Lot n° 194 
Sélection Bibliorare

ROUSSEAU Jean-Jacques (1712-1778) MANUSCRIT autographe, De la gr. Tartarie de la Chine et du Japon …

Estimation : 6 000 - 8 000 EUR
Adjudication : 8 450 €
Description
ROUSSEAU Jean-Jacques (1712-1778)
MANUSCRIT autographe, De la gr. Tartarie de la Chine et du Japon ; 12 pages inégalement remplies sur 10 feuillets in-4, sous chemise titrée par Mme Dupin (mouillures).
Notes sur les femmes en Tartarie, en Chine et au Japon, avec corrections de Madame Dupin.
Ces notes se rattachent à l'ouvrage sur les femmes que Rousseau entreprit dès 1746 et jusqu'en 1751 pour sa protectrice Madame Louise DUPIN de Chenonceaux (1706-1799), et qui ne vit jamais le jour. Écrites avec soin à l'encre brune sur la moitié droite des pages, avec quelques ratures et corrections, et sur la moitié gauche quelques références bibliographiques, elles présentent plusieurs corrections interlinéaires et additions autographes de Mme DUPIN, qui a également rédigé le titre sur la chemise
Les sources indiquées par Rousseau sont l'«Hist. Orient. Mendez Pinto», probablement la traduction espagnole des voyages du Portugais Fernão
Mendes Pinto (1514-1583), Historia oriental de las peregrinaciones de Fernan Mendez Pinto (Madrid, 1620) ; la Description géographique, historique, chronologique, politique et physique de l'Empire de la Chine et de la Tartarie chinoise (1735) du jésuite français Jean-Baptiste
Du Halde (1674-1743) ; et l'Histoire naturelle, civile et ecclésiastique de l'Empire du Japon de l'Allemand Engelbert Kæmpfer (1651-1716).
«On trouve dans l'histoire de la grande Tartarie parmi les successeurs de Gen Ghiz Can plusieurs Princesses qui ont donné à leurs maris le titre de Can. [...] L'administration des biens chez les Tartares est ordinairement entre les mains des f. Les h. ne se mèlent que de la chasse et de la guerre. Les f. la font aussi quelquefois. Dans une bataille que le Caldan
Roy Tartare perdit en 1696 contre l'Emperr de la Chine la f. du Caldan fut tuée. Il faloit donc que cette Princesse se fut trouvée au combat. le P. du Halde a traduit quelques titres Tartares par celui de Comtesses, mais on sait bien que ces titres ne sont pas tels et ne sont point séparés de certains emplois qui donnent un grand pouvoir dans les païs dont nous parlons. Le même auteur fait mention d'une comtesse de la Tartarie occidentale, qui vint sur le chemin au devant des Envoyés de l'Empereur.
Elle régalé ces Envoyés d'un repas préparé à la mode Tartare et leur offrit à chacun deux chevaux qu'ils acceptèrent en lui fesant en revanche quelque autre présent». Mme Dupin a biffé la fin de la page de Rousseau, et rédigé en marge une nouvelle conclusion : «Cela donneroit assés naturellement l'idée d'une f. constituée en dignité, et revestue de l'autorité avec laquelle on fait les affaires et les honneurs d'une province mais cela n'est pas + clairement expliqué».
«Il y a eu des f. sur le Trône de la Chine comme Princesses régnantes, et comme Usurpatrices, ce qui suppose d'un côté le droit de succeder ; et de l'autre le pouvoir de faire reussir une injustice avec la force»... Du
Halde fournit quelques éléments concernant les Régentes en Chine, et aussi sur les Impératrices, dont la mère de l'empereur Tchang-ti : «Ce prince excité par quelque courtisans vouloit êlever à de hauts rangs la famille de sa mére. Cette Princesse s'y opposa par des motifs dont on peut admirer la sagesse dans ces déclarations, il paroît que sur le refus de sa mère l'Empereur n'osa passer outre»... Une note concerne les études et la culture de certaines dames chinoises... Anecdote sur une «Amazone chinoise» à la tête d'un corps expéditionnaire de «la province de Set-chuen». Mme Dupin ajoute : «Dans la province de Yunnon les f. vont et viennent librement». La suite est de Rousseau : «Ainsi dans touttes les Provinces de la Chine on n'est pas également dans l'usage de lier les pieds des f. pour les empécher de marcher ni de les enfermer dans les maisons où elles n'apperçoivent qu'à travers des paravents d'autres humains que leurs époux»...
Sur le Japon, d'après Kæmpfer : «Les successeurs des prs Empereurs ont conservé les titres et la puissance Ecclesiastique, de sorte que sous le nom de Dayri, ils sont comme les Papes du Japon ; et cette dignité est demeurée hereditaire selon le degré sans distinction de sexe. La dernière de ces Imperatrices dont on fasse mention est montée sur le Trône en 1630 : elle a régné 14 ans, après quoi elle se démit volontairement de la Couronne en faveur de son frére puisné.
[...] plrs f. de cette cour se sont fort distinguées par les Lettres et par les Sciences, et ont acquis de grands noms par leurs ouvrages et de prose et de poësie»
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