Lot n° 1026

+ MICHEL Louise (1830-1905) — Militante révolutionnaire — 8 L.A.S., suivies ou précédées de L.A.S. de son amie Charlotte VAUVELLE (une d'Achille VAUVELLE), Londres ou Paris 1893-1901, à Alexandre ROY, bibliothécaire à Saint-Lubin en...

Estimation : 1500 - 2000
Adjudication : 2 905 €
Description
Vergonnois (Loir-et-Cher) ; 22 pages in-8, la plupart avec enveloppe (légères fentes à quelques lettres, et quelques traces de fleurs séchées).
♦ Intéressante correspondance sur ses lectures.

Londres 15 avril 1893.
« Votre roman Jane Eyre est charmant en ce qu’il est profondément senti je l’ai lu avec un tel plaisir que j’en ai oublié momentanément l’ennui de vivre par les circonstances actuelles. Ce n’est pas que je me décourage mais je trouve que le grand troupeau humain a terriblement de patience »...

Paris 4 décembre [1895].
« Un mot seulement car je n’ai pas une minute Charlotte et moi nous pensons bien à vous »...

Londres 12 septembre 1896.
« Notre départ est reculé de 8 à 15 jours à cause de l’indisposition subite de Gris qui dirigeait le voyage étant allé plusieurs fois en Amérique »...

Londres 15 octobre 1897.
« Nous sommes trop occupés de vous aujourd’hui pour vous parler de l’Illiade et de l’Odyssée que nous avons reçu avant-hier et qui nous a fait grand plaisir. J’aime mieux vous parler de vous. Avec votre courage et l’habileté avec laquelle se font aujourd’hui les opérations je sais que vous avez bien fait de vous y décider mais nous attendons une lettre sitôt qu’il vous sera possible (un mot seulement pour donner de vos nouvelles). On ne sent jamais si bien toute l’affection qu’on porte à un ami que quand il est malade »...

Londres 23 juin 1898.
« Voici seulement un mot pour vous annoncer l’envoi de l’Histoire de la Communeenfin parue »...

Londres lundi [18 juin 1900].
« Oui tout semble bien horrible mais toutes les agonies sont ainsi. Celle de la vieille société est l’agonie d’une ogresse. Puisse-t-elle cette fois y crever en donnant naissance au siècle nouveau ». Elle a lu Résurrection de TOLSTOI : « je l’ai trouvée si beau que j’y reviens toujours résurrection est le mot vrai qui remplacera la punition du vieux monde »...

Londres 1er avril 1901.
Elle promet de renvoyer à Roy son exemplaire du petit traité avec quelques feuillets pour en contester les règles de prosodie ; son oreille est « assez barbare » pour supporter ce que réprouve l’auteur du traité. Puis elle répond à diverses questions :
« La meilleure méthode d’anglais comme de toutes les langues est celle qui entre le plus dans la vie de celui qui étudie. Robertson ne fatigue pas mais son sultan n’intéresse pas. [...] Sanderson est meilleur pour ceux qui suivent des cours sans avoir autre chose à faire. Il y a eu depuis François Gouin qui procède comme le font les enfants par rassembler autour du fait le plus simple, d’autres faits les forçant à penser dans la langue qu’on veut leur apprendre. Mais pour des personnes comme vous qui ne voudriez pas astreindre votre pensée à ces toutes petites choses [...] voici comment nous procédons. D’abord comme ce sont des anglais il faut qu’ils traduisent beaucoup d’anglais en français. Traduire du français en anglais ne les ferait pas avancer. Nous prenons donc un ouvrage un peu passionnant pour le moment nous avions l’année dernière Résurrection de Tolstoy et Fécondité de Zola traduits en anglais sur lesquels nous lisions en français »... Elle explique sa méthode, qu’elle songe à publier, avec pour objet Ivan le fou de Tolstoi, une ballade, peut-être Travail de Zola, et Le Père Goriot...
« Non le pauvre Gregorieff n’est pas tiré de misère. On met l’annonce de ses leçons de russe, tous les deux ou trois jours dans l’Intransigeant mais il n’a pas de chance »...

19 août [1901].
Elle a lu Quo vadis [de SIENKIEWICZ] « avidement » dans la traduction anglaise qu’on dit la plus mauvaise, « mais je n’avais pas pensé aux phrases je lisais les idées, je vivais ces rencontres en prison entre fanatiques d’une idée ces conversionssoudaines j’en ai vu, j’en vois. C’est donc en pensant à notre idée à nouveau pour Le Monde nouveau que j’avais passionnément dévoré le livre. J’ai donc été heureuse de le relire d’un bout à l’autre. À froid il ne m’a fait la même impression mais il m’en a fait une autre il y a des merveilles de détails sur Rome antique et les caractères vrais suivant l’histoire. Mais la grandeur à perte de vue des premiers temps du christianisme où il n’était pas emmuré de dogmes comme en une bastille n’était plus aussi haute enfin et à travers tout c’est superbe »...

─ On joint un ensemble de :
- 20 L.A.S. de son amie Charlotte VAUVELLE, dont 2 coécrites avec son frère le photographe Achille VAUVELLE,
et
- 8 L.A.S. de ce dernier, 1893-1904, à Alexandre ROY.
Cette correspondance fournit d’autres détails de la vie de Louise Michel : réception de livres et brochures, congestion pulmonaire grave, blessure à la main, brouille avec Janvier, déménagement, espoir d’un secours (par l’intermédiaire de Clemenceau ?), voyages, conférences, envoi d’une photographie de Louise en prison en 1871... Plus des photographies de Charlotte (dédicacée à Roy) et d’AchilleVauvelle.

─ On joint aussi :
- 6 L.A.S. de Jean GRAVE (à en-tête de son journal La Révolte, parlant de Louise Michel, Bakounine, Kropotkine...),
et
- une de G.A. BORDES, à Alexandre Roy.

Biens dépendants de la liquidation judiciaire de la Sté Aristophil.
La tenue de la vente des biens dépendant de la LJ Aristophil sur ordonnance du TC de Paris sera confirmée 48 heures avant sur notre site www.collectionsaristophil.com
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