Lot n° 431

MERMOZ JEAN (1901-1936) — Cauchemar d'éther, poème autographe signé, raturé et corrigé. — Juby [Cap Juby (Maroc)], 7 juillet 1926.4 p. in-4 de papier vergé, encre bleue. — Quelques tâches, déchirures avec restaurations.

Estimation : 800 - 1 000 €
Adjudication : 910 €
Description
Remarquable poème de 20 quatrains, rédigé au fortin de cap Juby, célèbre escale marocaine de la ligne Casablanca Dakar.
Quelques semaines plus tôt, en cherchant à rejoindre Cap Juby à pied, après une panne, Mermoz finit par se livrer aux Maures pour ne pas mourir de soif alors qu'il avait déjà bu le liquide du radiateur de son avion.

Elle dort... énigme vivante...mystérieuse...
Visage aux cils baissés... bouche sinueuse...
Front bas et têtu d'enfant capricieuse...
Narine palpitante... expression malicieuse...

Elle dort... chair de pierre... marbre inerte...
Beauté indifférente... d'indifférence trop belle...
Présence affolante... à mon désir rebelle...
Elle dort... sa pâle nudité découverte... [...]».

À la fin de l'année suivante, Saint Exupéry fut nommé chef d'aéroplace à Cap Juby.
Ce poème, que Joseph Kessel cite dans sa biographie de l'aviateur, évoque les soirées où Mermoz, jeune caporal, s'adonnait aux drogues en compagnie d'une femme toxicomane : «Une tiède nuit d'été... sans un souffle de brise...
Un silence lourd... d'angoissante volupté...
D'étranges lueurs d'étoiles... un firmament teinté
De vertes pâleurs... une lueur attardée... indécise...

La chambre... immense... gouffre de pénombre...
Le lit... bas... éclairé d'une lumière spectrale
Sur l'oreiller très blanc... une tache très sombre...
Tête brune de femme... face confuse...
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