Lot n° 182

PROUST Marcel (1871 1922)

Estimation : 2 200 - 2 500 EUR
Adjudication : 3 163 €
Description
L.A.S. «Marcel Proust», Mercredi soir [8 mai ? 1905, à Gabriel MOUREY]; 4 pages in-8 (deuil; quelques légères fentes aux plis).
Sur sa traduction des Trésors des Rois de Ruskin, et son amour des fleurs contrarié par l'asthme.
[La lettre se rapporte aux épreuves de la dernière partie de sa traduction des Trésors des Rois de John RUSKIN publiée le 15 mai 1905 dans la revue Les Arts de la Vie dirigée par Gabriel Mourey.]
Proust remercie Mourey «au milieu de toutes vos occupations d'avoir pris la peine et trouvé le temps de me renvoyer ce manuscrit. J'ai corrigé immédiatement les épreuves qui étaient absurdes par la faute non de vos protes mais surtout de ma dactylographe», et il les a renvoyées à M.
Davoust. «Je n'ai pas confondu votre écriture et la mienne (malheureusement pour moi il n'y a pas de confusion possible !) vous avez rétabli un n° de paragraphe que j'avais oublié. Vous corrigez donc cela sur le texte anglais ! C'est merveilleux ! Cette manière de conduire nos pauvres petits instruments, à livre ouvert, sur la partition d'orchestre, m'émerveille».
Il recommande de ne pas corriger chanteau: «Ce n'est pas une erreur, je l'ai bien mis une fois “chanteau” et l'autre fois “château”. Il y a dans le texte “cantel” er “castel” et j'ai ainsi conservé, voire renforcé, l'allitération.
Je sais bien que chanteau n'est pas très usité mais cantel ne l'est pas davantage. C'est d'ailleurs le même mot, et d'une dérivation identique».
Il évoque pour finir le «Verger» de Mourey «que sans doute le printemps rosit et japonise de ces fleurs que j'ai tant aimées et que je ne peux plus approcher depuis qu'elles me donnent de terribles accès d'asthme, punition de les avoir trop aimées qui prend dans mon cas quelque chose plus encore de mythologique que de pathologique et d'où j'extrairais il me semble facilement la légende d'une Némésis cachée au coeur étoilé des pommiers qui interdit d'outrepasser envers elles la limite normale de l'admiration et du désir et arrête devant leurs fleurs l'amant indiscret en une sternutation ridicule, qui, si je n'avais pas tant souffert, me semblerait, en quelque métamorphose, directement traduite du latin»...
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