Lot n° 677

FÉNELON François de Salignac de La Mothe (1651 1715) prelat et ecrivain, archeveque de Cambrai.

Estimation : 1 000 - 1 500 EUR
Adjudication : 1 300 €
Description
L.S. « Fr. Arch. Duc de Cambray » avec post-scriptum autographe, Cambrai 25 février 1699, [à Michel CHAMILLART] ; 7 pages in-4 (dont ¾ autographe). 

À propos d’une contestation sur un arrêt de 1620 concernant la possession par le diocèse de Cambrai de l’abbaye de Solesmes. Fénelon ne met pas « en doute la sentence de la Cour souveraine de Mons, qu’on voudrait croire fausse. Rien ne permet de la soupçonner dans toutes ses circonstances. Il est de notoriété publique dans tout le païs que la sentence a été effectivement renduë a Mons. Il n’est plus question que de savoir si cet acte est le veritable. Mais il est hors de doute que le veritable doit être conçu à peu pres de même que celui qu’on veut contester. La mémoire de cette sentence renduë est encore recente. Il reste des hommes vivants qui ont connu le Greffier Bourgeois, les Avocats et les Procureurs qui ont travaillé dans cette affaire. Les enfans des Conseillers de ce tems la se souviennent encore de leur en avoir ouï parler. Le Greffe est plein de signatures du Greffier Bourgeois. Il ne faut pas s’étonner que cette sentence ne se trouve point sur un registre. Il est constant qu’en l’an 1620 la simplicité flamande se passoit de cette precaution d’enregistrer les sentences […]. Cet acte étoit entre les mains d’un Archidiacre de notre Metropole petit neveu d’un St Archevêque qui avoit fait rendre la sentence, et dont la mémoire est en benediction dans toute la Flandre »… Tout le clergé de la province accuserait Fénelon d’abandonner les droits de l’Église s’il mettait en doute un acte qu’on croit authentique ; on doute plutôt de l’avis des experts de Paris… Fénelon projette plutôt de faire examiner cet arrêt par les experts du pays, en le comparant à d’autres pièces au greffe de Mons… Autre chose : « Vous trouvez que la proposition que j’avois faitte pour un accomodement, ne tient pas les choses en egalité entre l’Eglise de St Denys et la nôtre. D’un costé, dittes vous, Mr DAGUESSEAU auroit un pouvoir pour condamner l’abbayë de St Denys, et de l’autre il n’en auroit point pour condamner l’Eglise de Cambray. Ainsi faute de pouvoir on feroit une negociation inutile et on perdroit un têms precieux »… Pour Fénelon, l’égalité serait parfaite : d’Aguesseau n’aurait aucun pouvoir absolu en qualité de juge de rigueur, mais sa sagesse susciterait la déférence et éviterait un procès… Fénelon a proposé une simple négociation amiable pour ne pas froisser le clergé flamand « jaloux de ses droits » ; en les faisant entrer en négociation, « les avis de M. Daguesseau me serviroient de tiltre pour les mener aux expediens, et pour leur inspirer la deffiance de nôtre cause que vous souhaittez »… Il est sûr qu’ils parviendront rapidement à un accommodement, et si on avait accepté cet expédient lorsqu’il le proposa, tout serait fini. Mieux vaut adjoindre à d’Aguesseau un seul des deux magistrats proposés. Fénelon met en garde contre le risque de perdre comme garant le prince de BERGUES, héritier de son oncle archevêque qui a fait l’acquisition de Solesmes… Il ajoute de sa main son intention de ne pas écrire au duc de BEAUVILLIER, « pour n’interrompre pas un silence que je garde
depuis longtems a son égard. Mais j’espere que vous aurez la bonté de lui faire part de cette lettre, qui lui rendra compte de cette affaire et de ma conduitte. […] vous voudrez bien la lui communiquer d’abord, et afin qu’il soit au fait, avant qu’on lui parle. On ne peut vous honorer avec plus de zele que je le ferai toute ma vie. » Correspondance de Fénelon (éd. J. Orcibal), t. VIII, p. 448, n° 585.
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