Lot n° 121

CARJAT (Etienne) Portrait-charge d'Alphonse de Lamartine. Sans date [vers 1856]. Bois original …

Estimation : 2 000 - 3 000 EUR
Adjudication : 9 490 €
Description
CARJAT (Etienne) Portrait-charge d'Alphonse de Lamartine. Sans date [vers 1856].
Bois original constitué de six blocs, signé en bas à droite (34,5 x 24,5 cm).
Superbe bois original de Pothey d'après Carjat, portrait-charge d'Alphonse de Lamartine : il est constitué de six blocs réunis.
Le poète est figuré en ange déchu : assis, jouant de la lyre, sa tête très longue et émaciée mesurant la même hauteur que son torse, il arbore deux grandes ailes faites de plumes de paon et l'une de ses chevilles est enchaînée à un lourd boulet. À ses pieds se trouve un chien aux aguets, tenant dans sa gueule une feuille de papier froissée sur laquelle on lit la mention Cours de littérature, en référence à son ouvrage dont la première livraison parut en 1856.
Depuis la publication de La Chute d'un ange (1838), Lamartine était souvent affublé par les caricaturistes de deux ailes.
Le musée des Ursulines de Mâcon conserve un dessin original de Carjat présentant le même sujet mais avec quelques variantes provenant de la collection de dessins d'écrivains de Pierre et Franca Belfond (vente à Paris en 2012, n° 70).
Il existe plusieurs caricatures de Lamartine par Bertall, Nadar, Cham ou par des artistes anonymes, mais aucune ne semble offrir une verve critique aussi puissante que celle de Carjat (1828-1906). Le caricaturiste et photographe, célèbre pour avoir immortalisé Baudelaire, représente ici un Lamartine marqué par ses échecs en politique, se raccrochant à sa lyre pour tenter de renouer avec le succès.
Cette caricature déplut à l'intéressé, qui, en 1856, en interdit la publication dans l'hebdomadaire satirique Diogène. Il adressa à Carjat un refus très net : “Quelle que soit ma reconnaissance pour l'article biographique dont vous me parlez, je ne puis autoriser sur ma personne une dérision de la figure humaine, qui, si elle n'offense pas l'homme, offense la nature et prend l'humanité en moquerie. [...] Ma figure appartient à tout le monde, au soleil comme au ruisseau ; mais, telle qu'elle est, je ne veux pas la profaner volontairement, car elle représente un homme et elle est un présent de Dieu.” (La lettre est citée dans la Gazette anecdotique publiée par G. d'Heylli, II, 1886, p. 9.) (Sur Lamartine, personnalité injustement méconnue, voir l'excellent roman historique qui vient de paraître aux Éditions Héloïse d'Ormesson, Au moins le souvenir, par Sylvie Yvert.)
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