Lot n° 242

Octave MIRBEAU (1848-1917). Manuscrit autographe signé, âmes de guerre, [septembre 1904] ; 2 pages in-4 et demi-page oblong in-8. Vibrant article pour dénoncer la non-intervention dans la guerre russo-japonaise, paru dans L’Humanité du 25...

Estimation : 400 - 500
Adjudication : 512 €
Description
septembre 1904. Il ne peut détacher sa pensée de « cette Mandchourie lugubre et douloureuse, où s’accomplit, se poursuit, avec l’assentiment de l’Europe, sous la sauvegarde du monde civilisé, et, en quelque sorte, sous sa bénédiction, un des plus abominables crimes de l’humanité »… Mirbeau ironise sur la désinvolture de ses compatriotes, épris de plaisirs et réfractaires à une intervention dans un conflit engagé par leurs alliés, ceux qui voudraient attendre la victoire complète de la Russie, et qui dénigrent les victoires « théoriques, purement métaphysiques » du Japon. « Attendons deux, cinq, dix vingt années, s’il le faut… On continuera de se massacrer là-bas… Mais nous, qu’est-ce que nous risquons ?.. La vie est bonne, nos restaurants sont toujours les premiers du monde… Il y a toujours les plus jolies filles dans les théâtres de Paris »… On regarde les deux peuples se battre comme on observerait une rixe sur la voie publique : « n’intervenons que lorsque l’un d’eux sera mort… C’est, d’ailleurs, la véritable doctrine de la diplomatie. Voyez comme elle agit avec les Arméniens !.. Elle aussi, pour intervenir dans ces horribles massacres, attend que le dernier Arménien soit tué ! […] Enfin, alliés, non du peuple russe dont les douleurs infinies, comme celles de tous les peuples, d’ailleurs, nous sont absolument indifférentes, mais alliés du tzar, dont la gloire seule nous importe, ne soyons pas moins fidèlement tzaristes que lui, qui a prononcé, récemment, cette parole héroïque et merveilleuse : “Tant qu’il me restera un homme et un rouble, je ne céderai pas !”… Car les hommes appartiennent au tzar, n’est-ce pas ? […] Et quand, après des années de tueries et d’égorgements, les pauvres diables, échappés au massacre, rentreront dans leurs foyers, le tzar et le mikado sauront leur rappeler un respect de la propriété et de la vie humaine »…
Partager