Lot n° 279

Eugène SUE (1804-1857). 31 L.A.S. (la plupart des initiales), 1838-1853, à Delphine de …

Estimation : 2 000 - 2 500 EUR
Adjudication : 2 560 €
Description
Eugène SUE (1804-1857). 31 L.A.S. (la plupart des initiales), 1838-1853, à Delphine de Girardin ; environ 64 pages in-8 ou in-12, 4 adresses.
Intéressante correspondance, d’abord littéraire et amicale, puis de son exil à Annecy. Nous ne pouvons en donner qu’un aperçu.
1838. Au sujet de son roman Arthur : « Combien je vous remercie, madame, de l’excellente et charmante idée que vous m’avez donnée, et qui me rend à cette heure très orgueilleux de mon livre qui lui devra sa valeur, j’ai changé toute la fin, et comme c’est désormais beaucoup votre œuvre, je puis dire que rien n’est je crois plus joli »... Après un incident dans le salon de Delphine : « J’ai passé une nuit affreuse, d’horribles douleurs dans mes jointures, une oppression considérable, un étourdissement pénible… ah le monstre d’homme ! quel cauchemar ! j’ai rêvé Bibi, Carmier, Cormier, Curmier, Salerne, Lahutte, Naples, 140 f. en or, et brochant sur le tout d’un grand vilain et affreux chien à bec d’oiseau qui poussait d’abominables abois, à chaque mot que je voulais dire, et j’avais tant de choses à dire… moi toujours si bête, j’avais les choses du monde les plus charmantes et les plus heureuses, ah maudit soit le Vésuve, sa lave, et sa fumée, puisqu’il n’a pas englouti votre affreux monsieur Dubois, car je n’oublierai son nom de ma vie Dubois, Dubois, Dubois (avec un accent de rage). Je vivrais cent ans, que je m’en souviendrais Dubois !!! enfin, maudit soit-il »...
13 janvier 1839. « Vous avez disparu hier par un si incroyable enchantement que je n’ai pu vous dire ce que je voulais à propos de votre courrier sur la nouvelle invention de M. Daguerre qui a trouvé le moyen merveilleux de fixer sur une préparation chimique l’effet obtenu jusqu’ici par la chambre noire, ce qui est absolument la même chose que si l’on pouvait fixer sur une glace l’image qu’elle reflète, moins la couleur, les objets représentés par son procédé ressemblent aux plus belles gravures à la manière noire »... – 20 avril. « Vos vers sont admirables, c’est une indignation calme, noble, majestueuse et en tout digne de vous, d’Émile, de votre gloire et de son caractère et de ses grands travaux. Vous verrez l’effet de cette superbe protestation. Il sera j’en suis sûr immense et aura pour Émile une puissante réaction »... – Aron (Mayenne) [6 octobre]. « Je suis arrivé ici hier par le temps le plus sauvage du monde. C’est un admirable pays de bois et de montagnes, qui me fait penser à votre Bourganeuf. J’ai devant mes fenêtres un immense étang encadré de grands arbres et dominé par une très belle et très énorme tour en ruine, et puis au loin des fourneaux qui jettent dans l’eau une lueur de fournaise très agréablement infernale. Voilà pour le physique de cette habitation. Au moral les meilleurs gens du monde. Je n’ai rien vu de la route car j’ai dormi, mais je commence à vieillir car ce déplacement me laisse un fond de tristesse et de regret d’habitudes d’intérieur que je combats très bravement. Je vais faire une bonne provision d’air de forêts et de solitude »…
Saint-Mesmin [4 novembre 1840]. « Je pars demain pour la Sologne et j’espère être à Paris à la fin de la semaine. J’avais de magnifiques projets de travail, mais je me mets en vacances et je vais me refaire sauvage dans le désert de Souesmes. J’ai dîné hier à Orléans et j’ai trouvé des fanatiques d’Émile, on n’a pas idée de la violence des sympathies de province, et comme ils prennent tout au sérieux. Il y avait là un membre du Conseil général je crois qu’il a dit un mot très juste. Il a dit que l’attentat de Bergeron sur Émile était une sorte de Second Régicide car Émile était l’homme qui personnifiait et défendait la Royauté, dont les Débats étaient les Judas, vous voyez qu’on est pas si bête ici »...
[Les Bordes fin 1846] : « sauf des regrets d’amis laissés à Paris, jamais je n’ai été plus heureux que dans cette solitude. Je n’ai pas besoin de vous dire que je ne l’ai pas quittée depuis que j’ai été vous faire mes adieux. Il me paraît maintenant impossible de vivre à Paris. J’ai abandonné ma petite maison, ai pris un pied à terre, car le chemin de fer aidant, je n’irai plus qu’en visite, je viendrai le matin et repartirai le soir. Je travaille beaucoup, j’ai des fleurs dont je rafolle, je chasse comme un forcené dans la saison, puis je rêve, et je me souviens… Avec ces ressources vous n’avez pas idée combien la vie passe vite, j’en suis stupéfait et quelques fois je me reproche, je vous l’assure bien sincèrement, de me trouver si heureux, si complètement heureux loin de quelques bonnes et sincères amitiés comme la vôtre, il y a là comme une nuance d’ingratitude qui est le seul remords du vrai bonheur dont je jouis »... La Cléopâtre de Delphine devrait être un succès avec Rachel…
[Les Bordes octobre 1849]. Il demande à Delphine de lire le manuscrit de La Paresse et de lui indiquer les corrections et modifications à faire. – « Courage à Émile, il grandit toujours ; j’entends ici des gens dire : Ah s’il
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