Lot n° 202

QUENEAU Raymond.MANUSCRIT autographe, Fendre les flots, 1968 ; titre et 155 pages in-4 (21 x 27 cm) montées sur onglet sur papier vélin blanc fort, reliées en un volume in-4 demi-maroquin bleu nuit à coins, plats de papier au tampon bleu marine...

Estimation : 15000 - 20000
Adjudication : 15 600 €
Description
à zébrures, dos à nerfs avec titre en grandes lettres dorées, doublures et gardes de papier au tampon bleu marine moucheté à rayures oblique, étui bordé (Loutrel, 2003). Manuscrit complet et unique du recueil poétique Fendre les flots . Fendre les flots fut publié en mai 1969 chez Gallimard dans la collection Blanche, terminant la trilogie inaugurée en 1967 avec Courir les rues. Dans le prière d'insérer, Queneau dégage la thématique de Fendre les flots où sa propre vie est conçue comme une navigation : « La vie est une navigation, on le sait depuis Homère. L'auteur regarde s'embarquer un enfant dans une ville maritime, il le suit à travers vents et marées, et donne ainsi un complément à Chêne et chien ainsi qu'une suite à Courir les rues et Battre la campagne. La première partie du recueil est moins autobiographique que la seconde ; entre les deux se place un intermède de sonnets ». Autant qu'un retour aux origines et aux flots de sa ville natale, ce recueil est aussi, comme l'a noté Claude Debon, le début qu'une quête spirituelle. Citions le court poème qui clôt le recueil, Recueillement, intitulé dans ce manuscrit Ce n'est pas fini : « J'écrirai le mot fin comme arrivé au port cette fin n'est autre qu'un recommencement je ne laisse pas mes poèmes à leur sort je vais les recueillir en les bien ordonnant » Le manuscrit est daté au bas de la page de titre : « 7 juillet 1968 / Remanié premier état : 30 novembre 1968 / Révision et premier choix terminé : 21 décembre 1968 ». Ce manuscrit de travail est complet des 154 poèmes du recueil ; il est écrit à l'encre noire au recto de feuillets de papier vélin blanc filigrané L&J&Cie. Après la page de titre, il est paginé en rouge dans l'angle supé - rieur de 1 à 154 (2 pages sont chiffrées 134). Tous les poèmes se suivent dans l'ordre du recueil imprimé ; mais une première pagination en noir montre que l'ordre du recueil a été modifié. Il donne l'état définitif des poèmes, avec de très nombreuses variantes, des vers biffés et de multiples corrections. La plupart des poèmes sont datés par Queneau. Ce passionnant manuscrit révèle parfois deux versions très différentes d'un même poème. Ainsi, pour le poème qui ouvre le recueil, Le ru initial, d'abord titré Sort du ru, et daté du 13 novembre 1968, le manuscrit offre une première version entièrement biffée, avant la mise au net à nouveau corrigée. Dans la bas de la page, cette note a été biffée : « Parallèle et antinomie entre le cycle [scientifique] de l'eau et le ru qui ne revient pas / peut-être fable Le ru qui revient et le ru qui ne revient pas / employer le mot source ». Ainsi encore pour L'iode natif, dont une première version est biffée avec la mention « à refaire entièrement ; partir de varech-violet », ou pour Vigie urbaine ; ou encore Les îles fortunées : « La navigation de la vie avec son départ alarmant / ses calmes plats ses tempêtes ses naufrages et parfois / ses îles fortunées / son arrivée ». On voit aussi que dans Le Vieil Homme et l'Enfant, le texte a d'abord été écrit à la première personne : « Je viens d'ailleurs irai-je ailleurs », remplacé par « Il vient d'ailleurs où ira-t-il »... Œuvres complètes, Bibliothèque de la Pléiade, tome I, édition établie par Claude Debon, 1989 (p. 527-607, et notice p. 1409-1413).
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