Lot n° 534

HENRI III. L.S. « Henry », Dolinville [près Montlhéry], 15 octobre 1580, à Jacques de Germigny, gentilhomme ordinaire de sa chambre, son agent près la Porte du Grand Seigneur ; contresignée par le secrétaire d’État Pierre Brulart ;...

Estimation : 1 500  -  2 000 
Adjudication : 2 560 €
Description
2 pages in-fol., adresse avec sceau aux armes sous papier..Importante lettre diplomatique, parlant de l’Empire ottoman et de ses visées contre la République de Venise, de l’Union ibérique et de la prochaine fin de la 7e guerre de Religion.
Depuis leur dernier échange de lettres, où il était question d’un désaccord entre Germigny et l’agent du Roi Catholique, et des « obseques du Baille des Venitiens », il compte que Germigny aura rattrapé la faute ; il est bien aise qu’une paix se négocie « dentre le Grand Seigneur et le Persien », depuis la défaite de 30 000 Turcs du côté de Provence. « Je seray dautre part bien marry si les preparatifs dun armement de mer que veult faire led. grand Seigneur se destine pour faire entreprise sur la Srie de Venize, et leur oster Candye ou Corfou, car luy estant conjoinct dune estroicte amitié comme je suis, je participeray tousjours aux calamitez quelle recevra, comme aussy ressentiray je grand contantement de l’heur et prosperité de ses affaires, vous priant que comme vous y avez bien commancé, vous essayez par tous moyens possibles de divertir loraige que lon vouldroit faire tomber sur ceste Republicque la, de laquelle jayme le bien et la conservation comme de mon propre Estat. Je croy que vous aurez eu par dela de long temps la nouvelle du succes des affaires de Portugal, qui est le plus heureux et favorable que eust sceu desirer le Roy Catholicque mon bon frere, se voyant au jourdhuy maistre de Lisbonne, et de plusieurs autres bonnes villes dud. Royaume et de tous les portz, de sorte que dedans peu de temps, il sen pourra dire Roy autant absolut et paisible qu’il peult estre en Espaigne, estant assez ayse a juger que une telle accession de grandeur qui luy a este facilitee par la tresve quil a faicte avec led. grand Seur, luy donnera beaucoup de moyen dentreprendre cy apres a son prejudice les costes de Barbarye et autres lieux, ce que vous remonstrerez par dela aux occasions qui sen pourrant presenter, pour leur faire toucher au doigt et a lœil a quel grand detriment leur peult revenir ceste grandeur »… Quant aux troubles en son propre royaume de France, « a mon grand regret, j’ay esté contrainct de lever des forces pour reprimer l’audace et rebellion de ceulx de la religion pretendue refformee qui se sont eslevez contre moy, lesquelz ont ja senty la puissance de ma main »… Affaiblis de tous côtés, et notamment depuis la reddition de La Fère en Picardie, « ilz monstrent avoir quelque volunte dentendre a une pacifficacion pour laquelle mon frere le duc d’Anjou suivant le pouvoir que je luy en ay donné se doibt assembler avec mon frere le Roy de Navarre dedans peu de temps, ayant envoyé les Srs de Bellievre et de Villeroy pour estre aupres de mond. frere, et semployer en ceste negociacion de laquelle je verray quel fruict il se pourra tirer, et cependant les gens de guerre que jay en Guyenne, Daulphiné et Languedoc ne laisseront de faire progres et de continuer leurs exploictz de guerre jusques a ce qu’il ayt esté pris une bonne conclusion sur le faict de lad. paix »…
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