Lot n° 303
Sélection Bibliorare

GOUNOD Charles et WELDON Georgina (1837-1914). — 125 L.A.S. de GOUNOD ; et 66 L.A.S. de Georgina WELDON ; plus manuscrits et documents joints ; environ 640 pages formats divers (plusieurs à en-tête de Tavistock House), enveloppes et adresses...

Estimation : 25 000 - 30 000 €
Adjudication : 25 000 €
Description
(quelques lettres en anglais) ; plus environ 150 p.(dossiers joints). ♦Importante correspondance tendre, puis amoureuse entre Gounod et sa Muse anglaise, suivie d’un douloureux contentieux. [Réfugié à Londres en 1870, Gounod tomba au début de 1871 sous le charme de la chanteuse Georgina Weldon. Georgina et son mari, William Henry Weldon, recueillirent Gounod chez eux, dans leur maison de Tavistock Square. Georgina fut l’inspiratrice de nombre de musiques de Gounod ; elle le conseilla (assez mal, parfois) dans ses affaires avec les éditeurs et directeurs de théâtre anglais ; la rupture fut douloureuse pour tous deux, et s’acheva dans les procès, Georgina ayant séquestré les manuscrits de Gounod. Voir Condé, p. 268-271. Nous ne pouvons donner ici qu’un trop rapide aperçu de cette correspondance passionnante et passionnée du « vieux Papa » à son « petit Raton ».] •1871. Londres 2 mars, à la suite d’une visite de Georgina : « Faust, Roméo, leur auteur sont à la disposition de tout ce qu’il y a en vous de Marguerite et de Juliette »… 3 mars, réponse de GW, demandant si elle peut faire des coupures dans l’Élégie de F. Clay qu’elle doit chanter. Gounod répond : « En fait de coupures, mes ciseaux n’ont jamais servi qu’à moi ». Il est allé faire répéter la Marche de la Reine de Saba ; il va entendre Paulus à Exeter Hall. 4 mars, invitation d’Anna Gounod. 17 mars. Il est « en morceaux », très enrhumé, ne pouvant dormir ; et il doit aller à Windsor dans cet état ! Réponse de GW indiquant des médecins. 13 avril. GW explique à CG le système anglais des royalties. Elle propose ses services de secrétariat… 22 avril. Gounod est inquiet d’être sans nouvelle de son amie. « L’homœopathie m’a fait des merveilles ». Sa Lamentation n’est pas encore gravée ; il l’a répétée avec les chœurs à Exeter Hall ; la répétition générale sera samedi à l’Albert Hall. 23 avril . GW prépare son déménagement ; elle emballe et rétablit sa santé en fendant du bois à la hache. Elle veut pouvoir chanter Pauline. Elle évoque des mélodies : Lamentation, There is a green hill far away, The Daisy, et Beware... 24 avril. Gounod lui enverra sa partie pour chanter dans le chœur. Il est heureux que les mélodies et Beware lui aient plu : « c’est bien le sentiment que j’ai exprimé : les 1ers vers sont de l’homme séduit, le dernier de l’homme méfiant. Soyez sage ; ne vous fatiguez pas outre mesure ; avec votre système de fendre du bois, prenez garde de vous fendre le crâne ou les reins »… 24 avril. GW peut-elle amener le ténor George Bentham à la répétition de la Lamentation ? 25 avril. Il lui envoie la partie solo de Gallia ; le Dr Hamilton est content de sa santé. 27 avril. GW est désolée de ne pouvoir venir aux répétitions Elle sera à l’Albert Hall : « je ne crois pas que je pourrais applaudir... ce sera trop beau »… 28 avril. Il est content de ses répétitions, avant la grande répétition générale à l’Albert Hall. 13 mai. GW est prête à placer des photographies pour l’œuvre de l’abbé Boudier. 15 mai. CG à « Mon cher petit ». Il prépare « un Salut en musique » avec une conférence de l’abbé Boudier « au profit des malheureux de St Cloud », et doit s’entendre avec Mgr Manning. Sa très chère amie Bénédicte Savoye est très malade : « Ah ! la Vie ! C’est une mort qu’on ne supporterait pas long-tems si on était seul à la porter ! »… 24 mai, pour l’anniversaire de son « cher petit », il lui offre « un petit livre écrit par un grand homme. Il renferme ma Foi, mon Espérance et mon Amour »... 25 mai. Il lui rapportera le manuscrit de That we two… – « Hélas ! mon enfant ! Paris est perdu ! Ils ont assassiné le cœur et la tête du genre humain ! […] Il y a des choses que Dieu ne retire pas, et c’est là qu’il faut mettre et son cœur et sa vie »… 1er juin. Il prépare la répétition du Salut. « Mon cher bon aimé petit. Que vous avez bien chanté hier ! Comme votre voix va redevenir ample et vaste si vous vous soignez bien »… 21 juin. Gounod donne procuration aux Weldon pour tout ce qui touche ses affaires musicales à Londres, et pour réclamer ses manuscrits aux éditeurs. Calais. CG à « My dear little Raton » : retour en France, la traversée a été bonne malgré le roulis. « Comment vous dire tout ce que j’emporte de chez vous et tout ce que j’y laisse ? »… 1er août. GW sur sa vie quotidienne, ses chiens, ses élèves. « Je suis sûre que vous aurez l’affaire d’Albert Hall et alors vous pourrez vous moquer de tous vos voleurs »…. Paris 2 août. – CG est avec son fils Jean qui reconstitue sa collection de coléoptères, disparue dans l’incendie de Saint-Cloud. Nouvelles familiales (ses belles-sœurs Marthe Gounod, Zéa Pigache, les Dubufe) ; Halanzier est intéressé par Polyeucte : Georgina y chantera Pauline ; la 86e de Faust ; Bénédicte Savoye est bien malade ; Choudens lui a fait ses excuses et retire sa dernière lettre. – GW : le « Raton » se réjouit des lettres du « Chaton » ; elle a écrit la lettre pour Novello. « l’absence du Chaton ne me va pas du tout ! Je pense tant à vous, pauvre bon cher ange »… Elle l’alerte sur les royalties perdues sur les partitions de Polyeucte, et les arrangeurs qui touchent de l’argent sur son dos. « Ce qui me révolte le plus c’est que Barbier et Carré (et l’ombre de Corneille qui n’y gagne rien) gagnent autant que vous en France sur vos opéras »… 3 août. – CG prend plaisir à la baignoire dont il a contracté l’habitude. Il est allé entendre Faust, seul avec Halanzier dans sa loge : il veut avoir à l’Opéra Roméo avec Mme Carvalho, il veut Polyeucte pour 72-73, avec Georgina. L’orchestre de l’Opéra est superbe. –GW : Sim Egerton ne fait pas ce qu’il faut pour Gallia. L’impresario King, et elle aussi, suggèrent de changer le titre de Gallia. Dommage que Roméo ait été donné à Du Locle pour l’Opéra-comique. Elle monte Gounod contre Choudens. Elle a chanté Polyeucte et veut étudier Sapho ; sa voix est magnifique… 4 août. – CG a vu Du Locle, venu lui annoncer que l’affaire de Roméo était ratée, c’est à dire que Roméo passe avec Carvalho à l’Opéra. « Je sors de chez Choudens qui a été inflexible ET MOI AUSSI »… – GW. Elle espère être Juliette à l’Opéra. Elle est contente de sa voix. « Il parait qu’on nous appelle les Gounod-Weldon ». Elle le prie de signer ses lettres « Gounod : « je ne vous ai jamais appelé “Charles”. J’ai beaucoup trop de respect pour vous ». Elle revient sur les gains exagérés de Choudens. Sim Egerton fait son possible pour avoir l’Albert Hall… Morainville 6 août. CG est chez ses amis Beaucourt ; mais il ne peut oublier « l’indéracinable et robuste tendresse de mon cher Tavistock : elle règne toujours sur ce sommet de l’âme et du cœur que rien n’atteint et qui reste immaculé et inaccessible comme celui des plus hautes montagnes »… Il a revu son fils Jean. Il s’impatiente du silence d’Egerton ; quant à « ce pleutre, ce Philistin de Littleton » (directeur de Novello), il doit lui rendre ses manuscrits, dont Gallia. – GW a cru avoir le choléra. On ne trouve pas de chœurs pour Gallia, mais elle songe à monter à St James Hall des « Concerts de M. Gounod » : « nous pourrions faire Gallia, les symphonies, chanter quelques songs et je me mettrais en quatre pour les faire bien marcher ». Elle suggère de mettre tous les manuscrits de Gounod dans la chambre forte de Tavistock House ; que Choudens les lui rende tous et que Gounod les rapporte à Londres. Elle a pris de l’argent dans sa bourse, et fait les comptes. Elle fait le point des discussions d’argent avec Littleton. 8-10 août. GW chante le rôle de Pauline en entier. Littleton est flambé ! et elle va récupérer le manuscrit de Gallia. Elle enverra les photos de « Mme BashiBouzouk » (Anna Gounod !). Elle parle des progrès de ses élèves. Elle s’interroge sur le silence d’Egerton, tout n’est peut-être pas perdu… Trouville 10 août. CG : « J’écris avec la belle plume Raton, inusable comme le Raton lui-même. […] Je bénis le Ciel que vous soyez au monde ». Il parle de ses démêlés avec Anna. Il a vu les Viguier, ils ont parlé de Gallia et de « Pauline », à qui il propose de chanter un air de Robert le Diable. Scalaberni insiste pour avoir Polyeucte en Italie, il devra attendre que le public français l’ait entendu. Du Locle prend le Médecin malgré lui à l’Opéra-comique. Conseils à GW pour chanter Sapho. Il la presse de conclure avec Egerton pour Gallia. Il a vu à Paris « des gens qui ne respirent que revanche et extermination. […] Le rôle de l’humanité est-il de s’entre-tuer ? » Il instrumente le « Songe de Pauline » Si Halanzier reste, il fera Roméo cette année, mais pas avec GW : « Vous le ferez plus tard, après Pauline ». Il est content quand elle l’appelle son « cher vieux Papa »… – GW : on lui propose de chanter Gallia à Liverpool, mais sans orchestre, avec orgue. Trouville 12 août. CG : Gallia sans orchestre impossible ; en art « il faut ce qu’il faut : ne faisons pas de réductions ; avec ce système là, nous arriverions tout droit à l’accordéon. « Tiraillements (et même plus que cela) » avec Anna : « “Odious” [sa femme] est bien ce que j’avais prévu, et rien ne changera cela ;c’est invincible, et comme le partner n’a pas envie de reconstruire les ponts coupés à ses propres frais, […] tout est rompu ! »… 12 août. GW : soirée de tables tournantes. 13 août. CG contre « ce vieux “Sadducéen” ce vieux “prêtre de Moloch et de Baal” de Littleton, et calcul de ce que Littleton et Novello lui doivent…. Trouville 14 août. CG sur son concert de charité au Casino de Trouville. « Choudens tient bon ; il accorde tout ce que je voudrai, excepté la griffe ! » On raconte qu’il va fonder un conservatoire à Londres ! Liste des morceaux dont Novello lui doit le paiement. 14 août. GW rectifie cette liste. Elle attend donc l’accord de CG pour écrire à l’avoué. « Le pauvre Raton travaille avec toutes ses dents pour ouvrir le filet du Lion ». Au sujet des relations avec « odious », elle presse CG : « Allez à Morainville. Je vous prêche la Révolution »... 16 août. GW : paroles en anglais et français pour une mélodie. Elle insiste pour Gallia avec orgue seul, ce qui permettra.de le chanter dans les églises protestantes, en l’appelant Lamentations ; il faut le rendre populaire, donc possible. Elle pousse CG à exiger plus de Choudens. Pour son séjour à Paris, elle aura besoin d’un piano dans son appartement. Il faut obliger Egerton à s’expliquer et à donner Gallia fin septembre. Elle évoque deux mélodies : The sea hath its pearls et Perche piangi. On va lui faire un article sur sa méthode d’enseignement. Elle étudie une robe pour Pauline. Elle supplie le « Divine Being » de revenir. Elle travaille son chant… 17-19 août. CG : le concert au bénéfice des pauvres de Trouville a été un succès. Il prépare le concert de GW à Paris. Il faut ravoir ses manuscrits : Gallia, De profundis, O salutaris, Saltarello, Anthem, et les Songs... Il travaille à Polyeucte. La chanson de Maitland lui plait. « Ceux qui disent du mal de nous sont des misérables »… 21 août. Il a reçu une lettre d’Henri Carré, frère de Michel (jointe, avec la minute de réponse de CG) pour un concert à Strasbourg. Il lui propose Gallia et demande à GW si elle serait d’accord pour y aller chanter : « Votre accueil à Paris n’en serait que plus brillant ». Il joint le programme annoté du concert du 19. Il a réorchestré l’Invocation à Vesta. Trouville 22 août. Novello aurait vendu Gallia à Choudens. Il refuse d’aller à Strasbourg au pouvoir des Prussiens ! Son but est Gallia à Londres fin septembre. Paris 5 septembre. Courses à Paris. Il part le 8 avec Jean pour Morainville chez les Beaucourt. Il espère que Liverpool fut un succès. Il écrira à Morainville la Chanson de Ronsard. Il a trouvé un appartement à Paris pour GW. Bénédicte Savoye paraît perdue. L’Opéra ne paie plus de droits d’auteur, et Faust ne lui rapporte plus rien. Roméo encore sur le pavé. Choudens lui écrit que Mme Carvalho entre à l’Opérà-comique et y apporte Roméo... 7 septembre. Visite à Bénédicte [Savoye] qui vit ses derniers instants. Morainville 8 septembre. Choudens demande à CG sa traduction de Gallia à la place de celle de Barbier. 10 septembre. Mort de Rossini. Il évoque le cher Tavistock : « vous ne saurez jamais tout ce que vous y avez donné et tout ce que vous y donnerez encore de bonheur, de tranquillité, de repos, de travail, de santé à votre cher vieux Papa qui vous chérit comme son enfant ! »… 12 septembre. Il travaille à l’orchestration de Polyeucte. En se promenant, il a trouvé la chanson de Maitland. Il veut orchestrer O that we two. Il sera heureux de se mettre à Rédemption quand Polyeucte sera fini. Paris 13 septembre. Ne s’en sentant pas la force, il n’a pas voulu revoir Bénédicte Savoye, qui est au plus mal. Tout est fini, il repart pour Morainville. Morainville 15 septembre. CG : Bénédicte a rendu le dernier soupir. « Mon cœur bénit à tout jamais celui qu’il a trouvé en vous trouvant ! ». Il va partir à la campagne chez des amis rejoindre sa femme et sa fille. Il n’est pas tenté par des concerts à Londres sans certitude de succès et de bénéfices, ne voulant pas « éparpiller ni émietter mon nom et mon crédit ». Il tempère les ardeurs de GW à vouloir donner des concerts et chanter à tout prix. 16 septembre. La chanson de Maitland ne le satisfait pas encore : « j’ai été si tourmenté tous ces temps-ci que je n’avais guères l’esprit tranquille »…
17 septembre. Il s’énerve de tous ces concerts qui ne se décident pas.. Littleton a le droit de revendre Gallia à Choudens. Il lui envoie la mélodie de Ronsard qu’elle pourra coller, sur le cahier rouge… Note désignant les manuscrits qui sont chez Littleton et qui lui appartiennent. 26 septembre. Il a écrit à Maitland en lui envoyant l’orchestration de sa chanson [O, happy Home!] : « C’est, à ce que je crois, une des plus belles que je ferai jamais, et je vous la dédie ». Il revient sur la possession de ses manuscrits. Avec une procuration aux Weldon pour récupérer ses manuscrits. Paris 30 septembre. C’est la rupture avec Choudens. Il lui cède seulement 4 morceaux aux conditions ordinaires. Il revient sur l’organisation et les conditions des concerts. Il ne peut aller à Calais accueillir GW : « Cela ferait le plus mauvais effet : on en dit déjà bien assez ! »… 1er octobre. Détails sur l’appartement qu’il a trouvé pour GW. Legouvé veut lui parler des Deux Reines. Préparation des deux concerts de GW au Conservatoire. 3 octobre. Il a terminé Oh happy home ! Choudens lui propose de le dégager de son procès en faisant racheter ses manuscrits par un tiers, mais Gounod refuse : « il FAUT que ce monstre de Littleton avale le procès jusqu’à la dernière goutte devant toute l’Angleterre ». Halanzier rend Roméo qui va donc à l’Opéra-Comique :
« Quelle Odyssée !!!! » Il est maintenant complètement installé seul au 2e étage de la maison, avec sa chambre à côté de son cabinet de travail. 5 octobre. Il prie GW d’apporter pour l’abbé Boudier la recette des concerts donnés en Agleterre. Il revient sur les concerts anglais : « le vieux chat va donner, avec son choral de 1600 voix et ses effets grandioses une peignée à MMrs Arthur S[ullivan] et M.C. dont ils se souviendront ». La chanson de Maitland est sublime. Choudens grave Gallia. – « J’ai trouvé un thème admirable pour un de mes morceaux de Symphonie dont l’idée roule sur une opposition entre deux aspects de la vie bien différents »… 6 octobre. Le Conservatoire a décidé qu’on ne peut donner deux œuvres de CG dans le même concert ; il propose à GW de chanter le Freischütz. Il faut un TRIOMPHE, comme Mlle Krauss., avec un morceau « qui soit pour vous le PIEDESTAL d’un ENORME SUCCES ». Il va aux Français voir l’Adrienne Lecouvreur de Legouvé. 8 octobre. Il ne faut plus songer à Roméo à l’Opéra : « Laissez venir Polyeucte ! ».. O[dious] sait que GW vient chanter Gallia à Paris, ellen’est pas enchantée : « Je m’en fiche comme de l’an quarante ».. Le Requiem et le Kyrie de sa Messe des morts inédite ont été brûlés dans l’incendie de son chalet de Montretout. 10 octobre. Démêlés entre Choudens et le Conservatoire pour les frais du concert de Gallia. CG s’inquiète du silence d’Egerton, et craint un coup monté. Choudens lui a demandé s’il pouvait faireun arrangement pour voix seule, piano, violon et orgue de Gallia, pour GW, dans le genre de l’Ave Maria. Il commence à avoir des démélés avec Du Locle. 11 octobre. CG a le piano pour GW, qu’il attend de pied ferme. Il recevra chez elle une fois par semaine. Il a refait le Requiem et le Kyrie. « Je pioche comme un cheval, je cours comme un chat, je tousse comme un bœuf : trois animaux dans un seul »… 14 octobre. Il va à la générale d’Érostrate.
•1872. Gounod est revenu à Londres, et habite chez les Weldon ; d’où le petit nombre de lettres (16). Gounod et Georgina se tutoient maintenant. Spa 8 août. CG : Halanzier fait des propositions pour Polyeucte… 27 août. Il pleut des cataractes. 26 septembre. Il espère que GW est bien arrivée à Bruxelles. « Mon cher petit Cela m’a semblé tout triste de m’endormir hier sans t’avoir dit “Bon soir” et de m’éveiller ce matin en pensant que je ne te dirais pas “Bon jour” ! Et le tems est tout à fait de mon avis – il est gris, gris, gris, du haut en bas ! » Il se sent mieux ; il travaille à Women’s love. Bruxelles 26 septembre. GW change d’hôtel. On ne peut rien faire à la Monnaie, les chœurs y sont trop occupés. Spa 27 septembre. CG : « nous voilà bien plantés avec nos beaux rêves de Grand Concert ! Il ne reste plus qu’à faire nos malles, le 6, et à ne pas faire rouler nos sous dans les rues de Bruxelles. En route ! et au travail, à notre poste ! »… 27 septembre. GW : Le Cercle donnerait 1200 F pour un concert. Londres 26 octobre, en anglais, à « My blessed soul », et signée « your old man ». De Clercq lui a rapporté son manuscrit de Prière du soir. CG a collé la copie d’une note à sa femme : « Mon retour est inutile, et ne prouve rien, s’il n’est précédé de ton séjour ici. Ton retour à la confiance en eux doit être public pour être prouvé ». 27 octobre. CG : il travaille à Fare thee well Gabrielle et aux Deux Reines. Mauvaise nuit, triste, douloureuse et nerveuse. « I feel sad like a night-cap. […] “The sea hath its pearls ! The heaven hath its stars ! But London, London, London hath its fog !” »…. 28 octobre. Il a fini son chœur Fare thee well. Brighton 28 octobre. GW s’inquiétant de la santé de son « pauvre Minet », et de leur situation financière difficile, son mari dépensant sans compter… 28 octobre. CG à « My devoted Mimi » : il a reçu de Ligny la traduction de The Worker, mais cherche Queen of love. Il a fini l’Introduction des Deux Reines. 29 octobre. Il travaille à The Worker, et a fini Farewell, dont il va faire un part-song… – Il a complété Queen of Love, et a « travaillé comme un nègre », ayant horreur de l’arriéré, et des dettes. Il a écrit « la dernière chanson des Biondina ». Brighton 30 octobre. GW est de plus en plus montée contre son mari Harry. Elle commence à monter CG contre l’éditeur Goddard. 31 octobre. CG explique l’échec de la cantatrice Rita : « ce n’est pas la gymnastique de la VOCALISATION qui donne la chaleur de la vie à la VOCALITE […] il faut apprendre à chanter, sans doute ; mais il faut aussi entendre AU-DEDANS DE SOI une belle manière de chanter : sans le dedans, le dehors ne fera jamais rien »…. Il est membre du Garrick Club. 31 octobre. Fin de lettre de GW : « je meurs d’envie de te revoir, de causer avec le vieux »… Plus la minute d’une lettre de GW au sculpteur Franceschi (26.IV.72).
•1873. Londres 1er mars. Il a terminé Blessed is the man. Il gronde GW qui a oublié d’envoyer des billets de faveur aux éditeurs de Biondina. Il est allé chez les Carpeaux. Il corrige les épreuves de la Messe Angeli Custodes… 2 mars. Il est malade de perdre son temps. Il a fait travailler les chœurs : Requiem, Kyrie et la Messe Angeli Custodes :
« ils ont été enchantés ». Il retousse. 3 mars. Il a chanté If thou art sleeping et Blessed is the man. 4 mars. Il parle du manuscrit d’orchestre de Faust, dont onze morceaux ont été coupés. Correction d’épreuves. 4 mars. Le chœur travaille beaucoup la messe
« comme des anges » ! Chosssss [Zaffira] a promis d’apporter l’épilogue de Biondina. Il a recommencé le Miserere. Seulement 6 ou 7 élèves ce matin ! « Quel noble empressement ! Quel amour de l’art ! »… 5 mars. Chosssss n’est pas venu. Il retrouve son équilibre dans le calme, et il aime mieux le travail que les visites : « il me semble que le ciel s’illumine tout d’un coup et que j’entends des voix qui me chantent ce que je dois écrire »… 11 juin. Il doit écrire l’article pour Heugel sur les chefs d’orchestre. 12 juin. GW prépare son pamphlet contre Gye. 16 juin. Il refuse tous concerts en dehors de Tavistock. Il travaille à Polyeucte. – GW (sur le programme impr. du concert du 19 juin) : Le concert de Birmingham est assuré. Blackheath 17 juin. Il la remercie d’avoir pensé à son anniversaire. En dehors des concerts Tavistock, il ne veut rien accepter. 19 juin. Il ne veut plus d’invitations, qui lui font perdre son temps, « et le temps perdu c’est pour moi de la santé perdue. […] Quel assassinat que les politesses ! » 20 juin. Il voudrait avoir fini Jeanne d’Arc. 6 novembre. Il imagine l’arrivée à Paris de la « pphôvre hmee-hmee » et compatit à sa fatigue. La première de Jeanne d’Arc est remise ; et on a fait des changements, stupides et absurdes, en changeant l’ordre des morceaux : « Je veux que ma musique soit jouée où elle est ». Il a fini le Menuet pour la Reine et l’envoie à Balmoral. Liste de choses à prendre chez lui rue de Larochefoucauld, dont la partition de Rédemption, et le livret de Polyeucte. Paris 6 novembre. GW : la police fait une enquête : « on te fait un crime de recevoir Jules Vallès etc. » La police française les surveille : « qqun nous guette, mais est-ce la police ? Je crois plutôt au chien de faïence. […] La question pour toi est d’avoir la paix et de ne pas perdre tes jours et tes nuits dans des fureurs ! Et de pouvoir travailler à côté de personnes avec qui tu fais ce que tu veux et qui sont un repos et un calme pour ton cœur et ta tête »… 7 novembre. Il lui envoie des musiques pour son concert. Il sait qu’il y a longtemps que la police est à ses trousses :
« Je me moque de la Police et de son train ; et je verrai qui je veux, […] et je les envoie aux cinq cent mille diables, eux et tout ce qui leur ressemble, et tous les mouchards, espions et pions de la terre ! ». Il donne à GW des autorisations pour voir ses enfants Jean et Jeanne. Goddard lui ayant reproché certains accords, CG a répondu : « n’ayez jamais peur de mes accords : ils paraissent singuliers, mais je défie qui que ce soit de les condamner : je les connais et ils me connaissent ». 8 novembre. Il fait répéter Abraham’s Request au Crystal Palace. 9 novembre. Il est malade : maux d’entrailles, tête faible, cauchemars... La Reine ne veut pas se mêler d’Albert Hall mais elle accepte la dédicace [de Rédemption], le patronage, et l’exécution à Windsor. Zaffira est venu. Succès d’Abraham’s Request. Réaction à ce que GW lui dit de Jeanne d’Arc : « quel Calvaire que l’Idéal ! et quel autre Calvaire que le réel pour ceux qui vivent avec l’Idéal ! »…
•1874. [C’est la dernière année du séjour de Gounod en Angleterre. Elle est marquée par la fatigue nerveuse et la dépression. Le 8 juin, ses amis viendront le chercher pour le ramener en France.] Hastings 12 février. CG à sa « chère petite Ratonne ». Il prépare le concert, à la grâce de Dieu, en faisant le copiste ; son métier en souffre. Il est à l’hôtel avec Harry Weldon (qui conclut la lettre). 13 février. Il a fini ses corrections « dans le paradis de l’abrutissement ». Il se soigne, et cuit dans son jus. Harry Weldon termine en donnant des nouvelles de CG « the M. of G. »… Londres 26 février. Il va mal, retousse de plus belle. « George Dandin m’occupe beaucoup, et quoique ce soit très intéressant, c’est quelquefois très difficile de donner à la prose une construction musicale, qui ait de la symétrie et de la régularité rhythmique »… C’est leur anniversaire : ce 26 février au soir,
« à 11 heures, il y aura trois ans que je t’ai vue pour la première fois. Trois ans ! déjà ! et d’un autre côté, il me semble qu’il y a toute une vie que je te connais ». Il va au théâtre avec Harry. Il a du mal à faire travailler son chœur. « Oh ! la musique ! quel art !!! oui : mais quel satané métier ! »… 27 février. GW « Hmee Hmee » au « vieux Minet ». Il ne doit plus rester tout l’hiver à Londres. 27 février. Longue lettre sur l’avancement de George Dandin ; il tousse et transpire. St Leonard’s on Sea 10 mars. Il travaille à George Dandin, et a commencé sa Messe instrumentale : « Bonne combinaison ; très neuve, qui n’a pas de précédents : excellente chose pour concerts ou festivals : orchestre seul ; pas d’ennui de chœurs ni de solistes : fameux ! […] l’idée fondamentale est symphonique »… 11 mars. Il travaille. « Ah ! si je guéris, tu verras comme nous ferons de belles choses ! Je sens qu’il peut y avoir encore tant de soleil dans mon âme ! » 13 mars. CG : « C’est odieux le tems que cela prend d’obéir à sa santé !!! Il a fini le Kyrie de sa Messe instrumentale. – GW : elle a essayé l’Hymne, « très, très jolie ! »… 17 mars. Il travaille à George Dandin : déjà 8 morceaux sur 17. Le bénéfice de son séjour est lent à se faire sentir. En rentrant à Londres, il fera la répétition avec sa chère Mimi, et lui fera travailler le nouvel Ave verum. 28 mai. GW : Goddard se rend sans plus murmurer. Elle parle du « pauvre Carpeaux, et le buste ! »… 1er juin. Il se sent mieux, mais a une grande fatigue. Il écrit « un livre sur le surnaturel ». 2 juin. Il a corrigé The Sea of Galilee, et ne va pas beauçoup mieux. Il a fait une chanson sur Say, watchman… – GW : elle a chanté Ilala. – H. Clarke « n’accompagne pas si bien que Charlie ! » Elle a fait imprimer des notices pour annoncer que CG est malade. 3 juin : liste par CG d’objets : Molière, cahier de papier à musique, crucifix…4 juin. CG : mauvaise nuit ; tête fatiguée et creuse ; lassitude des membres ; moments d’abattement et d’anéantissement, malgré les promenades. – GW est peinée de l’état de son « pauvre petit Vieux », et meurt d’envie de le revoir. 8 juin. Mot d’adieu de CG, le
« jour de la naissance de Jean » : « Ma fille chérie j’ai été si malheureux de ne pas te voir hier avec Harry, tu m’as promis que tu viendras me voir bientôt en France je compte bien sur ta promesse, et que tu iras tout à fait bien et que moi je vais tout à fait reposer ma pauvre tête qui est bien fatiguée et énervée. Je te laisse comme à une chère petite mère le soin de tout ce qui concerne la direction de mes affaires comme si j’étais près de toi. J’espère encore que je te verrai peut-être ici un moment ce matin. Gaston ou Édith va m’emmener tout de suite à Morainville […] Je t’envoie la clé de mon tiroir à argent. Je t’embrasse bien fort comme je t’aime ainsi que Harry et je serai si heureux de te revoir ! Ton vieux Hmee ». Un télégramme annonce qu’il est bien arrivé. 9 juin. CG : « j’espère que Dieu me fera la grâce que tu ne doutes jamais comme mon cœur est à toi et comme je suis sûr que le tien est dévoué à moi, à ma vie, à mon art, aux intérêts d’une gloire à laquelle tu sais bien que je n’attache rien de personnel, mais seulement de l’idéal que je sers »… Sa nature nerveuse est fatiguée. Il se sent coupable d’avoir été insupportable aux Weldon. Il reste tout dévoué à « ta grande et belle et transparente nature de diamant ». Ils se reverront bientôt : « la Providence qui tient le fil de tout, nous tient tous deux inséparables par la main ». Il est à Paris incognito chez les Beaucourt, mais officiellement à Morainville. 10 juin. Le Dr Noël le soigne et le Dr Blanche vient le visiter. Il tient à l’incognito pour éviter des orages familiaux : « rien ne me ferait aller où était jadis mon chez moi, et qui n’existe plus que chez mes fidèles amis aujourd’hui ». Il prie GW de lui envoyer « les pages d’introductions de mon livre » [Autobiographie]. – GW : « Nous sommes comme ton petit père et ta petite mère et nous pensons toute la journée à notre petit poussin ». Elle évoque les circonstances du départ de CG, et l’attitude de Gaston (de Beaucourt) qui lui a interdit d’entrer dans sa chambre : « tu ne voulais pas qu’on t’emmène »…– Colère contre « le méchant chien de faience » (Anna Gounod) : « Si la clique est si forte ici contre nous c’est grâce à elle C’est elle qui leur a fourni le poignard du scandale pour nous assassiner, et c’est ce qu’on dit sur nous, que tu es mon amant et qui est la pire chose de toutes ». Qu’il ne s’inquiète pas des questions d’affaires. Il devrait se débarrasser d’Anna en lui faisant une rente. « Si tu restes à Paris, je tombe malade ». Elle évoque le projet de livre autobiographique… 11 juin. CG, évoquant le programme de l’été, et le projet de festival à Liverpool. 12 juin. GW s’inquiète de la santé du « petit Vieux », et craint qu’il ne retombe dans les griffes de la famille…. 13 juin. CG : l’avenir est encore incertain : « La Providence me roule dans les incertitudes. […] Ma vie personnelle, artistique, publique, a été désarçonnée par la lassitude (physique et morale comme tu dis), et je crois que, pour me ravoir il me faut une période de repos absolu »… 13 juin. CG parle longuement de Jean, qui dont il se sent responsable. « Tu es trop ma mère pour ne pas entendre mes cris et mes angoisses de père ». Il n’a vu ni sa fille ni sa femme. « Je ne me sens plus la force d’endurer le supplice de l’interprétation de mes œuvres »... Il lui est impossible de reprendre la vie publique. Son désaccord avec Goddard. 14 juin. CG : « J’ai prié pour NOUS tout le tems de la messe »... 16-19 juin. Longues lettres de GW, qui ne peut se passer de son Vieux, à qui elle a tout sacrifié … Goddard est en train de le voler… Paris 19 juin. Longue lettre de CG, répondant point par point aux reproches de GW : « si je n’ai pas toujours partagé et approuvé tes vues et ta manière de les faire triompher, j’ai au moins sacrifié de toutes mes forces, jusqu’au bout, mes observations à tes convictions et à tes plans de campagne […] je ne me sens plus capable d’affronter ni de risquer ». Il veut renoncer à toute vie personnelle ou publique pour se consacrer à son fils. Il a vu sa fille Jeanne, mais non sa femme : « Anna a dit à Jean qu’elle trouvait bien dur d’être privée de venir me voir et d’être exclue quand je recevais mes enfants : la pauvre femme doit bien savoir que ce n’est pas moi qui l’exclus, puisque j’ai imploré à mains jointes depuis trois ans sa présence à Londres qui lui aurait été si facile et un moyen si simple de tout remettre en place. Et puis, j’ai pour principe que quand on sait tout ce qu’il y a à souffrir dans certaines situations, et tout ce qu’on en a souffert, c’est s’exposer inévitablement à le souffrir encore que d’y rentrer. Malgré les protestations, les serments, les résolutions, au bout de 24 heures les tempêtes passées redeviendront les tempêtes présentes par les allusions, les reproches, les mots à double sens, les sous- entendus, les récriminations de toute sorte. Ce qui est devenu Enfer ne peut pas redevenir Paradis : il n’y a que les Purgatoires qui puissent cesser ! » Le Dr Blanche s’est chargé d’une mission de réconciliation ; les plaintes d’Anna viennent essentiellement « de l’ascendant absolu et sans réplique que je t’avais laissé prendre dans le maniement de mes affaires, et que c’était là le cri de l’opinion publique […] le grand reproche, ce sont nos “batailles de gens d’affaires” »…Gounod se doit à son fils. Puis il revient sur l’affaire Goddard, s’interrogeant sur la menace de GW : « Tu perdras tout ! »… 19 juin. GW lui renvoie ses dernières lettres, contenant les propositions de Goddard, déchirées en petits morceaux (recollés par CG, avec une note explicative). Longue lettre pleine de rage et de reproches. 20 juin. CG répond avec tristesse à la lettre « mitrailleuse » et « meurtrière » de GW, en déplorant ses termes odieux : « Ma confiance en ton dévouement elle est ton droit et mon devoir, mais non jusqu’à la déclaration de ton infaillibilité et de mon obéissance passive »… – CG est révolté par un article de l’Athenæum, et cet acharnement contre lui. – Lettre de Harry Weldon, soutenant sa femme, tâchant d’attendrir CG, non sans une pointe de chantage dans l’affaire Goddard, en laissant entendre qu’il aurait un droit de propriété. 1er juin. CG est indigné du comportement de GW et son mari. Il décortique l’affaire Goddard et le traité : « Goddard m’a paru craindre que tu te serves contre lui de la Shedule que tu m’as fait faire à Harry, comme d’un document qui vous rend possesseurs et propriétaires de mes œuvres ! », alors qu’il s’agissait d’un moyen de sauvegarde, en cas de tentative de saisie par Littleton. Il met en garde contre un usage abusif de ce document... 22 juin. CG : leurs lettres lui ont causé un « profond et amer chagrin » ; il réclame la paix et la tranquillité, après les luttes de ces dernières années…. 23 juin. GW est plus douce : « tu me reviendras »… 24 juin. CG ne supporte pas les injures de GW qui le traite d’imbécile avare. Il rappelle tout ce qu’il lui a donné : Ilala, le manuscrit d’orchestre de Jeanne d’Arc : « J’ai le cœur abîmé, écrasé ! »… 27 juin. CG redit sa tristesse après les lettres de GW. Liste d’objets qu’il réclame (boîte de peinture, paquets de lettres reçues, répertoire alphabétique de ses morceaux). 29 juin. GW est outrée par la demande par CG de ses affaires via l’Ambassade, infâme conseil de ses amis de Beaucourt, revenant sur leur responsabilité dans le départ de CG, et sur l’affaire Goddard. Au lieu d’être sa maîtresse par amour, on dit qu’elle l’était par intérêt. « Maintenant, puisque tu n’as pas préféré mourir chez nous, (ce qui était ton devoir, au lieu de faire ce que tu as fait !) je te supplie au moins de m’épargner l’humiliation de m’ôter le management de tes affaires en Angleterre »… Autres menaces (Gounod a annoté la lettre). 30 juin. CG ne répond d’abord que sur la demande des objets, et s’en justifie. Il a toujours eu une confiance aveugle et absolue en l’intégrité de sa « chère fille ». – Une longue lettre de 19 pages répond ensuite point par point aux reproches de GW, notamment sur son fils Jean, l’affaire Goddard, l’éventualité de lui retirer le management de ses affaires, la « shedule » qu’elle lui a fait signer, etc. Quant à lui, sa vie publique est terminée : « Ma vie maintenant, c’est une retraite, c’est une cellule dont voici la règle. 1. Recueillement, vie de l’âme ; 2. Intimité, vie du cœur ; 3. Travail, vie de l’intelligence ». Sa vie devient posthume. On ne jouera plus aucune œuvre nouvelle de lui de son vivant. Il espère cependant pouvoir terminer avant sa mort Polyeucte, « œuvre d’art apostolique »... 3 juillet. CG : « Je ne suis pas en état de prendre une part personnelle aux conférences et aux débats d’affaires ». Il a donné tous pouvoirs à son avoué Delacourtie. 5 juillet. CG réexplique encore une fois à GW qu’il lui garde sa confiance. Il réclame ses affaires. 7 juillet. Il revient sur le malentendu concernant un arrangement avec elle. Il ne veut pas la guerre, mais un arrangement définitif. Ses paroles le rendent bien malheureux... 8 et 9 juillet. 2 lettres de Harry Weldon : Taylor, leur avocat, a compris de Delacourtie que Gounod irait devant les tribunaux pour récupérer ses manuscrits. Il doit accepter la proposition d’arrangement, sinon Georgina en perdra la tête. Il propose une confrontation générale à Paris, pour arriver à un accord alors que les points de vue sont très éloignés. – GW presse CG de donner pouvoir à Taylor pour arranger l’affaire Goddard irrévocablement. Quant à la menace de procès, elle l’avertit qu’il en supportera la honte et les frais : « ta pauvre tête est dans un état déplorable. […] mais j’ai ma vengeance ». Et elle menace de brûler les manuscrits de Polyeucte, George Dandin, l’Annonciation, etc. Paris 10 juillet. GW reproche à CG de n’être pas venu à la confrontation : « Tu te repentiras bien amèrement et douloureusement de la manière dont tu récompenses notre dévouement »… Righi 18 juillet. GW pense que son « petit Vieux » est ensorcelé. Elle raconte comment elle a retiré Polyeucte de la chambre forte, pour le mettre en sûreté ; elle peut le détruire à tout moment ou le jeter à la mer ou le brûler avant d’en renvoyer les débris « pour que tu sois bien sûr que c’est vrai. » C’est Dieu qui la guide… 1er août. Elle a le pouvoir de détruire tous ses manuscrits : « ce qui me fait vivre, c’est l’espérance que je te suis odieuse »… 5 août. Folle jalousie de GW, accusant CG d’avoir eu un fils d’une liaison avec la cantatrice Mme Charton-Demeur…. Elle pose sa condition pour rendre les manuscrits : « Tu viendras gentilment me faire une visite. […] Tu es en mon pouvoir, Dieu merci pour toi »… [CG annote la lettre]. D’autres lettres suivent, usant de la tendresse ou de la menace…. Elle va devoir lui faire un procès ; elle témoignera, et CG sera déhonoré à la face de l’Europe. 14 septembre : elle fait la liste des manuscrits qu’elle va jeter à la mer. Autres lettres de reproches et de menaces…. 10 octobre. Dernière lettre de CG, en anglais, réclamant « my own works, my manuscripts »…
▬Au dos, On joint un gros dossier sur le contentieux Weldon-Gounod et la récupération des manuscrits, comprenant :
•A La copie par Gounod d’une lettre de GW à Karl Batz (10 août 1875) : elle lui propose d’être son agent, elle va publier l’Autobiographie de Charles Gounod, complétée de 125 lettres de Gounod, sa femme, Barbier, etc. ; – une note en partie autogr. de CG : « Conditions mises par Mme W. à la restitution de mes manuscrits, propriétés, etc. et communiquées à moi par Mr Ch. Read de la part de Mr Gérard, éditeur de musique » ; – minute par CG de sa plainte au Procureur de la République (avec le brouillon par l’avoué Delacourtie), en apprenant que ses manuscrits sont à Paris ; – minute de lettre de GW, 5 juillet 1875, racontant que la mère de CG lui est apparue en rêve pour lui dire de rendre le manuscrit de Polyeucte (plus un fragment de lettre, et un brouillon inachevé, et une lettre de Schmidtcken à GW,11 août 1875, sur ses affaires avec CG) ; – note de CG sur le caractère de son fils Jean, annotée par GW (1 p.) ; brouillon de GW, projet d’un démenti à insérer dans les journaux, annoté par CG (1 p.).
•B. Manuscrits autographes de GOUNOD : – chemise-titre du dossier de la « Conspiration
W. » ; memorandum sur l’attitude des Weldon pendant son séjour en Angleterre (29 p.), avec rappel détaillé des faits classés sous les rubriques : - Exploitation, - Confiscations et accaparement, - Séquestration : emprisonnement, - Stratagèmes et pièges, - Insinuations (suppositions, prétextes, allégations de faits imaginaires ou controuvés, excuses, faux fuyants), menaces de destruction de mes œuvres et d’objets ou ms m’appartenant, - Mensonges (sincérités fallacieuses. Dévouements affectés et simulés), - Contradictions, - Duperies et mystifications, - Cynismes (Expédients : maximes et professions de foi),
- Renseignements privés sur leur caractère et leur moralité ; – Notes explicatives, pièce n° 1 (12 p., sur l’affaire de le « Shedule » avec sa copie) ;– Traduction de la Cédule, pièce n° 1 bis (4 p.) ; – Introduction à la relation de la conspiration, pièce n° 2 (19 p.) ; – Observations relatives à la valeur soit légale, soit morale de la cédule, pièce n° 3 (20 p.) ;– Questions, pièce n° 4 (suite de 18 questions et réponses sur le comportement des Weldon, 8 p.) ; – 2 feuillets de notes de travail ; et note au crayon concernant sa correspondance avec GW.
•C. Notes et manuscrits de Georgina WELDON pour ses publications sur Gounod, notes sur les lettres et documents qu’elle va publier (47 p.) ; memorandum a.s. de GW à son mari, qu’elle traite de « vieille bourrique », 13-155 juillet 1882, résumant tous ses griefs en 34 rubriques, notamment dans l’affaire Gounod (14 p.). Plus 4 plaquettes impr., dont Mon orphelinat et Gounod en Angleterre, 2e partie : Les Affaires par GW, The Quarrel of the Royal Albert Hall Company with M. Ch. Gounod (Windsor, 1873), et The Truth about Mrs. Weldon… de F.G. Stevens (Leicester, 1886) ; et des coupures de presse.
D. Correspondances et documents entre Me Julien Bruneau, notaire à Gonesse, Jeanne de Lassus (fille de Gounod) et Pierre Gounod (petit-fils de CG), sur la négociation pour récupérer en 1925 les manuscrits restés entre les mains de GW ; avec des listes de manuscrits de la main de GW, et une liste par Gounod des « morceaux composés à Londres du 21 Xbre 1871 au 2 février 1872 ».
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