Lot n° 118

SAINT-EXUPÉRY Antoine de (1900-1944).L.A. (minute), Casablanca [fi n 1931], à Didier DAURAT ; 6 pages petit in-4 (marque de pli). Très belle lettre du pilote à son patron de l'Aéropostale. [Saint-Exupéry assure alors la liaison...

Estimation : 4000 - 5000
Adjudication : Invendu
Description
Casablanca-Port-Étienne de la ligne d'Amérique du Sud, avant d'être aff ecté à la ligne d'hydravions Marseille-Alger en 1932. On sent dans cette lettre tout le respect de Saint-Ex pour Didier DAURAT (1891-1969), le mythique directeur des Lignes Latécoère (1919-1927) puis Aéropostale (1927-1933), qui inspirera le personnage de Rivière dans Vol de nuit (1931).] Saint-Ex espère que Daurat le fera « remonter bientôt. [...] Vous savez que vous me ferez une bien grande joie si vous me faites entrainer à mon retour sur la ligne Marseille-Alger. Je pense que vous voudrez bien considérer cette formation-là comme utile étant donné le rôle que prendront un jour les hydravions. Je serai également très heureux si vous m'accordez votre confi ance pour les essais d'Agadir Saint-Louis sans escale. L'expérience vient de m'en démontrer une fois de plus la nécessité, car mon dernier voyage n'a pas été facile ». Et de dresser une relation minutieuse des incidents de vol, des diffi cultés des escales : «A notre départ de PortÉtienne, Cisneros a annoncé une visibilité nulle par brume épaisse au sol. La presqu'île de Port-Étienne était à demi-couverte de brume jusqu'au milieu du terrain : l'aff aire se présentait mal. Mais j'étais si ennuyé d'avoir déjà couché à Agadir en descendant, que j'ai décidé d'aller voir quand même. [...] Bénéfi ciant de contre-alizés violents et d'alizés violents aussi, j'ai pensé que j'avais le temps de pousser une pointe jusqu'à Cisneros et de revenir à Port-Étienne sans que la situation s'y soit beaucoup aggravée. En eff et quand je suis arrivé au banc de brume de Cisneros qui commençait à mi-chemin, brume très épaisse, Port-Étienne était clair et j'ai continué paisiblement vers Cisneros, en dessus, et d'ailleurs sans un relèvement, car la nuit était trop humide. Je suis par hasard tombé pile sur Cisneros sans quoi, faute de relèvements, je n'aurais eu qu'à m'en retourner. Le dernier message reçu, à mon arrivée, me signalait encore visibilité nulle. Mais j'ai remarqué que la brume sur la presqu'île était beaucoup moins épaisse qu'ailleurs et qu'on apercevait vaguement les feux. Je me suis posé sans diffi culté. Je n'ai d'ailleurs rien risqué car j'avais décidé de faire un ou deux passages dans la brume aux instruments et près du sol en en abordant, au compas, le halo du phare sous le bon angle pour ne rien emboutir. Si je ne voyais pas le sol, je remontais au dessus de la brume et m'en retournais. Si je voyais j'y plaquais mes roues et roulais droit face au pionner. Or j'ai très bien vu le sol »... Saint-Ex veut montrer qu'à bord d'un appareil Laté 28, il pourrait faire bien mieux qu'avec un Laté 26 et se passer d'escale : « ce voyage qui a été, en apparence, diffi cile, n'a vraiment présenté aucune diffi culté sérieuse simplement parce que, étant donné le vent, j'avais assez d'essence pour continuer même sur Casa - et ainsi je n'ai pas été inquiété une minute. Avec trois heures de plus d'essence je n'aurais même pas insisté pour atterrir à Cisneros. Cela démontre bien ce que l'on pourrait faire avec des Lat' 28 quinze heures ! » PROVENANCE Vente Artcurial 9 mai 2011, n° 248
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