Lot n° 5

BOFA Gus (1883-1968). — 2 L.A.S., [vers 1935, à Lucienne FAVRE] ; 2 et 3 pages in-4 au crayon gras (petite déchirure en haut de la 1ère lettre). — Belles lettres à la romancière Lucienne FAVRE (1894-1958), chantre des quartiers populaires de...

Estimation : 50 - 80
Adjudication : 130 €
Description
l'Alger d'avant-guerre.
•Jeudi soir. «Je n'ai pas encore de nouvelles du journal [Marianne]. Je crois que leurs affaires sont assez compliquées, non qu'ils ne sachent pas trop comment s'y débrouiller»... Il lui suggère, selon les recommandations de Carlo RIM, d'envoyer ses écrits à Emmanuel BERL, «de préférence un reportage plutôt qu'une nouvelle (dont leur marbre regorge). Je crois que votre histoire de station thermale mise sous cette forme facile et accompagnée de quelques photos ferait bien l'affaire - ou sur toute autre question d'actualité. Il paraît qu'il y a une tension judéo-arabe à la Casbah ?»... Rim a également mentionné un certain Simonneau dirigeant la revue Savez-vous, susceptible de bien rémunérer les nouvelles...
«Au vrai, je crois tous ces gens assez démontés par les événements et sur­tout soucieux de vivre, de quelque façon que ce soit»...
RAIMU toutefois semblait bien intéressé par l'une de ses pièces, et il suggère de lui parler d'une adaptation cinématographique, «parce qu'il préfère tourner que jouer, et surtout que la chose sera mieux à l'écran qu'à la scène»...
- Maupertuis. Il pense rester en Seine-et-Marne encore quelques semaines : «J'y trouve un grand bien-être: celui de ne pas penser - au moins de penser en dehors de moi - objectivement, comme parlent les cuistres. C'est un repos réel»... Il se fatigue par ailleurs à «des travaux agricoles ou ménagers, à des sports économiques aussi - je lis peu et travaille moins encore. Je suis arrivé à trouver un grand équilibre nerveux. [...] C'était je crois le parti le plus sage à prendre, et le seul but raisonnable qu'on puisse poursuivre dans les périodes historiques mais assez absurdes que nous vivons. Essayer de prévoir l'avenir, de jouer au plus fin avec des impondérables et de profiter de cette absurdité il y faut ou beaucoup de candeur, ou une déshonnêteté naturelle qui me fait défaut»...

2 L.A.S., [ca. 1935, to Lucienne FAVRE]; 2 and 3 pages in-4 in grease pencil (small tear at the top of the 1st letter). — Beautiful letters to the novelist Lucienne FAVRE (1894-1958), bard of the working-class districts of pre-war Algiers. — Thursday evening. "I still have no news from the newspaper [Marianne]. I think their affairs are rather complicated, not that they don't know how to handle it"... He suggests that she send her writing to Emmanuel BERL, as recommended by Carlo RIM, "preferably a reportage rather than a news item (of which their marble is full). I think your spa story put in this easy form and accompanied by a few photos would do well - or on any other current issue. I hear there's Judeo-Arab tension in the Casbah?"... Rim also mentioned a certain Simonneau running the magazine Savez-vous, likely to pay well for news... "In truth, I think all these people are quite dismantled by events and above all concerned with living, in whatever way they can"... RAIMU, however, seemed quite interested in one of his plays, and he suggested talking to him about a film adaptation, "because he prefers filming to acting, and especially because the thing will be better on the screen than on the stage"... - Maupertuis. He thinks he will stay in Seine-et-Marne for a few more weeks: "I find a great well-being there: that of not thinking - at least of thinking outside myself - objectively, as the cutists say. It is a real rest"... He also tires of "agricultural and domestic work, and economic sports - I read little and work even less. I have managed to find a great nervous balance. [...] I think it was the wisest course to take, and the only reasonable goal to pursue in the historical but rather absurd times in which we live. To try to foresee the future, to play with imponderables and to take advantage of this absurdity requires either a great deal of candor, or a natural dishonesty which I lack"...
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