Lot n° 183

François MAURIAC (1885-1970). Tapuscrit avec corrections et additions autographes, Bloc-Notes, 2 novembre [1962] ; 7 pages in-4.

Estimation : 300 / 400
Adjudication : Invendu
Description
Chronique pour Le Figaro, abondamment raturée, corrigée et augmentée, parlant de la vieillesse et de l’écriture, de ses Mémoires intérieurs et, dans un passage supprimé, de Mendès-France, De Gaulle et l’Algérie.{CR} « Demain, ce seront les criailleries électorales, mais rien n’a commencé encore et je puis être attentif à moi-même ». Comme si le métier l’exigeait, le candidat est un trompeur professionnel… Il supprime ce jugement sévère : « même les meilleurs, même Mendès-France qui avait hier le front de ne rien accorder à de Gaulle, de ne rien inscrire à son actif ; et il est allé jusqu’à lui reprocher d’avoir perdu tout ce temps en Algérie, comme si cet ancien président du Conseil n’était pas payé pour connaître la hauteur, la largeur et la profondeur des obstacles contre lesquels tous les hommes politiques de la quatrième République s’étaient brisés »… La politique l’a diverti, jadis ; aujourd’hui, elle ne lui fait pas oublier « ce dont rien à mon âge ne nous détourne » ; pour échapper à cette « obsession », il lui reste la lecture. « De ce miel accumulé en moi, j’ai composé naguère le premier volume de mes Mémoires intérieurs. Pourquoi ne continuerais-je pas ? Je m’y efforce mais ce que je pouvais encore il y a trois ans, je ne le puis déjà plus aujourd’hui. Si je n’avais la Foi, si je n’étais dans ce grand calme, dans cette paix, je serais une bête fascinée qui avance irrésistiblement vers ce qui va l’engloutir. […] Mes Mémoires intérieurs que je continue de rédiger, je ne sais ce qu’ils deviendront, mais ce dont je suis assuré c’est que mes lectures d’autrefois ne me serviront plus d’alibi. […] Je dénonçais les mensonges des bateleurs de la politique : mais nous, les écrivains, qu’aurons-nous vendu, sinon des mensonges ? »…
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