Lot n° 196

Isidore ISOU. Manuscrit autographe, Le Lettrisme et le langage, [janvier 1946 ?] ; 10 pages …

Estimation : 2 000 - 3 000 EUR
Adjudication : 3 328 €
Description
Isidore ISOU. Manuscrit autographe, Le Lettrisme et le langage, [janvier 1946 ?] ; 10 pages in-fol. (bords effrangés, avec quelques petits manques).
Important manifeste du lettrisme.
Brouillon très raturé et corrigé, à l’encre bleu-nuit, avec deux pages au crayon. Texte probablement destiné à être lu à la « Première Manifestation Lettriste », le 8 janvier 1946, à la Salle des Sociétés savantes, et qui deviendra la Première Lettre aux Lettristes, sous une forme très différente et condensée.
Le titre donné par Gabriel Pomerand à sa conférence, De Homère au lettrisme, résume « l’histoire du langage. De Homère jusqu’à nous la poésie, comme les hommes, a employé les mots pour toucher l’attention des autres, pour frapper la mémoire et l’intelligence quotidienne ». Mais la poésie se heurtait à l’obstacle de la langue et devait être traduite pour passer dans une autre langue… « Le poète fut jusqu’à la création du lettrisme l’expression d’une nation, le guerrier d’un peuple, le chiot d’une race. […] le créateur restait enfermé dans ses frontières, prisonnier de sa condition littéraire. Mais le lettrisme vient pour ouvrir largement les portes, pour faire éclater le corps même dans lequel la poésie s’était incrustée pour des siècles mais non pour toujours. […] Nous vous apportons un nouveau genre de fraternité, d’égalité, de liberté. Nous vous apportons une nouvelle république des lettres pour tous les citoyens du monde. […] C’est une Internationale de communication directe entre les hommes […] Un amour pour de nouvelles sonorités, pour des chocs inattendus de voyelles, pour les lettres inconnues d’une langue, comme un amour pour des paysages jamais vus. […] Le lettrisme devient ainsi un élargissement de la mentalité humaine […] Un poète devient, ainsi, celui qui crée la communion entre les hommes et ces instruments de chaque jour que sont les langages. […] Le poète lettriste devient un pont qui relie les langages […] le lettrisme est une nouvelle langue, ouverte à tout ignorant, une nouvelle langue qui résume l’essentiel de tous les autres »… Etc.
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