Lot n° 293

GOUNOD Charles. — MANUSCRIT MUSICAL autographe signé « Ch. Gounod », Mors et Vita, 1884 ; 513 pages in-fol. (36 x 27 cm), reliure de l’époque demi-chagrin bleu nuit (rel. un peu usagée).

Estimation : 30 000 - 35 000 €
Adjudication : 28 000 €
Description
Important manuscrit complet de la partition d’orchestre de cet immense oratorio, un des grands chefs-d’œuvre du compositeur.

L’oratorio Mors et Vita [CG 33 ; Condé, p. 514-520], pour 4 solistes, chœur mixte et grand orchestre, fut composé de 1882 à 1884 ; Gounod a établi lui-même le livret, en latin, de cette nouvelle « Trilogie sacrée », successivement d’après le texte liturgique de la messe des morts, l’Évangile de S. Matthieu (chap. 25)¸ et l’Apocalypse de S. Jean. Gounod a expliqué dans un avertissement reproduit dans le programme :
« Cet ouvrage fait suite à ma trilogie sacrée La Rédemption. On sera peut-être surpris que, dans le titre, j’aie mentionné la Mort avant la Vie. C’est qu’en effet la Mort n’est que la fin de l’Existence qui est un mourir continuel ; mais elle est le premier instant et, en quelque sorte la naissance de ce qui ne meurt plus. La première partie est consacrée à l’expression des tristesses causées par la perte des êtres aimés et aux solennelles terreurs de la Justice infaillible. La seconde contient le Réveil des Morts par la trompette des Anges, et le Jugement des Élus et des Réprouvés. La troisième, tirée de l’Apocalypse, est la description de la Nouvelle Jérusalem et de la Vie bienheureuse ». L’ouvrage devient ainsi « une ascension aussi esthétique que spirituelle » (J. Gallois), un oratorio
« extrêmement dramatique, grandiose mais jamais théâtral » (G. Condé), une véritable
« cathédrale sonore », selon Saint-Saëns. Gounod dédia l’œuvre au pape Léon XIII. Ayant été condamné à une lourde amende dans le procès l’opposant à Georgina Weldon, Gounod ne put, comme il l’avait prévu, aller diriger la création de l’œuvre au Festival de Birmingham ; c’est Hans Richter qui dirigea la création de Mors et Vita à Birmingham le 26 août 1885, avec un immense succès, qui dépassa celui de La Rédemption ; Gounod dirigea son œuvre à Bruxelles le 30 janvier 1886 puis à Paris au Trocadéro le 2 mai (la création parisienne avait eu lieu le 26 février, en son absence).

Le manuscrit est soigneusement noté à l’encre noire sur papier à 26 portées ; on relève de nombreuses corrections par grattage, avec quelques mesures biffées, et une coupure à la p. 453. La partition est paginée, et Gounod a inscrit le compte des mesures à la fin des premiers numéros. En tête de chaque partie, un feuillet ajouté donne la liste détaillée et la « division des morceaux » de cette partie. Gounod ajoute les références aux Écritures sur les titres des numéros. Ce manuscrit a servi de conducteur et porte des annotations autographes au crayon bleu. Il est signé en fin et daté « 1884 ».

Il comprend les numéros suivants :
• 1ère Partie. La Mort. La page de titre porte cette indication : « Nota. Cette première partie peut être exécutée dans une église, comme “Messe de Requiem”, en supprimant le Prologue et les nos I bis et 3 bis ».
[N°I ]. Prologue, marqué Andante maëstoso :
« Horrendum est incidere in manus Dei viventis »…, puis Requiem et Kyrie (p. 1-27, 158 mesures).
– N° I (bis), Double chœur sans accompagnement, avec cette note :
« L’orgue ne devra être employé que s’il y a nécessité absolue pour maintenir les voix dans la tonalité » : « A custodia matutina usque ad noctem » (p 48-55, 62 mesures).
– N° 2. Dies iræ, chœur (p. 55-87, 154 mesures).
– N° 3. Quatuor et chœur : « Quid sum, miser »… (p. 88-122).
– N° 4. Duo et chœur :
« Quærens me, sedisti lassus »… (p. 123- 142).
– N° 5. Quatuor et chœur : « Ingemisco tanquam reus »… (p. 143-166).
– N° 6. Ténor solo : « Inter oves locum præsta »… (p. 167- 178).
– N° 7. Chœur et quatuor : « Confutatis maledictis »… (p. 179-204).
– N° 8. Chœur et soli : « Lacrymosa dies illa »… (p. 205- 219).
– N° 9. Offertoire. Chœur, soprano solo et chœur : « Domine Jesu Christe »… (p. 220-247, ces pages sont cousues
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