Lot n° 534
Sélection Bibliorare

PROUST (Marcel) — Lettre autographe à Albert Flament. — 19 mars 1919. — 7 p. sur 2 bifeuillets in-8, enveloppe conservée.

Estimation : 4 000 - 6 000 €
Adjudication : 6 000 €
Description
Belle lettre autographe signée « Marcel » adressée à Albert Flament (1877-1956), — chroniqueur mondain de la Belle Époque.

Ami intime de Lucien Daudet, Flament est surtout connu aujourd'hui pour des textes illustrés par Georges Barbier tels les fameux Personnages de comédie.
Il s'agit d'une lettre écrite alors que Proust lutte contre la maladie qui allait l'emporter trois ans plus tard.

Ces pages témoignent de la délicatesse de l'écrivain envers ses intimes, et notamment son vieil ami Albert Flament, auquel il s'adresse ici : « Cher Albert, votre nouvelle gentillesse me touche à un point que je ne peux vous dire, que je ne peux pas vous dire non pas parce que je suis trop touché (tout ce qu'on ressent peut s'exprimer), mais votre lettre m'arrive à un moment où, alors qu'à des accidents de santé très préoccupants pour lesquels mon médecin me recommande une tranquillité déjà difficile à elle-même, vient s'ajouter que mon propriétaire a vendu la maison où j'habite à un banquier ». En effet, la décision a été prise de vendre la maison du boulevard Haussmann. Il poursuit : « Ce banquier en veut faire une banque, il expulse donc tous ses locataires, et il me faut sans pouvoir bouger trouver un logis à Paris, en Italie, en Espagne, je ne sais trop où. […] »

Il tient à remercier son destinataire pour son « délicieux petit mot » concernant la préface faite à Blanche pour Propos de peintres, paru le 10 mars 1919. Il mentionne au passage son ami américain Walter Berry. Il termine sa lettre sur l'évocation de leur vieille amitié qui remonte à 1890 :
« Cher Albert, quel bonheur
d'avoir gardé depuis la 20e année cette amitié pour vous en suspens ; je ne veux
pas dire que je n'aurais pas aimé la cultiver, mais quelle chance qu'elle n'ait pas été gelée comme les graines qui ne peuvent plus germer ».

Cette même année 1919, Proust lui adressa un exemplaire de ses Pastiches et mélanges parus à la Nrf, pourvu d'un long envoi.

─ Provenance :
Vente Paris, Beaussant-Lefèvre, 15 avril 1999, n ° 300.

Large tache en pied du premier feuillet, marques d'insolation, traces de pliures.
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