Lot n° 143

QUENEAU Raymond.MANUSCRIT autographe, « Sur les bords géants d'une vulve assouvie »..., [vers 1925-1929] ; 7 pages in-4 sur papier pelure (6 feuillets 25 x 21 cm et un 27 x 21 cm). Rare texte érotique de l'époque surréaliste, contant les...

Estimation : 1500 - 2000
Adjudication : 3 770 €
Description
malheurs d'un sexe d'homme. « Sur les bords géants d'une vulve assouvie, un gland se lamente en pleurant, drapé dans son prépuce. Les jours sont loin où la femme à la hanche déboîtée, le caressait doucement de ces doigts futiles, en chantant le vieux refrain des bouilleurs de cru descendant les cataractes ; les jours sont loin où la jeune fi lle aux jarretelles vertes frottait son bas bleu contre l'orifi ce rougissant de sa prostate ; les jours sont loin où la fi llette aux jupes plus courtes qu'un éclair de chaleur promenait la pudeur de sa langue sur son corps mis à nu. Maintenant les crucifi x et les lois et la femme habituelle que grossissent les grossesses ont pacifi é son maître ; le gland se lamente - il est encore si jeune ! - et prenant les deux testicules de son maître comme roue et sa verge comme cadre et son cordon comme guidon, il s'en fi t une bicyclette poilue et brunâtre sur laquelle il décida de voir le vaste monde »... Ce texte est demeuré en grand partie inédit ; les 3 premières pages, ainsi que les deux tiers de la quatrième, sont inédits ; à partir de la phrase « Je rencontrai la femme au vagin acéré » jusqu'à la fi n de la sixième page, le texte présente une version un peu diff érente d'un texte surréaliste révélé dans les Œuvres complètes (Bibliothèque de la Pléiade, Gallimard, 1989, pp.1028-1030), « L'exaspération d'un soir »... Il s'agit du même récit fantasmatique de la femme au vagin acéré ayant sectionné la verge d'un violeur. Nous en citons la fi n dans le manuscrit : « Vraiment, vous n'êtes pas trop bêtes, vous avez deviné, et bien que votre croûte soit troublée, toujours ! toujours ! et que votre morale devienne aussi racornie qu'un préservatif frit dans la margarine ». La septième page ne semble pas s'accorder avec le texte précédent (bien qu'il soit aussi question au départ de mutilation !) et paraît former un tout complet, resté également inédit. « Avec une lame de rasoir, je couperai les doigts de tous les pianistes ! Et le reste. Que j'éprouve encore un “certain” plaisir à écrire voilà qui n'est pas sans me déconcerter quelque peu. [...] Un camélia vient de s'envoler en compagnie d'une épingle, ils se butent aux carreaux de la fenêtre avant de trouver la porte ouverte, je les vois qui s'éloignent, à peine remuant leurs aigles marbrées or et noir. Je sais où ils vont, au pays de Cocagne, dont tous les mâts sont étoilés d'yeux. Dans le désordre de plaisirs sans nombres, car il n'y existe aucune sorte de nombre, des étincelles moirées caressent des mains qui jamais ne cessèrent d'être criminelles. Des femmes s'allongent toujours plus nouvelles sur des rêves vrais qui se sont endormis ». Le manuscrit, à l'encre brune, présente une dizaine de corrections, essentiellement orthographiques. Il provient des archives d'André BRETON. PROVENANCE André Breton ; vente André Breton, 42, rue Fontaine (11-12 avril 2003, n°2096).
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