Lot n° 151

Guy Debord (1931-1994). L.A.S. « Guy-Ernest », Cannes 23 septembre [1951], à « Marco » [Marc-Gilbert Guillaumin dit Marc’O] ; 2 pages in-4.

Estimation : 1.000 / 1.200
Adjudication : 4 500 €
Description
Belle lettre de jeunesse, publiée dans le volume 0 de la Correspondance de Guy Debord (2010).{CR} Il répond tardivement à sa lettre, reçue à son retour « d’un bref voyage dans Paris et ses proches environs pour des raisons toutes de bave » [allusion au film d’Isidore Isou Traité de bave et d’éternité, produit par Marc’O]. Il regrette de l’avoir manqué à son hôtel, mais il a rencontré Isou : « Je vois donc quelle est la situation. Sitôt arrivé je t’aiderai pour sortir le film. C’est d’ailleurs un travail qui ne me déplaît pas. Il faudra bien que ces pauvres cons acceptent et sans nous faire attendre. On a vu des directeurs de salle se faire buter pour moins. Dans cette ville abandonnée de Dieu – et en général de tout créateur ; j’ai fait ce que tu m’as demandé avant de partir. Avec cinq camarades j’ai fort gêné la projection du film du jeune G. Albicocco [Debord a ici collé une coupure de presse au sujet du court-métrage en question, Absolve domine]. Heureuse conséquence ? Pour la première fois de sa carrière encore brève, l’idiot n’a pas obtenu son prix habituel dans un festival de la connerie noire. D’autre part j’ai jeté les bases du ciné-club que tu voulais (et déjà son premier directeur à la porte) – Actuellement ils sont acceptables, et aux prises avec de lourdes difficultés pour trouver les 30 ou 40 billets nécessaires pour démarrer. Enfin jeudi dernier, après une discussion serrée de 5 heures dans un bar du quartier, j’ai fait admettre qu’Isou est dieu à mon ami Hervé Falcou, que tu as vu à Cannes. Je suis très fier de ce dernier résultat, presque autant que d’être le (1) manquant dans la seule équation que je connaisse par cœur »… Isou lui a parlé de la possibilité de réserver une chambre dans son hôtel, et prie de la retenir pour lui pour octobre : « Excuse-moi de t’importuner de ces nécessités très peu éternelles, et d’en souligner le caractère d’urgence. Je veux te lire, en attendant absolument je te salue (il faut révolutionner les formules de politesse) »...{CR} On joint une photographie originale d’Isidore Isou marchant dans la rue (1951, 12 x 8,5 cm), et une de l’affiche pour les récitals lettristes au Tabou (1950, 8,5 x 9 cm) ; plus 2 contretypes de Marc’O et son équipe pour le tournage du film d’Isou.
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