Lot n° 82

SEGALEN (Victor) — Stèles. [En première page du premier volume :]

Estimation : 1000 - 1500 €
Adjudication : 1 250 €
Description
Collection coréenne composée sous la direction de Victor Segalen à Péking pour Georges Crès & Cie [...] à Paris, 1914. [À la fin du volume :] Des presses du Pei-T'ang, 1914. Volume de format 288 x 142 mm : feuilles de différentes tailles imprimées sur une seule face, jointes et pliées à la chinoise en portefeuille régulier formant 129 pp. dont la première et les 2 dernières blanches, papier gris-brun appliqué sur les première et dernière pages de couverture, pièce de titre imprimée collée sur la première page de couverture ; le tout placé entre deux plats cartonnés couverts de papier dominoté doublés de papier marbré avec liettes de soie pourpre mêlée de fils dorés ; large mouillure plus foncée sur les premiers feuillets, cartonnage un peu frotté avec liettes usagées (reliure de l'éditeur).
Édition en partie originale, exemplaire numéroté sur vergé feutré de Corée. Édition sortie des mêmes presses lazaristes de Pékin que l'édition originale parue en 1912. Belle impression chinoise, dans la « Collection coréenne composée sous la direction de Victor Segalen à Péking ». Quand Segalen rencontra Georges Crès en juillet 1914, celui-ci lui proposa de diriger depuis Pékin une collection d'éditions à la chinoise. Segalen, enthousiasmé, accepta, et choisit le titre de Collection coréenne. Furent ainsi publiés trois titres  : son propre recueil Stèles, puis Connaissance de l'Est, de Claudel, l'Histoire d'Aladdin enfin, tous imprimés sur les presses de la mission lazariste hébergée dans le quartier du Pei-T'ang (Beitang) de Pékin. 3 sceaux conçus par Victor Segalen, appliqués au cinabre à la main, sur le titre, sous la justification et à la fin du volume. Le premier sert de marque parlante de l'éditeur Georges Crès comportant un mot latin (crescam, « je croîtrai ») et deux sinogrammes en style sigillaire artistiquement disposés (非極, « pas à l'extrême »), se lisant donc : « je croîtrai mais non point à l'extrême ». Le second reprend la titre du recueil, « 古今碑録 », soit, selon la traduction de Victor Segalen, « Recueil de stèles anciennes et quotidiennes ». Le troisième, reprenant l'épigraphe de la première stèle du recueil, « 無 朝 心 宣 年  », se traduit par « Promulgation intime de l'ère Wu-chao », , « Wu-chao » signifiant littéralement « sans dynastie », et forme un paradoxe qui s'explique à la fin de cette même première stèle intitulée « Sans marque de règne » : « Que ceci donc ne soit point marqué d'un règne [...] mais de cette ère unique, sans date et sans fin, aux caractères indicibles, que tout homme instaure en lui-même et salue, à l'aube où il devient Sage et Régent du trône de son cœur ». Paul Claudel, destinataire d'un exemplaire, en fit le compliment à Victor Segalen dans une lettre du 8 juin 1915 : « Merci pour les Stèles qui seront un des soubassements les plus précieux de ma bibliothèque. L'édition est admirable de goût. » Texte augmenté de 16 « stèles » inédites, et présenté dans un ordre modifié. Si Victor Segalen a conservé la même division en sections, il a en revanche modifié la succession des poèmes au sein de ces différentes sections. Exemplaire ayant appartenu à son amie Olympe Rollet. Victor Segalen l'avait rencontrée à Toulon en 1902 et avait lié amitié avec elle. Olympe Rollet posa pour le peintre Georges-Daniel de Monfreid qui fit plusieurs portrait d'elle, dont un offert à Victor Segalen.
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