Lot n° 114

PROUST Marcel (1871-1922).L.A.S. « Marcel », [janvier 1922], à son « bien cher Clément » de MAUGNY ; 12 pages in-8. Longue lettre à son ami qui veut entrer à la Société des Nations . « Je reçois à l'instant ta lettre qui me bouleverse...

Estimation : 4000 - 5000
Adjudication : 5 535 €
Description
littéralement de cha - grin. Que ne donnerais-je pas pour que les soucis que j'ai moi-même te fussent épargnés. [...] Dès maintenant je ne veux pas te leurrer d'illusions. Je crains que la Société des Nations n'en soit une (j'entends une place à la Société des Nations). Je vais m'en occuper néanmoins »... Il lui cite alors le cas d'un jeune homme de sa connaissance dans le même cas et dont les démarches sont restées infructueuses. « Or ce jeune homme [...] est d'une intelligence et d'une nature tout à fait remarquables. De plus il a dans le monde les plus brillantes relations. Malgré cela il n'a pas abouti, ou du moins n'avait pas abouti quand je l'ai vu pour la dernière fois il y a longtemps de cela car ma santé allant toujours s'aggravant je ne quitte plus mon lit que bien rarement, à peine une fois par mois. Encore cet été je suis resté sept mois sans me lever »... Il raconte ensuite ses démarches au Ministère des Affaires étrangères où il avait un ami [Paul MORAND] : « il y est toujours mais tu sais combien les répercussions de la politique modifie la situation des individus, et je ne sais pas s'il a l'influence qu'il avait alors »... Il était prêt à prendre l'affaire [la succession de la comtesse de Maugny] en mains. Quant au ministre de Roumanie, « je le connais à peine, je l'ai vu il y a beaucoup d'années, je l'ai trouvé très froid et je doute qu'il ait beaucoup de sympathie pour moi. Il se nomme Daeschner »... Il s'inquiète que Clément n'ait pas reçu sa lettre : « Il reste un mystère. Comment n'as-tu pas eu ma lettre. J'écris si rarement, par le fait de mon état, que je ne réponds à personne et qu'on ne peut oublier de mettre une lettre de moi à la poste, surtout une lettre adressée à toi, car ma femme de chambre a gardé, depuis le temps où j'habitais b d Haussmann, une véritable adoration pour toi. Ce qui ne peut t'étonner du reste, ta grâce et ta simplicité ayant toujours conquis tout le monde »... Il est « bien chagrin d'apprendre que ton bonheur, si assuré par ta charmante femme, se trouve endeuillé par ces événements absurdes et lamentables. J'en ai le cœur navré [...] Merci de ce que tu me dis de mes livres. Hélas mon éditeur (ceci entre nous) n'a pu me payer (je te demande une discrétion absolue car cela lui ferait du tort) sans quoi les choses s'arrangeraient d'elles-mêmes sans avoir besoin de chercher une situation pour toi »... Correspondance, t. XXI, p. 35
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