Lot n° 125

Cosima WAGNER. 2 L.A.S. « Cose » et « Cosi », [1862], à son « petit Clairon » [sa demi-sœur Claire de CHARNACÉ] ; 4 pages in-8 à son chiffre couronné chacune, remplies d’une petite écriture. Jeudi matin [13 février]. Elle est...

Estimation : 500 - 600
Adjudication : 1 408 €
Description
au château de Löwenberg en Silésie, chez le Prince HOHENZOLLERN HECHINGEN, « notre mécène, chez lequel on mène une vie de cocagne, faite de musique, de liberté, d’amabilité, et d’animation. Les concerts succèdent aux répétitions, qui sont elles aussi des concerts car on y répète souvent tout autre chose que ce qui sera exécuté devant le public ; le Pce est le premier individu après moi auquel j’ai vu aimer et comprendre la musique, comme moi il n’aime vraiment que cela et s’y entend j’allais dire comme moi, mais je suis modeste ! Les 24 concerts qu’il offre dans sa charmante salle aux gens de la ville et des environs sont composés d’œuvres excellentes et comprennent toute la musique sans exclusion du passé ni du présent ou de l’avenir si vous aimez mieux », notamment Harold en Italie de Berlioz ». Puis elle rentrera à Berlin, où « la vie n’est que tohu-bohu » ; elle a pu cependant écrire quelques pages pour « maman germanique »[la Revue germanique]. Sur la situation politique : « Voilà la Prusse mise au pied du mur c’est-à-dire obligée de prendre un parti, pour ma part je trouve cette crise fort heureuse et si je ne me trompe elle pourrait amener un revirement très favorable à la Prusse, mais je crains qu’ici on ne tourne encore la difficulté et qu’au lieu de se déclarer définitivement on ne patauge encore dans les demi-mesures. Cependant la scission avec l’Autriche est imminente, et peut-être la question vénitienne gagne-t-elle le large par ce conflit qui préoccupe et alarme tout le monde ici. Selon moi il ne reste plus à la Prusse qu’à faire appel au peuple d’Allemagne, à se maintenir vis-à-vis de l’Autriche soutenue par les quatre royaumes et plusieurs principautés, à l’aide du patriotisme, de représenter en un mot la force libérale contre la force autocratique »… Elle est persuadée que « Rome demeurera à Rome », et que la papauté résistera aux attaques et gardera son autorité. » Voilà bien longtemps que je n’ai de nouvelles de WAGNER ; je doute qu’il se rendît à l’invitation de maman, quand il travaille il a besoin d’un repos absolu, et la conversation de salon lui est en général antipathique »...
[Berlin] 29 avril. Elle commente avec envie la vie parisienne et ses spectacles : « je vois que vous vous amusez tandis que dans nos parages nous nous instruisons, nous améliorons, et nous ennuyons, et j’en tire des conclusions complexes qui vont à l’avantage de l’Allemagne mais n’entament pas ma prédilection pour la France tant les raisonnements et les considérants sont étrangers à l’amour ». Ni elle, ni Claire ne feront de vieux os : « je suis aussi décidée que vous à mourir tout entière, c’est-à-dire à ne pas laisser s’éteindre à la queue leu leu cœur, esprit, raison, j’aimerai jusqu’à mon dernier souffle, jusqu’à mon dernier souffle je m’illusionnerai ». Leur mère [Marie d’AGOULT] annonce sa venue en Allemagne, « sans me témoigner le moindre plaisir de ce prochain revoir, j’avoue être assez naïve encore, assez banale, assez attachée aux formes surannées de la tendresse pour avoir été stupéfaite d’abord puis attristée »… Puis elle parle de sa sœur Blandine [OLLIVIER] qui vient d’accoucher. Elle a lu la Vie de Jésus de RENAN et se montre assez critique, mais elle admire la figure de Mgr Myriel dans les Misérables de Victor HUGO. Elle a relu le Second Faust « avec plus d’ardeur et de contentement que jamais »….
On joint une fin de L.A.S., [Berlin mai 1861], où elle commente La Mer de MICHELET, et le procès du banquier Mirès.
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