Lot n° 195

Jean PAULHAN (1884-1968). L.A.S., 11.XI [1949 ?], à Emmanuel Berl ; 2 pages in-8 à en-tête nrf, enveloppe.

Estimation : 300 / 400
Adjudication : 500 €
Description
Belle et longue lettre littéraire à propos du roman Sylvia en cours d’écriture et que Berl publiera en 1952.{CR} « Mais de vous-même je ne vous ai jamais rien dit ! Je ne parle que de ce vous que présente, que fait croire “Sylvia”. Il est très possible, il est même incertain qu’il ne vous ressemble pas (si le mot de ressembler a ici un sens). Méfiez-vous simplement de l’“expression” qui vous donne allure de suffisant quand vous êtes modeste, de muffle quand vous êtes délicat, de menteur quand vous êtes franc. Faire un roman c’est un métier comme disait l’autre. C’est un métier qui consiste justement à empêcher que se produisent de tels retournements, renversements et autres. Et pour le reste le grenadier de 2e classe qui affirme que Napoléon lui a dit… prend allure d’épateur (même si Napoléon lui a simplement dit : vous êtes un con). Alors quoi ? Eh bien il faudrait que Napoléon (ou Proust) fût si minutieusement – mais si complètement présenté – qu’il devînt tout à fait indifférent qu’à la fin on le nommât ou non. […] Et pourquoi diable votre obstination à ne pas tenir un roman pour [un] roman ? Eh bien je suppose (mais c’est pure hypothèse) que vous êtes beaucoup trop brillant en conversation pour n’avoir pas une confiance extrême (et imprudente) dans la “communication”. […] Tel que vous l’avez entrepris, Sylvia devrait honnêtement tenir six volumes. »
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