Lot n° 123
Sélection Bibliorare

[Pierre-Augustin Caron de beaumarchais (1732-1799)]. Correspondance autographe entre sa femme …

Estimation : 2 000 - 2 500 EUR
Adjudication : 3 840 €
Description
[Pierre-Augustin Caron de beaumarchais (1732-1799)]. Correspondance autographe entre sa femme Thérèse de Beaumarchais (7 lettres), sa sœur Julie Caron de Beaumarchais (1 lettre), et sa maîtresse Amélie Houret, comtesse de La Morinaie (2 lettres), 1790-1797 ; 26 pages in-8, quelques adresses. – Copie en grande partie autographe par la comtesse de La Morinaie de sa correspondance avec Beaumarchais et d’autres amants ; 138 pages in-fol.
Important ensemble de correspondance de Beaumarchais, sa femme et sa sœur, avec sa dernière maîtresse
[Amélie Houret de La Morinaie devint en 1787 la maîtresse de Beaumarchais, qui la logea chez lui, formant « avec elle un second ménage, en cohabitation avec son épouse légitime » (M. Lever). Elle mourut quelques mois après lui. La veuve racheta alors la correspondance de Beaumarchais et la détruisit. Cependant des copies permirent à Édouard Fournier de l’inclure dans son édition des Œuvres complètes de Beaumarchais (1876), non sans censurer les passages trop libres. Les présentes copies ont été établies par Amélie elle-même, probablement en vue d’une publication. Ces documents permettent de rectifier le nom de cette maîtresse, La Morinaie et non La Marinaie.]
* Thérèse de Beaumarchais à Amélie. Magnifique correspondance de l’épouse à la maîtresse, faisant valoir son désir de maintenir la paix dans son ménage, et lui reprochant ses indiscrétions, ses fantaisies, ses tracasseries troublantes pour son « ami ». Nous citerons quelques extraits d’une longue lettre écrite vers 1790, sur la volonté d’Amélie de cohabiter avec les Beaumarchais : « ces rapprochements sont très rares, parce que la société les a regardés comme monstrueux : sur un exemple qu’on peut produire de la bonne harmonie de ces sortes de liaisons, vingt autres en attestent l’incohérence et le vice, par le trouble quelles occasionent, par le scandale quelles font naître. […] si l’arrangement actuel a des inconvenients celui que vous vous proposés tous deux en a de bien majeurs : gardés vous d’y rien changer – et souffrés que j’aye la raison qui vous manque […] : la celebrité de votre ami, le genre de persecution qu’il a eu a repousser, celui de quelques unes de ses connaissances la multitude des malveillants qui l’epient et le jalousent, sont autant d’entraves insurmontables, qui doivent vous faire une loi de n’y jamais songer. Depuis trois ans cette liaison a toute la publicité qu’elle devait avoir »…
* Julie Caron de Beaumarchais à Amélie. Abbaye Saint-Antoine 23 septembre 1790. Remerciements pour les cadeaux que son frère lui a remis, et compliments sur son esprit. « Il me semble même que vous ne seriés pas fachée d’avoir aussi de grands ennemis et qu’on vous contestat beaucoup de choses, pour avoir droit de vous montrer en lice »… Tant d’énergie et de courage dans l’esprit, d’élévation dans l’âme, « sont la terreur des gens simples », comme elle…
* Amélie à Mme de Beaumarchais. 5 janvier 1792. « Ignorante en usage, en politique, en moral même, je ne sçais rien qu’en sentiment, pour beaucoup d’individus. Ma sensibilité n’est que de l’exaltation ma franchise de l’étourderie, mes affections une fievre chaude. Mais […] ces individus s’accordent tous sur la bonté de mon cœur »…
* Amélie à Beaumarchais. 7 frimaire le matin. Les Turcs ont plusieurs femmes, mais ils ne les laissent pas mourir de faim et de froid : « Ah ! je fus une sublime sotte, et vous en abusés »… Elle réclame un revenu. «Vous voulés que les femmes soyent fidelles, et vous ne voulés pas les rendres heureuses. Le cte Almaviva en négligeant sa femme la combloit de présents – sait-on gré du superflu a qui refuse le nécessaire ? Vous, mon ami, vous laissés votre maîtresse manquer de l’un et de l’autre »…
* Copie de la correspondance d’Amélie avec ses amants. Une première série de lettres sont écrites par un M. de Pontois, amant d’Amélie de 1776 à 1787, date de sa mort. Suit la correspondance avec Beaumarchais, de 1787 à 1792, comprenant 14 lettres de Pierre et 9 d’Amélie. Citons cette lettre de Beaumarchais du 3 avril 1788, dans laquelle il parle de son mariage : « Sois tranquile, ma beauté, cœur de mon cœur. Il y a sept ans que ma ménagere n’est plus ma femme. Ô ! l’épouse de mon cœur je n’en ai pas d’autre que toi. Tu me fais l’honneur, belle Amélie de me montrer un peu de jalousie. Ah ! montre m’en beaucoup. Tu ne sçais pas le bien que tu me fais »… Citons encore cette autre lettre (Mardi matin 1788) : « Penses tu n’être qu’une femme pour moi ? Ta beauté, ta forme, ton sexe sont les intermédiaires entre ta belle ame et la mienne. Nos corps doux instruments de nos jouissances, n’auroient que des plaisirs communs, sans cet amour divin qui les rend sublimes. Crois ton amant, céleste amie. Quand on a le bonheur d’aimer, tout le reste est vil sur la terre »… Amélie, dans de très longues lettres, mêle des déclarations d’amour et de dévouement, des plaintes sur sa situation, des citations de La Nouvelle Héloïse et des provocations suscepti
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