Lot n° 392

NAPOLÉON III (1808-1873). 2 L.A.S., Ham 1842-1846 ; 1 page et demie in-8 et adresse, et 2 pages in-8.

Estimation : 1.000 / 1.200
Adjudication : 1 300 €
Description
Très belles lettres de la prison de Ham.{CR} 6 mai 1842, à M. Dubois. Il est fâché qu’il ne soit pas resté un jour de plus car « voilà ce que vous auriez pu voir : hier à 5 heures je montai sur le rempart pour me promener. Je fus bien étonné de voir toute la partie de l’esplanade qui est du côté de la grosse tour couverte de monde et de soldats du 40e qui étaient assis par terre probablement depuis longtemps et qui m’attendaient. Lorsque je parus, ce fut un hourra général tout le monde me saluant du geste et avec le chapeau ou mouchoir. Cependant comme ils étaient assez éloignés de moi, ils accoururent tous du côté de la demi lune et là près de quatre cent soldats et sous officiers défilèrent en me saluant avec respect et affection. J’ai appris qu’ils disaient tout haut : ah si nous avions été à Boulogne il ne serait pas là ; d’autres disaient il n’y restera pas longtemps ». Il a été très touché et flatté de cette ovation inattendue, dont il peut faire part à ses amis, mais il ne tient pas à ce que cela soit communiqué aux journaux…{CR} 23 janvier 1846. Il confie à son correspondant les tourments qu’il endure en captivité, en espérant que ce dernier pourra intervenir en sa faveur et influer sur l’opinion publique « pour que la conduite de mes ennemis soit qualifiée comme elle le mérite ». Son père, en très mauvaise santé, a tenté d’obtenir sa liberté auprès de Molé, Montalivet et Decazes ; il lui a été répondu qu’il fallait que son fils donne des garanties : « J’ai alors écrit à M. Duchatel que […] je promettais de revenir me constituer prisonnier à la première sommation. Le Ministre de l’Intérieur me fit répondre que le roi seul pouvait accorder la permission que je réclamais ». Puis, dans un second temps, il lui a fait savoir que « le conseil ne saurait obtempérer à ma demande car ce serait une grace déguisée et ma grace dit-il doit être méritée et franchement avouée !  Cette réponse est infame ! »… Il préfère ne pas revoir son père, si ce dernier venait à mourir entretemps, plutôt que de se soumettre : « Je mourrai s’il le faut de douleur mais je ne m’avilirai pas »… [Son père mourra en juillet, alors qu’il s’est échappé du fort de Ham en mai.]
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