Lot n° 72

GIDE André (1869-1951).TAPUSCRIT avec corrections autographes, Les Fauxmonnayeurs, Seconde partie, [1925] ; 187 feuillets in-4 (21 x 27 cm), reliés en un volume in-4 demi-maroquin Lavallière à coins, fi lets dorés, plats couverts de vélin...

Estimation : 6000 - 8000
Adjudication : 6 590 €
Description
blanc, dos cinq nerfs, titre doré (P.L. Martin). Important tapuscrit abondamment corrigé de la seconde partie du roman, avec une fi n abandonnée. Les Faux-monnayeurs, le chef-d'œuvre romanesque d'André Gide, fut publié en 1925 aux Éditions de la Nouvelle Revue Française. Ce tapuscrit est abondamment corrigé : il comporte plus de 400 corrections et additions autographes à l'encre, dont près de 120 lignes biff ées, qui restent parfaitement lisibles, et surtout une fi n abandonnée. La pagination est discontinue, recommençant à chaque chapitre, ou inexistante (notamment pour le « Journal d'Édouard »). Gide a modifi é la coupe et la numérotation des chapitres. Parmi les additions autographes, outre des dates insérées dans le « Journal d'Édouard », et des épigraphes (empruntées à Flaubert, Fénelon, Pascal), on notera des précisions, comme celle-ci concernant Ghéridanisol : « Un peu plus âgé que les autres, et du reste plus avancé dans ses études » ; ou cette phrase à la fi n du chap. V : « Pauvre Olivier ! Au lieu de se cacher de ses parents, que ne retournait-il chez eux simplement. Il eût trouvé son oncle Édouard près de sa mère. » ; ou celle-ci, dans le chap. XII (Journal d'Édouard) : « Les livres que j'ai écrits jusqu'à présent me paraissent comparables à ces bassins des jardins publics, d'un contour précis, parfait peut-être, mais où l'eau captive est sans vie. À présent je la veux laisser couler selon sa pente, tantôt rapide et tantôt lente, en des lacis que je me refuse à prévoir. » Plus d'une vingtaine de lignes ont été biff ées dans le chap. IV, sur la rentrée à la pension Vedel et les professeurs ; une dizaine de lignes sur Sarah dans le chap. VIII ; au chap. XI, la page 6 concernant Strouvilhou a été biff ée. La fi n du roman est plus longue dans le tapuscrit que dans le livre ; elle commence au bas de la page 8 du dernier chapitre et se termine page 10, avec le mot FIN ; elle compte 45 lignes, et sera remplacée dans le livre par un court paragraphe. Nous en citons le début et la fi n. « Visite de Bernard. Il préférerait que je n'allasse pas le relancer dans le galetas où il gîte depuis qu'il a quitté la pension. On vient de le fi che à la porte du Grand Journal où je l'avais fait entrer comme correcteur ; à la suite d'un coup de tête qu'il prend trop de plaisir à raconter. [...] Le voici de nouveau sans place. Mais le jour même où il fut débarqué du journal, voici qu'il rencontra Caloub, son jeune frère, qu'il n'avait pas revu depuis des temps. Le petit se montra, parait-il, tout ému de le retrouver, et Bernard ne put rester insensible à sa joie. Comme il l'interrogeait, le petit lui apprit que le vieux juge n'allait pas bien ; une crise de foie, plus forte que les précédentes le couchait sur le flanc. Alors Bernard, oubliant ses résolutions, n'a plus écouté que son cœur. Il a couru chez Profitendieu, s'est jeté dans ses bras... - Et j'ai compris, m'a-t-il dit, qu'un faux père peut être encore plus père qu'un vrai ». Sur la couverture de carton rose conservée, Gide a inscrit cet envoi a.s. : « Je suis heureux de savoir cette dactylographie des Faux Monnayeurs, avec corrections entre les mains amies de Huguette et de Pierre Berès. André Gide »
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