Lot n° 136
Sélection Bibliorare

ERNST Max]. BRETON André VIE LÉGENDAIRE DE MAX ERNST, précédée d'une brève discussion sur le besoin d'un nouveau mythe. MANUSCRIT AUTOGRAPHE.

Estimation : 3 000 - 4 000 EUR
Adjudication : 6 182 €
Description

Sans date [1942], 5 pages in-4 écrites à l'encre verte, sous chemise demi-maroquin noir.
Beau et curieux texte extrait de Le Surréalisme et la Peinture.

Publié en 1942, ce texte écrit aux Etats-Unis, où s'était exilé Breton, fut recueilli dans l'édition définitive (1965) de Le Surréalisme et la Peinture.

Pour évoquer son ami Max Ernst et sa peinture, Breton a choisi un ton surréaliste, à cent lieues de la critique d'art traditionnelle: les deux premières pages sont ainsi occupées par le récit d'un dîner imaginaire, à New York, entre Breton et le président de Brosses, écrivain du XVIIIe siècle. Breton lance quelques piques contre le Collège de Sociologie de Georges Bataille, puis il enchaîne sur Ernst

: ... je tiens l'oeuvre de Max Ernst pour grosse de faits appelés à se produire sur le plan réel: qui plus est je crois qu'elle préfigure dans leur ordre les faits qui se produiront... Breton évoque la vie du peintre, mais de manière très libre et très personnelle. Loin de retracer sa biographie, il procède par analogies et métaphores, mêlant certains souvenirs de rencontres à l'évocation précise de toiles ou collages du peintre. Ce n'est pas en vain que Max Ernst passe pour être né à Cologne sur une des boucles du serpent liquide qui se plaît comme nul autre à attiser l'épée, le Rhin dans quoi se peignent les ensorcelantes filles aux blonds cheveux sans fin quand nous avons vingt ans... Promenade dans Paris

: ... Max Ernst regagna au petit jour le réservoir désaffecté où il avait élu domicile (...). Tout du long, à notre hauteur, une femme nue, au visage recouvert d'un loup, patinait sur place. Le calendrier marquait 1921-22-23 (...) Silence. Peu après, Max Ernst se signale par une réapparition tumulteuse "dans le bassin de Paris". Sous l'aspect d'un gros oiseau, il porte alors le nom de Loplop, dit parfois "l'hirondelle". Assisté d'une superbe jeune femme, Perturbation, celle qu'il appelle tendrement "Ma soeur la femme 100 Têtes", il se livre impunément sur la personne humaine aux pires voies de fait... Evocation de toiles plus récentes (Jardin gobe-avions)

: ...Voici Max Ernst beaucoup plus loin dans le temps, après de Sémiramis. Les jardins suspendus ont été plantés de népenthès géants et invisibles - le dernier mot de l'art des sièges. Les avions futurs s'y engouffreront comme des mouches, et quelle découverte: le progrès technique arrêté dans son cours démentiel - la mort déléguée par l'homme ne passe plus... Il exalte enfin l'émotion constante de l'artiste: Elle l'a saisi comme un grand tournesol pour le porter du fond des caves au plus haut sommet de l'être même: l'histoire d'un homme... (décharges d'agrafes)
Manuscrit conforme au texte imprimé.

Texte critique remarquable, qui, par son écriture lyrique, parvient à évoquer parfaitement toute l'originalité de Max Ernst et de son art.

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