Description
gaufrés à son chiffre couronné, enveloppes. « permetteZ-moi, très cher ami, De vous présenter par ces Lignes à maDame La princesse caroLyne Wittgenstein qui compte passer une quinzaine de jours à Paris. Par les Poèmes de la mer [recueil de Joseph Autran paru en 1852], et l'amitié que je vous garde, vous êtes déjà fort en relation avec elle et je suis persuadé que vous me saurez bon gré d'avoir rapproché davantage votre connaissance avec un esprit aussi rare,et un si nobLe et haut caractère ! Depuis nombre D'années je ne sépare pas ma vie De La sienne et elle vous dira ainsi au mieux combien sincèrement je vous reste affectionné et dévoué d'amitié... » la Princesse zu sayn-Wittgenstein, seconde muse de liszt, après Marie d'Agoult : aristocrate polonaise née Carolyna Ivanovska (1819-1887), elle avait épousé un officier allemand au service de Russie, le prince Nikolaus zu Sayn-Wittgenstein. Elle rencontra Liszt à Kiev en 1847 lors de la dernière tournée de pianiste virtuose de celui-ci, et, fascinée, l'invita chez elle à Woronince près de Kiev (actuellement Voronivtsi en Ukraine). Elle s'installa ensuite avec lui à Weimar en 1848, et demeura sa compagne jusqu'en 1861 : polyglotte, très cultivée, d'une profonde religiosité, elle exerça une forte influence sur Liszt dont la musique évolua progressivement vers le mysticisme. La princesse ne parvint pas à régulariser sa situation au regard de la religion, échouant à obtenir du pape le divorce, et Liszt en perdit sa situation à la Cour de Weymar (1858). Quand le prince mourut, il était trop tard : Liszt s'était tourné vers la religion et était entré dans les ordres. JointunelongueetimPortantecorresPondancedelaPrincesseévoquantliszt,autran,leurs«ProJetsdantesques», leurs reuvres :- Weimar, 1er mai 56 : « ... J'ai de la peine à me persuader que nous sommes encore inconnus l'un à l'autre, tant Liszt m'a souvent parlé de son amitié pour vous. N'a-t-elle point d'ailleurs un monument dans ses reuvres ? vous souvient-iL Des quatre éléments, ces ch&urs qu'il a composés depuis si longtemps [en 1844-1845, sur des poèmes de Joseph Autran], et que vous entendrez peut-être quelque jour, si sa destinée le ramènera en France ? Ils forment le pendant (quoique plus développés et conçus sur une plus vaste échelle aux chreurs des forgerons que Lamennais avait écrit pour lui [le chreur d'hommes Le Forgeron, composé en 1845 sur un texte de Lamennais]. que De fois aussi LisZt ne m'a-t-iL pas entretenu De vos projets dantesques. iLs n'ont point été stériLes, car iL parachève maintenant une granDe symphonie Dont Les Diverses parties se rapportent aux trois granDes Divisions De la d[ivina] comedia . Les difficultés poétiques et l'inconvénient des traductions l'ont décidé à traiter ce sujet d'une manière purement instrumentale, se contentant de terminer son reuvre par un des cantiques de l'Église, dont la langue est de tous les pays, et que Dante suppose être celle du Paradis. son activité De compositeur a été proDigieuse Dans ses Dernières années. Il est malheureusement encore plus difficile de parler musique que peinture ; elle se laisse encore moins décrire, et je ne pourrais que faire une assez sèche énumération en vous citant sa symPhonie de faust, ses messes, ses concertos, ses rhaPsodies hongroises, ses harmonies Poétiques et religieuses , ses années de Pèlerinages, ses fugues pour orgue, &c. &c., mais Le pLus consiDérabLe De ses xuvres D'orchestre étant une série De Poèmes symPhoniques, dont il a indiqué les données poétiques dans leurs préfaces. Je me permets de vous envoyer celles-ci, comme elles ont été imprimées au fur et à mesure qu'on les a exécutés ici aux concerts de Cour... J'ajoute... que La fonDation g&the [initiée par Liszt] sera probablement en vie d'ici à un an deux ans, et que wagner est devenu déjà populaire en Allemagne malgré l'inévitable opposition que tout artiste de génie rencontre de son vivant... LisZt... compte faire paraitre à paris L'hyver prochain un voLume sur les Bohémiens et leur musique qu'il ne manquera pas de vous faire tenir en premier lieu... en septembre, iL est obLigé D'aLLer en hongrie pour Diriger L'exécution D'une granDe messe qui lui a été commandée par le cardinal primat, à l'occasion de la consécration d'un cathédrale, la plus ancienne du pays, qui vient d'être restaurée et qui sera rendue au culte avec une grande pompe, la présence de L.M., de bien des princes de l'Église et du monde. D'ici là Liszt ne quitte pas Weymar pour terminer quelques ouvrages qui doivent être exécutés cet hyver à Berlin... Plus d'une de ses amies de France ont fait la charmante surprise à Liszt de venir le voir dans son hermitage. Ne voudriez-vous lui faire aussi cette joie ?... Vous trouveriez ici la plus complète des villégiatures, en même temps qu'une Cour très aimable et prévenante, une légation de France, un ami dévoué que vous rendriez heureux, qui vous ferait entenDre La musique Des enfers et Des cieux et ceLLe De toutes Les régions interméDiaires sur son granD instrument Dont vous aureZ vu Le sosie à L 'exposition De paris (Piano liszt à quatre cLaviers)... » - Weimar, 25 mai 56 : « J'avais chargé une de mes amies à Paris de vous faire tenir... les deux ouvrages de Liszt que je croyais se trouver chez elle ; ne les ayant plus, elle vous a envoyé le choPin[l'ouvrage de Liszt F. Chopin, paru en 1852] auquel je n'avais pas songé... weymar est Devenu maintenant Le foyer D'une granDe Littérature musicaLe comme il avait été jadis le centre du grand mouvement littéraire de l'Allemagne. Le granDDuc actueL y a offert à Des hommes teLs queLisZt, berLioZ, wagner... un point D'appui à Leur Levier, comme autrefois Charles-Auguste avait fait pour Grethe, Schiller, et leurs illustres contemporains. LisZt fut Le premier à réunir en faisceau Des rayons encore épars, à former écoLe ; il est maintenant, je ne dirais pas le chef, mais le moteur de ce mouvement qui va grossissant de ce coté du Rhin... Votre Paris, qui finira bien par ouvrir les portes de son Institut à ce titan de Berlioz... j'ai eu bien Du pLaisir à vous entenDre nommer DeLacroix, DontLisZt Dit "c'est un Des nötres", en montrant ses pages sur le beau, et en appellant à ses toiles, ces illustres illustrations de ses doctrines, logique monumentale du génie qui en fait de preuves fournit des chefs-d'reuvre... » - Weimar, 20 juin 1856 : « la vie rurale... nous est arrivée [recueil Poétique de JosePh autran]... Pour combien de charmans instants n'avons- nous pas à vous remercier. Quelle douce émotion réveille... le portrait de Clairon qu'on croirait de Greuse... L'amitié que LisZt vous porte L'engage certainement à accepter votre aimabLe invitation, et il me sera bien agréable de faire la connaissance de Mme Autran et la votre, de vous entendre lire vous-même quelques-uns de ces beaux vers qui vous ont déjà charmés, ceux par exemple que vous adressiez à Liszt et que nous retrouvions dernièrement encore dans votre volume...