Lot n° 200

Isidore ISOU. Manuscrit autographe, Sur la nécessité historique du lettrisme ; 12 pages in-4 …

Estimation : 2 000 - 2 500 EUR
Adjudication : 4 096 €
Description
Isidore ISOU. Manuscrit autographe, Sur la nécessité historique du lettrisme ; 12 pages in-4 à l’encre ou au crayon (quelques bords effrangés et petites déchirures sans manque).
Important texte sur l’histoire de la poésie aboutissant à l’avènement du lettrisme.
« Des tracts ont été lancés dans le Quartier Latin, et quelques bagarres préliminaires annoncent déjà l’apparition d’une nouvelle poésie. […] Après le romantisme, le symbolisme, le dadaïsme et le surréalisme, le nouveau mouvement apporte son message et sa construction. […] Une analyse du passé est inévitable. On divise l’histoire de la poésie en deux grandes parties. Une période qui s’étend de Homère à Baudelaire et que nous appelons la période amplique, et la période qui commence avec Baudelaire et va jusqu’aux surréalistes c’est une période ciselante. La première phase possède devant soi la réalité poétique sans aucune concurrence, tout est neuf et à la portée de tout constructeur. […] Mais un certain jour tous les prétextes à des poèmes sont consumés, toutes les palpitations à des beautés extérieures deviennent usées […] C’est ici à ce moment qu’apparaît Charles Baudelaire. Il comprend, que faire appel à des tendances étrangères à la poésie est inutile. La poésie doit tirer sa puissance de ses éléments mêmes. […] ce qui intéresse avant tout est la recherche et la découverte des possibilités intrinsèques du poème. Il nous fait palpiter pour la première fois à des rencontres de vers, à des images. C’est à une nouvelle sensibilité qu’il désire nous éduquer. […] De Baudelaire c’est vers cet idéal d’une plus profonde ciselure que la poésie évolue. […] Mais si Baudelaire crée le poème parfait, le poème en soi, Verlaine après lui pousse en avant la profondeur et la ciselure. […] Plus tard l’action de Rimbaud sera située comme celui du premier désespéré. Après Verlaine et le perfectionnement du vers où aller en avant, où continuer ? Il détruira le vers et la phrase poétique […] Voyant et voyou, il abandonnera la poésie, par impuissance de faire plus […] La poésie de Mallarmé (et de son disciple Valéry) est une poésie des mots. Après mes mots de quel côté pousser la recherche ? […] Dada désire détruire les mots, les paroles, les notions. Dada et son appendice le surréalisme »... Mais vient le Lettrisme, qui découvre « la beauté des lettres. […] Les lettres ont une certaine sonorité qui nous enchante, il y a le charme de certains mots sans aucun sens, il y a l’émotion ressentie devant certaines onomatopées […] La poésie des lettres n’est pas épuisable dans les 24 lettres. Il y a des lettres nouvelles sans signes. Les crépitements, les gargarismes, les hoquets, les expirations, les aspirations. Nous avons découvert jusqu’à présent 17 lettres nouvelles. Nos poèmes n’ont aucune signification si on les lit, mais seulement si on les récite à haute voix ». Et Isou d’examiner les rapports entre la musique et le lettrisme, citant Strawinsky, Schönberg, Satie, Russolo, pour affirmer que « le lettrisme est plus musical que la musique nouvelle qui est une destruction de la musique […] le créateur lettriste sera poète et musicien. Il récitera ses poèmes, il dirigera ses symphonies. Pour la première fois on réalise la fusion complète de la poésie et de la musique. […] Le lettrisme apparaît comme une richesse inépuisable et sans comparaison. […] Le lettrisme vaincra parce qu’il est nécessaire, parce qu’il s’élève avec l’évolution et le progrès de l’art »…
Partager