Lot n° 127

SARTRE Jean-Paul (1905-1980).MANUSCRIT autographe pour Nekrassov, [1955] ; 43 feuillets in-4 (27 x 21 cm) sous couverture d'un bloc de papier de la marque Diane. Manuscrits de premier jet et de travail pour sa pièce Nekrassov. Cette pièce en huit...

Estimation : 5000 - 7000
Adjudication : 5 272 €
Description
tableaux fut créée le 8 juin 1955 au Théâtre Antoine dans une mise en scène de Jean Meyer, avec Michel Vitold dans le rôle de Georges et Jean Parédès dans celui de Sibilot. Pour échapper à la police, l'escroc Georges de Valera se fait passer pour Nekrassov, un ministre soviétique qui a « choisi la liberté », avec l'aide de Sibilot, journaliste d'un quotidien anticommuniste... La pièce parut d'abord dans la revue Les Temps modernes de juin à septembre 1955, deux scènes ayant été donnée au préalable au journal Libération (20 juin 1955), et sortit en librairie chez Gallimard en 1956. D'une grande force comique, la pièce, qui dénonçait l'anticommunisme, provoqua une polémique. Ces feuillets, écrits à l'encre bleu-noir au recto de feuillets de papier quadrillé, dont 34 remplis à pleine page, donnent des versions primitives de différentes scènes, parfois en plusieurs rédactions différentes, et présentant d'importantes variantes ; d'autres scènes ont complètement disparu dans la version définitive (notamment une scène d'interrogatoire dans un commissariat après des arrestations de manifestants). D'une écriture rapide, avec quelques ratures et corrections, ils donnent les dialogues sans le nom des protagonistes. Citons ainsi ce feuillet donnant le début du Ve tableau (une partie passera dans le VIe tableau) et le premier jet de la scène iv entre Georges et Sibilot. « Gardes du corps : 1) Sibilot 2) Journaliste du Figaro 3) Soirée dansante chez Mme Bounoumi pour célébrer le désistement de Perdrière. [Georges :] La haine, pourquoi pas ? C'est un sentiment qui m'est étranger. Peu importe où traînent les ficelles. Quand on les tient dans sa main, la marionnette marche. Je les fais toutes marcher. (Coup de téléphone) La vérité, c'est que je me sens un peu seul. Tamerlan, Gengis Khan devaient se sentir seuls (Il se met devant la glace). ——— [Sibilot :] Je veux nous dénoncer. — Quoi ? — J'ai pris ma résolution tout à l'heure etc. Tu es fou, Sibilot. Tu choisis bien ton moment. J'ai la terre dans mes mains. C'est une toupie que je fouette et fais rouler. Ç'a toujours été mon rêve. L'argent je m'en fous. Tirer les ficelles. Sibilot, je suis Vautrin ! Tu es Lucien de Rubempré. Tu auras la signature. Je te ferai riche, célèbre, jeune. Jeune ! Mais oui : ce n'est qu'une question d'argent. Je veux me dénoncer. Pas si vite. Causons d'abord. Qu'y a-t-il. Il y a que Mouton veut ta peau. Il s'est adjoint Demidoff, un vrai Kravtchenko, celui-là. Authentifié par l'agence Tass. Ils te cherchent tous les deux. S'ils te trouvent - et ils te trouveront forcément - tu es foutu. Moi aussi. Bah ! Méfie-toi : Demidoff est terrible »...
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