Lot n° 191

SAND George (1804 1876)

Estimation : 3 000 - 4 000 EUR
Adjudication : 3 558 €
Description
L.A., [Nohant 19 novembre 1843, à son fils Maurice DUDEVANT]; 4 pages in-8 à son chiffre gothique GS, très remplies.
Longue lettre à son fils s'inquiétant de la santé de Chopin.
«J'étais bien sûre que Chopin était malade», et elle se préparait à aller à Paris. «Les lettres de Mme Marliani m'avaient rassurée, et sans me rendre tranquille pourtant. Ainsi voilà mon pauvre petit toussant, crachant, dormant mal, ou ne dormant pas, et tout cela sans que je sois là pour le consoler ou le dorelotter, je vois bien que nos amis le soignent mais ce n'est pas la même chose. Mes soins le soulagent, ceux des autres l'impatientent.
Et toi aussi, pauvre Bouli, tu es malade, enrhumé, fiévrotteux ? Me voilà plus triste et plus inquiète»... Mais il est difficile de hâter son départ, car il faut trouver une place convenable dans les diligences; et puis il y a le bail de la ferme à faire, pour que Polite (son demi-frère) renonce à sa gestion: «Son métayer est fripon, et lui absurde. Ses fermages s'accumuleraient par les retards, et il me ferait au bout de 3 ans un tort considérable sans que cela l'empêchât de se ruiner tout au contraire.
C'est donc un grand service à lui rendre que de le débarrasser de tout cela. Mais l'en débarrasser vite et bien, et sans perdre beaucoup au marché, n'est pas facile»...
Quant à sa fille Solange, «je voudrais bien la garder, si elle continuait à être aussi aimable à Paris, qu'elle l'est ici. Mais il faudra voir ! D'ailleurs il me faudrait bien un ou deux mois pour lui organiser une résidence possible auprès de nous, et pendant ces préparatifs elle perdrait son temps. Il faudrait que tu lui cèdes tes chambres et que tu trouves un logement dans la maison. Il faudrait savoir si elle pourrait aller prendre les leçons de Mr Bascans, ou s'il pourrait les lui donner à la maison.
Je tiens beaucoup à ce qu'elle les continue, elle y tient elle-même. [...]
Nous essaierons, mais pendant les irrésolutions et les arrangements il sera bon que Sol rentre en pension. Elle le fera sans humeur, elle sent la nécessité d'y être. Je t'assure qu'il se fait en elle, comme une transformation subite. Elle le sent et elle le dit elle-même. [...] Il ne faut plus la taquiner, si elle ne le mérite pas».
Elle termine sa lettre: «Il est 3 h. du matin. J'ai corrigé mes épreuves, je suis fatiguée. [...] J'ai peur pour Chop de cette homéopathie et de ces poisons qui guérissent un mal par un autre. Ah ! qu'il me tarde d'être là !»
Partager