Description
MANUSCRIT. Speculum humanae salvationis. Sans date [vers 1770-1780].
Manuscrit in-folio (320 x 239 mm) de (1) f. de titre et 63 pages : maroquin rouge, triple filet doré, fleuron aux angles, dos lisse orné de fleurons à la grenade et petits fers, roulette intérieure, tranches dorées (reliure de l'époque).
Extraordinaire copie manuscrite et figurée d'un livre typo-xylographique, exécutée sur grand papier vergé par Lesclabart, l'un des plus habiles calligraphes du XVIIIe siècle.
Le manuscrit se compose d'un feuillet de titre spécialement établi pour la copie, soigneusement calligraphié, et de soixante-trois pages illustrées et calligraphiées, reproduisant fidèlement l'intégralité du livre.
Les cinq premières pages contiennent la préface et sont à longues lignes. Les cinquante-huit autres, collées dos à dos, reproduisant le cycle des gravures sur bois, contiennent chacune une copie de ces illustrations qui sont divisées en deux compartiments séparés par un pilier de forme gothique ; au bas de chaque compartiment, se trouve une ligne de texte indiquant le sujet de la figure. Le texte en vers ou en prose rimée est calligraphié à deux colonnes au bas de chaque figure.
Un monument du premier âge du livre imprimé.
Le Speculum humanae salvationis, ou Miroir du salut de l'homme, relate l'histoire de la Chute et de la Rédemption. Sa rédaction remonte au début du XIVe siècle. Le texte fut publié pour la première fois dans les Pays-Bas, par un atelier anonyme, vers 1465-1470.
On recense quatre éditions typo-xylographiques du Speculum imprimées dans les Pays-Bas entre 1465 environ et 1479 : deux en latin et deux en néerlandais. Comme leur nom l'indique, ces éditions typo-xylographiques combinent deux techniques d'impression.
Le manuscrit est une reproduction de la deuxième édition latine.
“Ils sont maîtres en l'art de l'écriture, & non en l'art d'écrire” (Louis-Sébastien Mercier).
Calligraphe, membre de l'Académie royale d'Écriture de Paris, Jacques Fucien Lesclabart (ou L'Esclabart ou encore Leclabart) faisait partie des Maîtres-Experts-Jurés-Écrivains-Vérificateurs d'écritures contestées en justice. Cette institution, dont l'origine remonte à 1570, fut constituée en 1762. Dans l'Almanach Dauphin de 1776, Lesclabart est domicilié au bureau de l'annuaire même, à l'Hôtel d'Aligre, et il est considéré comme l'un des plus habiles et des plus célèbres [calligraphes] de l'Europe, pour la contrefaction [sic] de toute espèce d'écriture, en caractères d'imprimerie, et pour l'imitation de toutes sortes de vignettes.
Le baron Portalis, qui le mentionne dans son article sur les calligraphes paru dans le Bulletin du bibliophile, ne cite que deux manuscrits de sa main : un manuscrit reproduisant en fac-similé avec un grand soin les 41 figures xylographiques de la Bible des Pauvres d'après l'original imprimé par Laurent Coster vers 1440, et une autre copie figurée du Speculum humanae salvationis, sur vélin et reliée en maroquin vert.
Outre celle signalée par Portalis, copie sur peau de vélin ayant appartenu à l'abbé de Rive, datée de 1771, et exécutée d'après l'exemplaire de la bibliothèque du Roi (catalogue de sa vente, 1793, n° 16), il existe d'autres copies figurées du Speculum exécutées par Lesclabart : Brunet mentionne celle de la vente Pâris (1790, n° 6) et une autre à la vente Lair (1819, n° 8).
Cette très belle copie figurée, calligraphiée avec un soin extrême, est un témoignage exemplaire des pratiques bibliophiliques au XVIIIe siècle.
Des bibliothèques Stanesby Alchorne (vente en 1813), Henry Beaufoy, et Lucius Wilmerding (III, 1951, n° 862), avec leurs ex-libris. Le volume a également fait partie de l'importante collection sur l'histoire du livre constituée par Cornelius J. Hauck (2006, n° 472).
Charnières légèrement frottées, coins émoussés et en partie écrasés, craquelures au dos.
(Des livres rares depuis l'invention de l'imprimerie, cat. BnF, 1998, n° 6.- Grand-Carteret, Papeterie & Papetiers de l'ancien temps, pp. 318-320.- GW, M43002.)