Lot n° 142

QUENEAU Raymond.MANUSCRIT autographe, « Sur un canal un falot »..., [vers 1925-1929] ; 3 pages petit in-4 (22 x 17 cm). Manuscrit d'un texte surréaliste délirant, pornographique et anticlérical. Le manuscrit est à l'encre noire au recto de 3...

Estimation : 1200 - 1500
Adjudication : 1 300 €
Description
feuillets de cahier ligné. Ce texte relate l'aventure d'un curé profanateur, seul parmi les hommes à n'avoir pas été castré, se baignant dans son église transformée en piscine et fi nalement assassiné par la statue de saint Joseph, au moment où il s'apprête à commettre le péché de chair. « Sur un canal un falot et la nuit brûle des bûches qui sont des sexes d'hommes. Tous ces désormais eunuques quand vous les rencontrez vous ne vous en doutez pas mais l'ombre des reins de la femme les dépiste malgré leur sourire terne et leur coup de chapeau discret. Impuissant ! Tu auras beau me promettre une glace à la vanille et un hôtel discret je ne suivrai pas tes jambes entre lesquelles rien n'oscille [...] L'église s'obscurcit et il tombe des gouttes de merde de la voûte. Les chaises s'évaporent, l'autel descend dans la crypte, le plafond s'égalise, une vasque d'eau apparaît au milieu de la nef, des femmes peu vêtues entrent en glissant comme une surimpression au cinéma. Le curé saute dans la piscine [...] Il se dénude et se prépare à accomplir l'acte de chair, mais un coup de révolver retentit. C'est Saint Joseph qui a tiré : on avait oublié sa statue. Il venge la religion profanée et le curé s'écroule dans un spasme, les chrétiennes hurlent de douleur, St Joseph est jeté à bas de son socle, réduit en miettes sous les pieds des adoratrices du foutre »... Ce texte semble inédit ; il n'a pas été recueilli parmi les « Textes surréalistes » au tome I des Œuvres complètes de Queneau dans la Bibliothèque de la Pléiade, Gallimard, 1989. Il provient des archives d'André BRETON. Raymond Queneau commença à fréquenter le Bureau des recherches surréalistes en novembre 1924, et publia son premier texte, un récit de rêve, dans le n° 3 de La Révolution surréaliste en avril 1925. Il rompra avec Breton en 1929 et collaborera au violent tract Un cadavre avec le texte « Dédé ». PROVENANCE André Breton ; vente André Breton, 42, rue Fontaine (11-12 avril 2003, n°2094).
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