Lot n° 266

FEININGER LYONEL (1871-1956) — Correspondance signée de 15 lettres manuscrites et une lettre typographique adressée à Wilhelm et Élisabeth MAYER — Zehlendorf, Weimar, New York et Stockbridge, 22 novembre 1917-21 juillet 1948, 30 pages in-4 à...

Estimation : 10 000 - 15 000 EUR
Adjudication : 16 000 €
Description
l'encre sur papier de différentes couleurs. — Trois lettres en anglais. Sept lettres avec entête à impression xylographique (l'une d'elle coloriée). — Une lettre avec aquarelle.
Lettres riches et détaillées adressées à Wilhelm et Elisabeth Mayer à Munich, Tübingen et New York. Ceux-ci comptaient parmi les plus importants collectionneurs des oeuvres de Feininger qui leur parlait de la délicate situation financière et artistique pendant la guerre et de ses projets d'exposition. Il évoquait souvent les autres artistes de son époque (Barlach, Lehmbruck, Heckel, Klee etc.).

- Zehlendorf-Mitte, 22 novembre 1917 :
annonce un envoi à vue d'une série de dessins. La liste jointe comporte les noms des 34 oeuvres présentées ainsi que leurs prix;

- Zehlendorf-Mitte le 23 février 1918 :
« [...] Pour le moment et aussi longtemps que va durer cette guerre, je reste cloîtré entre mes 4 murs bien que je rêve de partir en voyage (un changement me ferait tant de bien sur le plan humain autant que sur le plan artistique !), mais je suis citoyen américain et l'idée que je pourrais être repéré et considéré comme « suspect » m'est tout simplement insupportable ! Je suis devenu depuis 1914 un véritable ermite très farouche. Je ne peux pas en être heureux mais nous sommes tous dans la même situation et faisons notre possible pour garder la tête haute ! [...] »;

- Zehlendorf-Mitte, le 27 avril 1918 :
« J'aurais tendance à dire que je suis sur le point de succomber peu à peu à ce que l'on appelle en anglais « un coeur brisé ». Il s'agit apparemment d'une espèce de désordre affectif et certains de mes parents et amis souffrent du même mal. L'esprit a perdu son élasticité et cela se répercute aussitôt dans le travail artistique et alors on se retrouve dans un cercle vicieux: notre état d'esprit rend notre travail de création difficile et ce qui en résulte est parfois un véritable échec qui fait à nouveau sombrer l'artiste dans la mélancolie et ainsi de suite [...] »;

- Zehlendorf-Mitte, le 10 mai 1918 :
« [...] à présent la cause principale de mon aversion à voyager en temps de guerre n'a plus raison d'être: nous sommes aujourd'hui ‘apatrides' et ne sommes plus considérés comme des ennemis. Ces derniers temps j'ai commencé à faire de la gravure sur bois mais je dois encore travailler un moment avant d'obtenir des résultats dignes d'être montrés. Mon aîné Andreas a par contre très vite adopté cette technique et fait de très belles choses ! Il travaille sur un improbable morceau de bois avec un couteau inapproprié, fait des choses incroyables pour obtenir des feuilles adorables que moi j'imprime alors sur (pardon !) du papier toilette. De plus, il ne songe même pas à devenir artiste [...] »;

- Zehlendorf-Mitte, le 29 septembre 1918 :
« [...] je travaille à une allure folle, comme obsédé par ma tâche. En ce moment j'en suis à ma 80ème gravure, une grande plaque qui représente une ‘Marine'; elle n'est pas encore achevée, je réfléchis encore à une nouvelle solution.
Je ne cesse d'avoir une foule de nouvelles idées qui ne demandent qu'à voir le jour [...] » etc.
Certaines lettres sont illustrées de bois gravés par l'artiste, deux bois sont rehaussés à l'aquarelle par Feininger.
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