Lot n° 87

LE CLÉZIO Jean-Marie Gustave (né 1940).7 L.A.S. « JMG Le Clézio », 1964-1965, à Maurice-Edgar COINDREAU ; 3 pages et demie in-8, 3 pages et demie in-4, et une carte postale illustrée avec adresse. Belle correspondance, en partie sur la...

Estimation : 2000 - 2500
Adjudication : 2 600 €
Description
littérature américaine. [Maurice-Edgar COINDREAU (1892-1990), grand traducteur, était professeur à l'université de Princeton ; il a notamment traduit en français l'œuvre de Faulkner.] [9 mai 1964] Il le remercie d'un envoi de livres des États-Unis, et lui est reconnaissant de lui faire connaître ces écrivains : « j'ai beaucoup aimé Wise Blood et je tiens A good man is hard to find pour un véritable chef d'œuvre. J'ai profondément ressenti ce climat de violence et de bizarrerie où nous introduit Flannery O'CONNOR, et qui semble n'appartenir qu'à elle ». Il a aussi aimé le livre de Fred Chappel : « La lignée de FAULKNER est toujours présente »... [12 juillet] Il est très peiné d'apprendre la maladie de Flannery O'Connor. Son livre va bientôt sortir aux États-Unis et à cette occasion son éditeur américain a eu l'idée d'un « cycle de conférences [...] dans le cadre d'une bourse de voyage des relations culturelles ». Il lui demande conseil : « Je me demande [...] si le meilleur moyen de connaître la vie aux USA avec le maximum de liberté ne serait pas de me faire nommer assistant quelque part, dans un université »... [23 juillet] Il le remercie de ses précieux conseils : soit il acceptera la bourse des Relations culturelles, soit il viendra aux USA par ses propres moyens et essaiera de trouver un poste en université. Mais ses plans sont encore vagues, et il ne veut pas déranger les siens. Il tâchera d'aller le voir et serait très heureux de rencontrer les écrivains dont il lui a parlé ; il lui redit tout le plaisir qu'il avait eu à la lecture de ces livres, notamment This time Lord : il a découvert grâce à lui un nouveau visage de la littérature américaine : « profondeur, poésie, et [...] l'amour de la nature dans son sens le plus vaste. Une littérature qui n'est pas abstraite, qui se nourrit des réalités » ; il comprend l'attachement des écrivains américains au sud, la préférence de Faulkner pour son « county » au reste du monde : « Les cités industrielles, passé l'attrait du gigantisme, ne peuvent certainement offrir qu'une vie superficielle, sans attaches, où l'individu n'existe pas, où il n'y a que des esclaves. Enfin, j'attends mon expérience propre pour définir mon jugement »... [8 nov.] Il vient d'apprendre par sa lettre le décès de Flannery O'Connor : « c'est une très grande perte pour la littérature américaine depuis la disparition de Faulkner, et pour vous c'est surtout la triste perte d'une amitié »... Il attend le résultat de ses démarches pour partir aux USA... [1965] Il lui envoie une carte du lac Tahoe, lui décrivant son voyage ébloui à travers le pays, et regrettant de l'avoir manqué à Sweet Briar... [14 juin] Il le remercie pour l'envoi du dernier ouvrage de Flannery O'Connor : « je suis sûr d'y retrouver les mêmes qualités et la même noblesse. Je viens de terminer la préface que vous m'aviez demandé pour “Et ce sont les violents qui l'emportent”. Je ne sais pas si j'ai su traduire dans un texte si bref les sentiments de beauté tragique qui m'on remué quand j'ai lu le livre. C'est la première fois que j'écris une préface, mais je suis heureux d'avoir pu le faire en honorant un écrivain si parfait ». Son voyage aux USA l'a envoûté, surtout les paysages et la nature, si extraordinaires... [18 mai 1966] Il le remercie pour le si généreux cadeau d'un exemplaire de « l'édition Corti des Chants de Maldoror. [...] Ce livre va m'être très utile pour ma connaissance de Lautréamont, et pour la thèse que j'ai entreprise ». L'armée va probablement l'envoyer en Asie, à Bangkok...
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