Lot n° 90

DESCHAMPS (l'abbé Claude François) Cours élémentaire d'éducation des sourds et muets. Suivi …

Estimation : 3 000 - 4 000 EUR
Adjudication : Invendu
Description
DESCHAMPS (l'abbé Claude François) Cours élémentaire d'éducation des sourds et muets. Suivi d'une Dissertation sur la Parole, traduite du latin de Jean-Conrad Amman, par M. Beauvais de Préau. Paris, Frères Debure [Orléans, De l'Imprimerie de Couret de Villeneuve], 1779. 2 parties en un volume in-12 de (4) ff., LIV et 362 pp. : maroquin rouge, triple filet doré, fleuron aux angles, armoiries au centre, dos lisse orné, pièce de titre verte, roulette intérieure, doublure et gardes de tabis bleu, tranches dorées (reliure de l'époque).
Édition originale, sortie des presses de l'imprimeur orléanais Couret de Villeneuve.
Elle est illustrée d'une planche dépliante, dessinée et gravée sur cuivre par l'abbé Deschamps, représentant le “Bureau typographique” de son invention, de cinq planches gravées sur cuivre pour l'alphabet manuel figuré et d'un tableau méthodique des lettres.
Originaire d'Orléans, l'abbé Deschamps (1745-1791) se consacra aux enfants d'origine modeste pour lesquels il fonda dans les années 1770 une petite école dispensant des leçons gratuites et se chargeant de prendre en pension les sourds et muets afin d'essayer de leur “restituer l'usage de l'organe que la nature leur avoit rendu inutile”.
Il opta pour un système d'éducation basé sur la parole, contrairement à l'abbé de L'Épée qui, à la même époque, privilégia le langage des signes. Le système de la parole, explique-t-il, “est celui que nous estimons devoir réunir tous les suffrages. Nous le regardons comme le plus beau. Il est admirable par sa simplicité, grand dans ses effets. [...] Pour sentir la nécessité de notre systême [...], qui nous fait préférer la voie de la parole aux signes, il faut avoir présente devant les yeux leur infirmité [...]. Il faut se persuader que la parole, par rapport à eux, soit qu'ils la voient dans les autres, soit qu'ils s'en servent eux-mêmes, n'est autre chose qu'une écriture mutuelle, formée par des caractères imprimés sur les organes de la voix, & faire ici abstraction des sons que les autres hommes entendent.”
L'ouvrage, qui s'inscrit dans le mouvement philanthropique du XVIIIe siècle, comprend en seconde partie, en pagination continue mais avec une page de titre particulière datée de 1778, la première traduction française du Dissertatio de loquela (1700) de Jean-Conrad Amman (1669-1724). Médecin suisse adepte de la méthode orale, ce dernier est considéré comme l'un des pionniers de la démutisation.
Précieux exemplaire, imprimé sur papier bleuté, en maroquin aux armes de Lenoir, “policier éclairé“ au service du roi Louis XVI.
Jean-Charles-Pierre Lenoir (1732-1807) succéda en 1774 à Sartine en tant que lieutenant général de Police de Paris, poste qu'il occupa jusqu'en 1785. Le catalogue de sa bibliothèque, dressé et publié en 1782 par Valade, montre un esprit curieux et ouvert, manifestant un intérêt marqué pour les ouvrages relatifs à l'utilité publique. Il est vrai que ses fonctions étaient étendues à de nombreux domaines : police des métiers, censure des imprimés, mais aussi approvisionnement de la capitale, aménagements urbains, santé publique, etc.
Une partie de ses manuscrits, connus sous le nom de “papiers Lenoir” et conservés à la bibliothèque d'Orléans, témoignent de son action, notamment contre la mendicité et en faveur de l'assistance (cf. Vincent Milliot, Un Policier des Lumières, 2011).
(Bélanger, Enseignement des sourds-muets, bibliographie générale..., 1889, p. 28.- Blake, p. 116.)
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