Lot n° 186

Victor HUGO. L.A., Marine Terrace [Jersey] 8 mars [1853], à Delphine de Girardin ; 4 pages in-12 …

Estimation : 1 000 - 1 500 EUR
Adjudication : 1 152 €
Description
Victor HUGO. L.A., Marine Terrace [Jersey] 8 mars [1853], à Delphine de Girardin ; 4 pages in-12 remplies d’une petite écriture.
Belle lettre d’exil, après le succès de Lady Tartuffe (comédie de Mme de Girardin, créée au Théâtre-Français le 10 février 1853)
« Je ne sais plus que faire, mes lettres vous arrivent-elles ? […] Je prends le parti de vous écrire directement, et tout bêtement par la poste à la grâce de Dieu et à la garde du Diable ! Que la police de M. Bonaparte soit clémente de ces quelques lignes ; je ne parlerai ni d’elle, ni de lui. Quelle bonne chose que l’exil quand on joue en France toutes les comédies qui ne sont pas de vous, mais quelle triste chose quand on y joue Lady Tartuffe ! Je vous avais écrit dans la joie du succès. Je vous envoyais mon bravo et mon applaudissement – et penser qu’ils ont probablement intercepté cela ! Faut-il qu’ils soient bêtes ? Qu’y a-t-il de commun entre un applaudissement et eux, entre l’enthousiasme et eux, entre la gloire et eux ? – Mais pardon, j’avais promis de n’en point parler. Donc, face à face avec ce régime, vous continuez l’esprit, la lumière, la poésie, le succès, les grandes traditions de la pensée et de la France. Je vous en remercie au nom de toutes deux. On me dit le succès de Lady Tartuffe immense. L’autre jour, jouant avec l’avenir, c’est le jeu favori des proscrits, je disais : qui sait ? Nous serons peut-être à Paris avant que les représentations de Lady Tartuffe soient finies. – Victor m’a dit : – Cela ne prouverait pas que l’empire durera peu. – Je vous envoie le mot »… Il assure son amie de leur admiration et leur affection : « Quand je pense à la France, et c’est toujours, je pense à vous. Il semble que vous soyiez pour moi une partie de la figure de la France »… Il rappelle sa promesse de venir à Jersey : « Vous verrez ma petite cabane sur laquelle viennent écumer, sans lui faire peur ni trouble, la mer et la haine. Ce sera charmant de vous voir ; nous mettrons en commun chacun ce que nous avons, vous vos trompettes et votre splendeur, moi ma solitude et mes rêves : vous échangerez votre Paris contre mon océan. Et puis vous me permettrez de vous aimer sous les deux espèces, comme une charmante femme et comme un grand esprit »…
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