Lot n° 922

LOTI Pierre (1850-1923) écrivain et officier de marine — 8 L.A.S. «Pierre Loti» ou «P. Loti», 1890-1893, à Georges HARTMANN ; 22 pages in8, 4 enveloppes (petite déchirure à une lettre).

Estimation : 800 - 1000
Adjudication : Invendu
Description
Intéressante correspondance sur l'adaptation de Madame Chrysanthème en comédie lyrique, par les librettistes Georges Hartmann et André Alexandre, pour André MESSAGER (créée au Théâtre de la Renaissance le 30 janvier 1893).

26 août 1890, il accepte la proposition avec plaisir : «Rien en pouvait m'être plus agréable que de faire quelque chose avec M. MASSENET pour lequel j'ai une admiration extrême»...

[1891], «à bord du Formidable, Golfe Jouan» : «J'écrirai à CARVALHO, j'irai même le voir s'il le faut [...] je ferai tout ce que vous désirerez pour le succès de notre pièce» ; mais il craint d'avoir commis une erreur fatale, ayant oublié qu'il avait signé les droits de Chrysanthème à un certain Bocage en 1888, qui se rappelle à lui : «j'avais à ce moment-là de terribles préoccupations personnelles». Il propose à Hartmann d'aller voir Bocage et de lui proposer un arrangement «où je sois seul à perdre», en lui cédant une partie, ou même la totalité de ses propres droits sur ce projet. Il est navré et fera tout son possible «pour vous éviter une déception et une perte».

[Toulon octobre 1891], il a eu «une piqûre de mauvaise mouche sur la joue, qui a nécessité des charcutages et m'a donné la grosse fièvre». Il espère que tout cela n'empêchera pas Carvalho de «jeter de suite les yeux sur Chrysanthème»... - Il a dit un mot de «l'affaire Bocage» à MESSAGER, qui n'était pas au courant ; «Je suis désolé si j'ai trop parlé»...

[24 janvier 1893]. Il a demandé à Detroyat des places pour la première de Chrysanthème. «Il m'a répondu que toutes les places d'auteur étaient entre vos mains. Je sais bien que je n'ai pas droit à grand-chose, puisque je n'ai pas collaboré et n'ai même pas eu voix consultative», mais il voudrait en faire profiter sa nièce Mme Duvignau...

[28 janvier 1893]. Il déplore sa lettre «pleine de gros reproches». Il avait vraiment cru de leur part «à une sorte de parti pris de ne pas écouter ma prière pour ces passages, qui me causaient un si grand souci ; je reçois tant d'avanies, d'injures de toutes sortes en ce moment, que je suis un peu excusable, [...] d'être nerveux et méfiant même vis-à-vis de mes amis. Il s'explique sur sa «note de désintéressement» du Figaro qui les a tant contrariés : «j'y ai été forcé par l'attitude de mes chefs maritimes, surtout après cette annonce bête : “que je venais diriger les répétitions”. Vous oubliez que je suis officier et si peu libre de mes actes, et si odieusement jalousé»...

Hendaye samedi [4 février 1893]. Il a reçu avec surprise les 1300 francs, arrachés «aux mains des deux exploiteurs Bocage et Courcy. «Je suis ennuyé et étonné de ce que vous me dites de MM. CALMANN-LÉVY ; depuis la mort de leur père, je n'ai eu qu'à me louer de mes rapports avec eux». Il propose d'arranger ce problème directement avec eux. Il était à Paris jeudi pour les élections de l'Académie et a pu «entendre un acte et demi de Chrysanthème ; j'en ai été tout à fait charmé», et il espère la voir en entier. Il remercie pour l'envoi de la partition et demande un livret...

[Hendaye 13 février 1893]. Calmann-Lévy sera conciliant. «Je suis sûr que tout s'arrangera». Il aimerait accepter la part de droits proposée par Bocage «pour l'offrir à la Société de sauvetage». ...
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