapho seule, puis par les deux ensemble. Ce sera beaucoup mieux ». Il est un peu déçu par le second tableau, mais attend une seconde écoute… « le chant du pâtre est un bijou, un diamant. […] Le chant de désespoir de Sapho doit être d’un grand et terrible effet – je crois du moins que tu le feras ainsi – mais il avait un grand défaut si je ne m’abuse : c’était de finir dans le même sentiment de désespoir insensé et furieux » ; et il explique comment il a fait remanier cette fin par Gounod : « Ce sera plus juste, et plus beau »… La seconde écoute, à nouveau commentée, a renforcé sa très bonne impression… Etc.{CR} Bade 12 décembre 1865. Il attend le retour de Pauline [de Berlin]. Il la félicite, « parmi ses autres adorateurs », pour sa prestation lors de la soirée chez le peintre Pietsch : « Tu étais en voix, bien portante, gaie, animée, fêtée. Qu’y a-t-il au monde qui puisse plus me satisfaire et m’enchanter ? Le bon accueil de la bonne vieille reine m’enchante aussi ». Le Prince et la Princesse de Hesse demandent régulièrement de ses nouvelles. Il termine en la priant de saluer de sa part le couple Meyerbeer…{CR} Bougival 21-25 août 1877. Leur fils Paul (violoniste) est rentré chez eux aux Frênes mais il repartira probablement bientôt à Trouville faire un concert au bénéfice de Pasdeloup… Il expose l’avancement des travaux de la maison… Il a reçu cinq lettres pour Tourgueniev et ne sait où les renvoyer… Il a reçu la visite du frère de Pauline, « comme une comète désordonnée », qui se rendait à Tarbes et à Madrid… Il évoque le séjour au bord de la mer de Pauline et Claudie : « J’ai su par T. [Tourgueniev] que vous aviez des nouvelles de Fauré, et de bonnes »…{CR} Paris 4 mai 1879 [Pauline chante des œuvres de sa fille Louise à Weimar]. « Public content est une maigre formule de succès, et la seconde envoyée à 5 jours d’intervalle n’annonce pas non plus l’enthousiasme »… Le récit des dernières répétitions laissaient promettre mieux. « Mais si Lindoro a obtenu ce qu’on nomme un succès d’estime, Louise doit s’en contenter. Ce qu’elle voulait surtout, c’était s’entendre. Elle a déjà cette satisfaction et cette bonne étude qu’on fait sur soi-même ; et puis qu’elle n’oublie pas que si Fidelio est tombé sur cette prévention qu’un symphoniste, ne peut être aussi un dramatiste, Lindoro avait à lutter contre la prévention bien plus forte qui s’attache à un compositeur-femme – sans compter peut-être celle qu’ont les Allemands contre tout ce qui est français, et qu’ils t’ont bien prouvé à Carlsruhe. Femme et Française, c’est trop ». Il est charmé d’apprendre que Liszt joue le quatuor de Louise…
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