Lot n° 130

MARDRUS Joseph-Charles (1868-1949) médecin et orientalisteTraducteur des Mille et une nuits. L.S. « J. Mardrus », Paris 5 juillet 1941, à un ami journaliste ; 1 page et demie in-4 dactylographiée. Sur la situation en 1941. En réponse à son...

Estimation : 80 - 100
Adjudication : 105 €
Description
correspondant, Mardrus dit avoir « toujours pressenti la fatalité de vos situations successives telles que les provoque ce constant décalage d'une sensibilité à la recherche de sa propre justification ». Et sa vision est bousculée par le « choc spontané de l'actualité », et on est parfois condamné à certains compromis, comme en témoignent ses derniers articles : « Vos appréciations sur “Le goût du courage”, sur la nécessité de redevenir “une insolente nation”, votre effort pour incliner le public vers une attitude dépouillée, une attitude forte, témoignent d'une justesse dans le tempérament, mais je leur trouve un accent quelque peu passé. Cela évoque le grand siècle. Le rythme de ces grandeurs n'est pas en consonnance avec le rythme de grandeur que nos jours doivent créer. [...] Et pourtant ce que vous dites est ESSENTIEL. C'est même l'ESSENTIEL. Je ne connais pas beaucoup d'écrivains qui sentent cela. Et j'eusse voulu, au cours d'une rencontre, vous permettre de mieux pénétrer le rythme de l'angoisse et le rythme du plaisir tels que les ressentent les gens de maintenant. Il y a des choses à cerner et à dire que personne encore n'a su cerner et dire. Et si courantes, si graves. J'eusse voulu vous indiquer des pistes. Depuis dix ans et plus, j'ai eu l'occasion de vivre tant d'interférences que me voici à la croisée de multiples sensibilités ». Il propose une rencontre avec Otto ABETZ, pour mieux capter « les éléments d'une vision grouillante de complexités. Les problèmes auxquels nous nous attaquons n'ont d'actuel que l'apparence. Mais une apparence singulièrement difficile. Et c'est le conflit inéluctable de l'homme avec lui-même qu'ils exaltent. Cette Europe, cet européen dont les plumitifs vantent la qualité, pourquoi les émasculent-ils ? Il faudrait enfin dresser des images dans notre langue française et donner l'intelligence excitante de la tâche qui s'accomplira, bon gré mal gré »...
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