Lot n° 124

Cosima WAGNER (1837-1930) fille de Liszt et de Marie d’Agoult, femme de Richard Wagner : L.A.S. « votre petit Pourquoi », [Berlin mi-novembre 1858], à « cher mimi » [Marie d’AGOULT] ; 6 pages in-8. Longue lettre à sa mère.
Elle...

Estimation : 500 - 700
Adjudication : 2 048 €
Description
parle d’abord de divers ouvrages qu’elle a commandés, dont les Sabines de Paul HEYSE, qu’elle traduira peut-être. Elle est plongée « dans les eaux tranquilles et fortifiantes » du théologien anglais Theodore PARKER, « l’unitairien, qui du haut de la chaire dit calmement, que le mystère de la Trinité, la naissance miraculeuse du Messie sont des absurdités, que la science est à l’esprit ce que la tempérance est au corps, qu’elle lui confère la beauté, la force et la santé, que les institutions doivent être dépendantes de l’homme et jamais l’homme, dépendant de ces institutions, et qui nomme en même temps Jésus Christ, Bouddha, Mahomet Platon et Zoroastre ! Son sermon sur la recherche de la vérité est le plus beau, selon moi, il y soutient que chaque progrès accompli dans la science est une des étapes de notre pèlerinage vers Dieu, et que tout philosophe ou tout mathématicien, lors même qu’il a nié l’être suprême, ne l’a fait que pour protester contre le faux Dieu qu’on lui ordonnait d’adorer, et qu’il a reconnu le vrai créateur malgré lui par ses actes et ses découvertes »… Puis elle évoque la « visite de famille » de la Reine Victoria à Berlin, les prochaines élections, et la nomination à la direction des Cultes de Bethmann-Hollweg, « homme très éclairé et très tolérant », de Charles Dollfus. Elle ne vient à « madame Mélusine qui m’a volé plusieurs nuits, en vilaine fée qu’elle est. D’abord Tieck et Schwab sont de grossiers Allemands, qui n’imaginent rien de mieux que de vous conter de prime abord le mariage de la syrène, et puis les naissances consécutives de 10 enfants, dont ils détaillent les vies et les aventures, pour terminer en deux lignes, et dire tout crûment qu’un samedi Raymond a découvert Mélusine dans son bain, qu’elle l’a appris, et qu’elle s’est séparée de lui à jamais. Vous pouvez vous figurer ma colère à la lecture de ces récits dont il n’y a à prendre que la description du mariage dans la forêt enchantée, parce qu’elle est faite avec beaucoup de charme d’imagination, et une grande poésie de détails ». Elle raconte alors trois aventures de Mélusine qu’elle a imaginées. Puis elle en vient au Faust de GOETHE, et au livre de Dinger indiquant « toutes les sources où le g[ran]d poëte a puisé ». Son mari, Hans von BULOW, « le petit chat-tigre », vient de « composer pour le concerto en sol de B[eethoven] une cadence que je trouve fort ingénieuse et fort belle ». Elle ajoute que WAGNER est à Venise : « Son Rienzi a fait furore à Dresde ».
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