Lot n° 645

BERTRAND Henri (1773 1844) general, Grand Marechal du Palais, fidele compagnon de Napoleon a Elbe et Sainte Helene.

Estimation : 8 000 - 10 000 EUR
Adjudication : Invendu
Description
75 L.A.S. « Bertrand », « Bert » ou « B. », avril-novembre 1813, à sa femme Fanny BERTRAND ; 80 pages in-4 ou in-8, la plupart à tranches dorées, quelques adresses avec contreseing (onglets, petits défauts à quelques lettres). 

Importante correspondance pendant toute la Campagne de Saxe. Les lettres permettent de suivre la marche de la Grande Armée : Augsbourg, Bamberg, Cobourg, Frohbourg, Freyberg, près Görlitz, Jauer, Seichau près Goldsberg, Sprottau, Koenigsbruck, Zaucke, Malmitz, Sagan, Saalow, Feldheim, Wotterdorf près Wittemberg, Schilda, Torgau, Mockerein, Trebiz, Belgern, Smiedberg, Wartenbourg, Kemberg, Erfurt, Schurnbach près Eisenach, Aschebach près Fulda, Francfort, Hochst, Mayence, Hochheim. S’efforçant de tranquilliser sa femme par des remarques rassurantes sur les camps, les équipages, et les rencontres au hasard de la campagne, Bertrand multiplie les questions et instructions sur des affaires domestiques, mais donne aussi d’intéressants aperçus sur son commandement du 4e Corps de la Grande Armée et sa confiance en Napoléon, et cite en passant de nombreux généraux et maréchaux, dont Morand, Taviel, Vignolle, Rapp, Duroc, Caulaincourt, Mongenet, Morand, Grouchy, Lauriston, Girardin, Sébastiani, Haxo, Le Marois, Macdonald, Bellair, Durosnel, Arrighi de Casanova, Devaux, Nansouty, Kellermann, etc. Nous ne pouvons donner ici qu’un rapide aperçu de cette correspondance. Bamberg 20 avril. « L’Empereur étant sur son depart, tu n’as pu le voir et je partage le chagrin que tu as éprouvé »… Cobourg 23 avril. « J’ai dîné hier chez le prince de Cobourg, nous prenons du thé ce soir chez la Duchesse. J’ai été voir hier le vieux feld marechal Pitt-et-Cobourg. Les chevaux blancs d’un militaire respecté dans les combats, m’ont toujours beaucoup intéressé »… Frohbourg 5 mai. Son Corps d’armée est devenu le 4e Corps, et la division wurtembergeoise l’a rejoint hier ; il lui trouve de bonnes dispositions, et le roi de Wurtemberg « a du caractère, et communique son impulsion »… Freiberg 8 mai. « Nous marchons sur Dresde où nous serons ce soir, je ne sais si l’ennemi voudra défendre cette capitale »… Jauer 2 juin. Il reçut l’ordre hier de s’entendre avec le général ennemi pour suspendre les hostilités pendant les négociations pour la conclusion d’un armistice… Sprottau 10 juin. « Je t’ai mandé hier que j’avois reçu une bonne lettre de l’Empereur. Je ne crois pas en avoir jamais reçu d’aussi flateuse à beaucoup d’égard, elle me dédommage de quelques peines que j’ai éprouvées »… Sprottau 16 juin. Ils ont reçu les Bulletins de la bataille [de Leipzig] : « La bataille a été parfaitement rendue avec clarté et précision et c’est un fort beau bulletin qui m’a fait un vrai plaisir »… 20 juin. « L’Empereur est à Dresde. J’en suis ici à 50 lieues et je n’irai point surement de tout l’armistice. Le gal Guilleminot a remplacé le gal Lorencez qui va bien. Je ne crois pas que le gal Gruyer soit gal de
don mais il aura commandé momentanément »… 6 juillet. Récit d’une partie de chasse de Marmont, duc de Raguse… 22 juillet. Il part faire des manœuvres. « J’ai plusieurs regiments à cette distance, ainsi je suis obligé à des courses qui me font lever matin et excite terriblement comme tu le dis l’activité du gal Delort. Il se porte bien. Je suis toujours très content d’être avec lui, c’est un homme d’esprit, droit et capable, et la singularité de son esprit le rend souvent très piquant »… 24 juillet. « On dit ici que le duc d’Otrante [Fouché] est gouv. gal en Illyrie et le gal Fresia commandant supérieur des troupes »… Malmitz 7 août. Explications sur les circonstances différentes qui permettent à Mme de Lobau de voir son mari, alors que Fanny ne peut venir auprès du sien… Sprottau 10 août. « Le journal annonce la mort du duc d’Abrantès [Junot], quel fin déplorable pour un militaire qui avoit guerroyé toute sa vie »… [Mi-août]. « Nous nous mettons aujourd’huy en mouvement, il est probable que les hostilités recommenceront. Si l’Autriche s’en met ce sera une affaire serieuse, le génie de l’Empereur la debrouillera. Arme-toi de courage »… Camp de Feldheim 31 août.
« Le tems est superbe et nous guerroyons. Nos troupes sont dans les meilleures dispositions. Nous connoissons la dernière victoire de l’Empereur près Meissen [à Dresde]. Là où il se trouve on est toujours sur des succès brillants »… Schilda 8 septembre. « Nous voilà près de l’Empereur, c’est-à-dire à mon gré près de la victoire »… Torgau 8 septembre. « Nous avons eu une affaire peu heureuse [Pirna], ou le 4e corps a souffert – mais il s’y est très bien conduit. Au reste je ne puis dire que je commandois mon corps à cette affaire. Nous nous portons bien sauf le pauvre Cailleux qui a reçu une blessure à la tète que je crois mortelle. L’aide de camp du gal Delort a eu aussi une jambe amputée »… 14 septembre. « M. de Narbonne vient d’arriver comme gouverneur de Torgau, je ne l’avais pas revu depuis l’Illyrie. Je t’écris de chez le Pce de la Moskowa [Ney] qui me charge de le rappeller à ton souvenir et de dire à sa femme si tu la vois qu’il faut de l’ordre dans ses affaires »… 16 septembre. « S.M. est satisfaite de la conduite du 4e corps [à Dennewitz, le 6], quoique nous n’ayons pas été heureux ; les troupes se sont il est vrai battues avec une grande bravoure beaucoup d’ordre et de sang-froid. Il est difficile de voir des soldats mieux tenir au feu et manœuvrer sous la mitraille avec plus de calme. Je n’ai eu qu’à me louer toute la journée des officiers et des soldats. Mais nous avions affaire à forte partie. Peutêtre l’Empereur nous procurera-t-il quelqu’occasion de prendre notre revanche »… Hocheim sous Mayence 4 novembre. « Après avoir été général d’arrière-garde, me voilà devenu gal d’avant-garde. L’Empereur me donne un beau corps et un bon commandement. Je n’ai point de plus vif désir que celui de bien servir l’Empereur et de le contenter »… 5 novembre. « Depuis que j’ai eu l’honneur de dîner avec l’Empereur, j’ai eu aussi l’occasion de voir Sa Majesté plusieurs fois à Weissenfels, Erfurth et ici, elle a daigné me traiter avec bonté et m’a confié un beau commandement, celui de son avant-garde »… Mayence 9 novembre. « J’étais un peu triste de ce que S.M. était partie sans avoir passé la revue de mon corps, mais j’espère que ce qui est différé n’est pas perdu et que S.M. nous enverra de Paris les graces qu’elle a fait espérer au 4e corps »… Général BERTRAND, Lettres à Fanny (éd. S. de la Vaissière-Orfila, Albin Michel, 1979, p. 183-360).
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