Description
1931 et 1932. — Treize lettres autographes signées, plusieurs avec dessins. — Ces magnifiques lettres, pleines d’esprit ne sont pas seulement des documents littéraires, mais aussi des documents esthétiques propres à cet écrivain « belge de langue bizarre » comme il se qualifie lui-même.
Voici la liste chronologique des treize lettres avec le renvoi à la remarquable édition de Roland Beyen :
1. 6 janvier] 1931 (Correspondance, II, n° 291). « À Anvers, je viendrai, quand il y aura un peu de soleil. Je viendrai voir Paul Neuhuys. Anvers est une ville où j’ai des souvenirs, baroques et lamentables, comme Anvers même. Une ville pour se suicider »
2. 20 septembre 1931 (II, n° 354). « Écoute, jeune homme dérangé ; au cours de ma traversée dernière sur l’océan des fièvres (je reçus tous les sacrements), pour fuir l’obsession du caveau de famille prêt à m’avaler de sa gueule noir, j’écrivis un roman feuilleton. »
3. [2 novembre] 1931 (II, n° 367). « Que de crotte d’âne en cette aurore novembrale sur les marbres de mon palais !... »
4. [4] décembre 1931 (II, n° 377). « Mon silence n’est pas un timbre d’or des célestes orfèvreries » [Alfred Jarry : « un des timbre d’or des célestes orfèvreries] […] Mon fils, apprends que je suis bien revenu en les Bruxelles et qu’en mes poumons aboient toutes les meutes !... »
5. 17 février 1932 (III, n° 21). « Et j’écris de joyeuses histoires, en attendant la fin du monde, qui tarde en vérité. »
6. et 7. [20 octobre 1932] (III, nos 70 et 71). « Pour terminer, je t’écris au verso [lire : au recto du second feuillet] une lettre seconde que tu peux lire avec accompagnement d’occarina et en agitant tes doigts de pieds, comme les monsieurs seuls, dans un café, qui attendent une poule. »
8. 28 novembre 1932 (III, n° 79). « Contrairement à ce que tu crois, l’élite universelle suspendit son oreille attentive à ma lèvre éloquente et ton nom fut proclamé par les infinis de l’infini jusqu’à la planète Mars. Parfaitement, jeune homme »
9. 1er décembre [1932] (III, n° 81). « Paul Neuhuys, si tu veux être malin, ne cherche pas à te faire jouer au théâtre en ce moment, mais écris pour la radio. »
10. 9 février 1933 (III, n° 106). « Me prends-tu pour un jeune homme de lettre, ô Neuhuys ?... Si tu m’as placé, en tes intentions, dans la prochaine série, c’est que tu as jugé, comme éditeur, que mes produits étaient intéressants. Pourquoi cette nuance conditionnelle ?... Et puis, et puis, c’est simple. Je ne paye pas pour être édité (car cela est sous-entendu). »
11. 12 juillet 1934 (IV, n° 187). « Moi ça va… j’écris et la terre tourne… j’écris avec la conviction d’un chien qui ronge un vieil os. Ils sont heureux les chiens, et les écrivains de mon espèce. »
12. 30 novembre 1937 (IV, n° 117bis). « Forer une souterraine galerie dans les ténèbres, avec seulement la petite lumière qu’on porte en soi, pour aboutir brusquement au grand froid d’Éternité, c?est notre destin ! Le savoir est déjà une moindre cécité… »
13. 24 mai 1948 (VI, n° 148). « Ce que je deviens, demandes-tu ? Vieux ! Je passe de l’ombre à la rivière et vice et versa, comme nos ciels : ça pisse, ça blinke ; flache et crotte, puis cristalleries solaires… contrastes, quoi ! Quand j’aurai gagné les Enfers, tu l’apprendras toujours à temps… ».