Lot n° 475
Sélection Bibliorare

BOILEAU-DESPREAUX (Nicolas) — Manuscrit autographe de la Lettre de Monsieur Arnauld à Monsieur Perrault au sujet de la Dixième Satire de Monsieur Despréaux. — [5 mai 1694]. — Grand in-4 (30,5 x 24,5 cm), maroquin grenat au chiffre JM à...

Estimation : 8 000 - 12 000 €
Adjudication : 5 000 €
Description
froid sur les plats, cadre intérieur à double filet doré et filet à froid, tranches dorées, chemise et étui (André Ballet, J. Duval rel. et H. Berthaux dor.) — 34 p. sur 17 ff. in-4 (22 x 16 cm) numérotées de main ancienne, 1 f. bl. — Le manuscrit est monté à fenêtre dans des feuillets de papier vergé.
Importante copie, entièrement de la main de Boileau, de la lettre écrite par Antoine Arnauld à Charles Perrault après la lecture de son Apologie des femmes. Cet ouvrage attaquait la Satire X de Boileau contre les femmes ; Arnauld écrivit cette lettre pour tenter de réconcilier les deux adversaires qui s'affrontaient dans la Querelle des Anciens et des Modernes.

Boileau se faisait le défenseur des Anciens, avec ses Réflexions critiques sur quelques passages du rhéteur Longin où, par occasion, on répond à quelques objections
de Monsieur P*** [Perrault] contre Homère et contre Pindare, tandis que Perrault, chef de file des Modernes, publiait son Parallèle des Anciens et des Modernes. Antoine Arnauld, ami des deux écrivains, était alors en exil à Bruxelles. Il fut consterné par la Préface de L'Apologie des Femmes, poème de Perrault dans lequel il attaquait violemment Boileau à propos de sa Satire X contre les femmes. Arnauld répondit le 5 mai 1694 à Perrault par cette lettre dans laquelle il prenait la défense de Boileau, faisait une magistrale étude de la Satire X, et tentait, au nom de la charité chrétienne et de l'amitié qu'il portait à chacun d'eux, de réconcilier les adversaires. Il confia sa lettre ouverte à un ami de Paris qui la fit lire à Boileau, avant de la remettre à Perrault. Boileau prit soin d'en faire cette copie de sa main. Tout le monde, comme Arnauld, souhaitait la
paix ; Racine et l'abbé Tallemant furent choisis comme médiateurs. Cette « Lettre d'Antoine Arnauld à Charles Perrault sur la Satire X » parut pour la première fois dans l'édition des OEuvres diverses de Boileau de 1701. Le
manuscrit présente des variantes avec le texte imprimé, notamment « un Père Bouhours » qui sera remplacé par « un faux Délicat ». On notera que Boileau avait commencé à traduire en français dans les marges les citations latines,
puis y a renoncé. Il a considérablement raturé et corrigé un passage concernant la lettre de Cicéron à Papyrius Poetus, pour arriver à la rédaction finale : « ils ne passoient point pour deshonnestes selon une de leurs significations dont il apporte plusieurs exemples ». La réconciliation intervint enfin le 30 août 1694, lorsque Boileau et Perrault s'embrassèrent publiquement à l'Académie. Mais le 8 août Arnauld était mort à Bruxelles. Une note ancienne a été inscrite en haut de la première page du manuscrit de Boileau : « Cette lettre fut ecrite au mois de may 1694, peu de tems avant la mort de Mr Arnauld; et c'est son dernier ouvrage. Il l'envoya ouverte à un de ses amis à Paris, afin qu'il la fit lire à Mr Despreaux ; et cet ami en garda une copie avant que de la
rendre à Perrault, à qui elle etoit ecrite. »

─ Provenance :
Jacques Millot (ex-libris, Vente, 17-18 décembre 1975, n° 3).

─ Bibliographie :
Boileau, OEuvres complètes, La Pléiade, p. 575-588.

Taches ou rousseurs, quelques traces de pliure, petite fente réparée au dernier feuillet.
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